S’il est une actualité qui défraie la chronique ces derniers jours, c’est bien celle relative aux migrants clandestins qui ont perdu la vie dans la Méditerranée, dans leur tentative de rejoindre l’El Dorado que constituerait l’occident. Il n’en fallait pas plus pour sortir l’Abbé Arnaud Eric Aguénounon de sa réserve.
Le Père Directeur de l’Institut des artisans de justice et de paix (lajp)-Chant d’oiseau de Cotonou est loin d’imaginer que le Bénin serait compté un jour parmi les pays dont les fils et filles s’illustrent dans ce périlleux voyage. Attribuant cet état de choses à la misère ambiante dans laquelle végètent les populations, l’homme de Dieu interpelle la conscience de tous, en particulier celle des gouvernants à l’effet de redonner espoir à la jeunesse pour une vie meilleure.
Suivez son opinion sur le sujet.
Plusieurs personnes m’ont interpellé, d’autres sont venus à l’IAJP pour relever notre silence sur la question pendant que notre thème d’année s’illustre à travers ce sinistre humain. Ces compatriotes-là ont raison d’interpeller l’IAJP qui consacre ses réflexions de cette année 2024 à l’Afrique au carrefour d’un thème très significatif : « la coopération internationale et les défis contemporains en Afrique ». Nous sommes au second trimestre de nos activités et nous voilà confrontés à la réalité concrète d’un des maux que nos mots présents ne peuvent exprimer à la hauteur de la tragédie désespérante. Ce débilitant tournant existentiel est la conséquence honteuse d’un dernier espoir déchu.
Pour prendre le chemin périlleux de cette malheureuse seconde mort, c’est qu’il y avait déjà eu un premier décès social dû à l’effroyable misère, à l’individualisme acide, à la faillite du système social étatique, s’il y en avait bien sûr, et à l’indifférence sismique d’un pouvoir central néo-libéral.
Moi qui pensais que mon pays, le Bénin, ne serait pas confronté à la catastrophe humaine de l’immigration clandestine empruntant les ravins escarpés de la mort pensant que l’Europe est l’île enchanteresse. Chacun de nous est interpellé… Quel genre de société construisons-nous aujourd’hui ? Quelle place ont le pain, la paix et la prairie dans le Bénin d’aujourd’hui ? Quelle priorité est accordée à la personne humaine, au travail décent, à la justice sociale, à l’équité et à l’éthique ? Le trop plein d’attention accordée à la cité de pierres crée une tension, une distorsion, et une altération au niveau de la fondation cité humaine dont la construction est déjà en soi sourcilleuse.
Thomas AZANMASSO