Chaque année, le 11 mai se célèbre dans le monde entier en souvenir de cette grande étoile de la musique qui a été à la fois un puissant visionnaire, un penseur atypique, un défenseur de l’Afrique et un philosophe hors classe. Robert Nesta Marley, c’est de lui qu’il est question. Mais au-delà du caractère festif imprimé à la célébration qui lui est dédiée, les africains, compte tenu de l’état de déliquescence dans lequel se trouve leur terre sur tous les plans, ne doivent plus logiquement se réduire seulement à la réjouissance. Il y a un autre devoir qui les appelle, celui de l’exploitation à bon escient du grand rêve laissé par ce monsieur à travers ses morceaux.
Nombre de leaders et sachants Africains, à travers paroles et pensées, ont idéalisé la renaissance du continent noir entièrement paralysé par les vautours des autres continents. Ils ont profondément rêvé voir un continent africain, entre temps mis en lambeau et dévoré par les pilleurs, reprendre ses lettres de noblesse et se repositionner dans le concert des continents sur l’échiquier planétaire. Cependant, la plupart de leur visions et pensées restées juste une réalité de papier ou de discours vains prononcés lors de grandes manifestations publiques, n’ont pu véritablement s’éclore pour favoriser à l’Afrique un vent d’épanouissement et une pleine jouissance à l’image de ce qui s’observe sous d’autres cieux.
Alors que, parmi ces têtes pensantes et éclairées, Robert Nesta Marley que le monde entier connait sous le pseudonyme de ‘’Bob Marley’’ a quand même pu se faire sa place à travers ses chansons qui constituent aujourd’hui un véritable gisement patrimonial sur des questions prioritairement vitales. Pour la plupart du temps, il s’est constitué en un activiste immortel pour opiner sur les questions de la paix, de la fraternité et de l’unité en Afrique et dans le monde. Ses titres ‘’Africa Unit’’ et ‘’Get up stand up’’ en disent bien long. Le monde entier connaît ses prises de position sur les rapports de force qui tenaillent l’Afrique au milieu des autres continents et la question des droits de l’homme telle que c’est manipulé aujourd’hui au-dessus d’une Afrique agonisante et esseulée. En témoigne son morceau ‘’Redemption song’’. Et c’est même à juste titre, qu’on se plaît aujourd’hui à l’appeler ‘’Prophète’’. Parce qu’il a été, non seulement, un grenier de philosophies et de paroles de vie, mais également une pierre angulaire de l’histoire, qui pouvait servir de carburant pour le moteur du développement de l’Afrique.
Et pourquoi, quand on prend aujourd’hui l’initiative de commémorer cette vénérable mémoire, on se contente tristement d’organiser juste des soirées d’ambiance autour de l’alcool, du tabac et de la reprise de ses chansons et celles de ses alter ego comme feu Lucky Dube, Tiken Jah, Alpha Blondy. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi certes. Puisque cela remémore la chaleur d’antan et situe la jeune génération par rapport à l’image de l’icône. Cependant, il y a possibilité de mieux faire. La philosophie véhiculée et les différentes visions qu’il aura laissées pour la postérité, devraient désormais constituer le terreau fertile duquel doivent germer des projets allant dans le sens du développement et de la restauration de l’Afrique.
Qui dira mieux, si à cette occasion du 11 mai de chaque année, les pays africains organisent un gigantesque sommet de réflexions en mettant sur tapis des projets de développement durable et en prenant ensuite le soin d’aller puiser des idées dans les pensées du prophète et d’autres grosses figures de la pensée africaine ; les adjoindre afin de les concrétiser. L’autre piste plausible est que chaque pays africain, à cette occasion, peut prendre sur lui la responsabilité d’expérimenter au vrai sens du terme les paroles de vie léguées par l’artiste, au-delà de toute réjouissance. Au plan artistique, il est aussi possible de créer le conservatoire africain ‘’Robert Nesta Marley’’. Et ce conservatoire sera un vaste espace pluridisciplinaire où priorité sera donnée à la création artistique typiquement africain de tout genre. Ce sera aussi par ricochet une ébauche d’industrie culturelle créative africaine, bref le haut sommet de la créativité artistique et culturelle de l’Afrique. Seul gage pour le contient de s’imposer dans le concert des Nations sur la planète.
Teddy GANDIGBE
