Du 05 au 06 avril 2024, le Programme des Nations Unies pour le Développement à travers le Projet d’Appui au Renforcement de la Cohésion Sociale, à la Prévention de l’Extrémisme Violent et à la Lutte contre les conflits liés à la Transhumance a organisé à l’Union communale des coopératives villageoises des producteurs de Coton de Banikoara (Ucom-CVPC) des séances de sensibilisation des populations et jeunes de des leaders religieux sur la cohésion sociale, le vivre ensemble et la prévention de la radicalisation religieuse.. Ont pris part à ces séances, les leaders religieux, diverses associations socio professionnelles, les représentants des jeunes, des femmes, des conducteurs de taxi moto, les agents des services déconcentrés de l’Etat…Aux termes de ces séances de sensibilisation, certains participants ont livré leurs impressions.
ADEBAYO Abiboulaye (Imam de l’arrondissement de Sompérékou)
Je pense que c’est une nécessité pour nous de participer à cette séance qui nous parle du vivre ensemble de la paix. Etant musulman, chacun de nous doit être concerné parce que la religion musulmane prône la paix. Ces deux jours de séance sont venus à point nommé et sont d’une utilité capitale et cela va nous permettre de renforcer la coproduction de la paix dans la commune de Banikoara.
Nous tous qui sommes musulmans nous allons toujours prier pour les membres de ce projet afin que Dieu les aide et leur donne son esprit saint. Le saint coran dit qu’il faut respecter la parole de l’autorité. Si nous respections ce que le coran a dit, on ne devrait pas assister à l’extrémisme violent. A partir d’aujourd’hui, nous allons sensibiliser nos communautés à respecter l’autorité, les forces de sécurité et de défense, toutes les autorités. Une fois dans ma communauté, je serai un relai pour pourvoir expliquer à ceux qui ne sont pas venus ici, tout ce qui a été dit pour la prévention des conflits entre les fidèles. »
Bani SAMBO DJOBO (Chef des Peulh de Banikoara)
« Pour moi la rencontre était nécessaire parce qu’on n’a jamais la chance de rencontrer tout ce monde-là ensemble. Or ici, presque tous les religieux étaient là : les musulmans, les chrétiens, les protestants, les gens des religions endogènes, les jeunes, les conseillers, bref tout le monde.
Ce qui m’a enchanté plus, c’est que chacun a répondu à toutes les questions qu’on lui a posées, chacun a parlé des problèmes qu’il rencontre dans sa corporation. Je suis à la tête d’une communauté, celle des éleveurs peulhs de Banikoara. Les problèmes de conflits entre agriculteurs et éleveurs tout cela a été soulevé. Cela créait assez de problèmes, mais Dieu merci, avec toutes les associations, il n’y a plus de violence. Les gens essaient de régler les problèmes entre les associations. Et on a interdit de se rendre justice. A Banikoara dès qu’il y a un petit problème, les gens se rapprochent de leurs responsables qui règlent les problèmes sur place. Ce qui fait qu’il n’y a jamais eu d’affrontement à Banikoara pour les problèmes de religion. La séance a été une réussite. Je crois que la sensibilisation va continuer au niveau des villages et même au niveau des ménages pour qu’on puisse se comprendre. »
SAMBO Abdou Malick (Représentant des jeunes)
« En plus d’être nécessaire, cette séance de sensibilisation s’avère très utile. Puisque depuis un bon moment, on dit que la commune de Banikoara est dans une zone rouge. Cela veut dire qu’on est en danger ou nous-même on constitue le danger. Et quand les gens viennent vous expliquer tout ce qui concerne ce danger, comment l’éviter on ne peut que les remercier. A Banikoara, il y a des situations qui sont des sources de violence. Il y a les conflits domaniaux et aussi les conflits ethniques. Les gens ont encore du mal à s’accepter mais avec des sensibilisations comme celle qu’on a eu là, ça prend de recule. Il y a l’inactivité de la jeunesse qui pousse à l’insécurité.
Les maisons de jeunesse sont devenues des lieux de vente de boissons. Les seuls espaces d’épanouissement de la jeunesse c’est le stade et parfois le stade est fermé. Il n’y a pas d’espace aménagé et la jeunesse se livre à l’alcool frelaté. Etant sous le contrôle de l’alcool, ces jeunes deviennent des sources d’insécurité. A cela s’ajoute la fuite de responsabilité de certaines autorités et la corruption. On laisse le droit de côté pour appliquer autre chose. Ce qui crée des frustrations. La contrebande de l’essence aussi est un véritable problème à Banikoara. Des gens utilisent même cela pour régler des comptes avec ceux avec qui ils ont des problèmes et les indexant comme des colorateurs ou plus précisément de ravitailleurs des terroristes en carburant.
Vraiment au cours des deux jours de travaux que nous avons eus avec la délégation, sans vous mentir, en ce qui concerne la jeunesse, on a beaucoup appris puisque au-delà de nos savoirs en ce qui concerne la cohésion sociale , comment prévenir les conflits, il y a eu encore une sincère communication qui a permis à ce que cette jeunesse, qui se sentait un peu écartée face à la résolution des conflits, a compris les stratégies qu’il faut prendre maintenant pour se faire entendre et pour prévenir le danger en cas de nécessité. Je crois que le projet a fait œuvre utile en venant parler de la cohésion sociale, de la tolérance religieuse mais en a profité pour parler à toutes les couches de la société. Maintenant, c’est de continuer la sensibilisation. »
