C’est un secret de Polichinelle que l’arrivée des juntes au pouvoir, par des coups de force, dans certains pays d’Afrique, est applaudi par nombre d’Africains. On se surprend à entendre des Africains, qui jurent être pourtant démocrates, se mettre à défendre ces coups d’Etat qui sont, selon eux, la seule solution à la navigation à vue, la corruption, le vol des élections, le mensonge, la manipulation des masses, des tares devenues système de gouvernance et qui sont l’apanage des civils à la tête de nos Etats. Pour eux, il est temps de mettre fin à tout cela, pour qu’enfin décolle l’Afrique.

Si on accorde du crédit à ce discours, les juntes au pouvoir devraient alors séduire par une certaine exemplarité dans la gouvernance, au point d’amener les plus sceptiques à mettre du bémol dans leur critique contre les régimes militaires. On est tous d’accord pour reconnaître que cela est loin d’être le cas.

La montée de tension entre le Bénin et le Niger donne l’occasion de constater qu’il peut arriver que les juntes utilisent les mêmes méthodes décriées chez les civils pour conforter leur pouvoir. Dire qu’il y a sur le sol béninois des terroristes entraînés pour aller déstabiliser le Niger, c’est tronqué la vérité. Ceci d’autant plus que la vidéo, qui sert d’alibi aux autorités nigériennes pour faire de telles allégations calomnieuses, a été déconstruite et son auteur a donné tous les détails qui prouvent que son reportage a été utilisé à desseins pour servir autre cause. Et cela, la junte ne peut ne pas savoir que la vidéo en question a été réalisée bien avant la survenue du putsch et qu’il n’est nullement question d’une base militaire français sur le sol béninois, encore moins d’une base arrière pour entrainer les terroristes à attaque le Niger.

Mais tant qu’utiliser une telle vidéo sert la cause, montrer au peuple nigérien que le Bénin est leur ennemi, les militaires au pouvoir au Niger n’ont pas hésité. Conséquence, à Gaya, les populations sont descendues dans les rues pour soutenir la fermeture des frontières du côté nigérien. Que cette manifestation soit spontanée ou téléguidée, elle est la preuve d’une manipulation de masse pour atteindre un objectif. Les militaires au pouvoir peuvent donc aussi se servir d’armes non conventionnelles, rien que pour atteindre un résultat. En quoi sont-ils alors différents des civils démocratiquement élus mais qui usent de la ruse et de la rage pour se maintenir au pouvoir ?

M.M

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