La Banque Mondiale a récemment dévoilé 5 secteurs clés dans lesquels le continent africain doit émerger pour s’imposer dans les décennies à venir. Mais pour y arriver, que doivent faire les Etats africains ? l’Opposante en prison au Bénin, Reckya Madougou, a réfléchi sur la question. Voici son analyse sur les dispositions à prendre pour faire reculer le chômage et le sous-emploi massif.

Le 18 avril dernier, le président de la @Banquemondiale, Ajay Banga, levait un coin de voile sur 5 secteurs clé en Afrique. Dans sa déclaration, il a indiqué que l’avenir de l’Afrique repose sur :

l’énergie, l’infrastructure, l’agroalimentaire/sécurité alimentaire, le tourisme et la santé.

Cette annonce soulève des questions avant-gardistes relatives à nos stratégies nationales en Afrique. En effet, de telles conclusions d’études révélant les secteurs prioritaires actuels et futurs, devraient nous exhorter à la prospective. En l’occurrence, redéfinir nos curricula de formation et orienter des subventions en matière de recherches vers ces secteurs porteurs. De même que les entreprises exerçant dans ces périmètres méritent des programmes spéciaux de partenariat public-privé, afin d’en faire de grands pourvoyeurs d’emplois décents.

Car la question fondamentale demeure : notre jeunesse est-elle suffisamment outillée pour exercer dans ces secteurs clés ? Pour y répondre, une brève analyse s’impose :

1-Formation :

Avons-nous mis en place des programmes éducatifs adaptés aux besoins actuels et futurs du marché du travail ? Prennent-ils suffisamment en compte ces cinq secteurs ? Sommes-nous en train de former des jeunes aguerris et prêts à occuper les emplois de demain ?

Aussi bien en mode emploi qu’en auto emploi, les compétences liées aux besoins actualisés de l’économie sont indispensables. Car des grandes et moyennes entreprises auront besoins des services de petites et très petites entreprises pour sous-traiter des pans de leurs métiers. À titre d’exemple une société de commercialisation de panneaux solaires ou de générateurs pourrait collaborer avec des ateliers externes de fabrication ou de montage des pièces détachées ou encore de service dépannage (SAV).

2-Recherches :

Investissons-nous suffisamment dans la recherche et l’innovation dans ces secteurs clé ? Il est évident qu’en l’absence d’investissements constants destinés à l’exploration par les jeunes de nouvelles idées de résolution de problèmes complexes, le progrès ne saurait être au rendez-vous.

3-Emplois / Entreprenariat :

Avons-nous créé un environnement favorable à l’entrepreneuriat et à la création d’emplois dans ces domaines ? Sommes-nous en mesure d’offrir des opportunités aux jeunes pour lancer des startups capables de s’investir dans l’agro-industrie, la santé ou l’énergie ?

Si vous n’êtes toujours pas convaincus de l’urgence, voici quelques données explicites qui mettent en relief l’importance du secteur de l’énergie par exemple. En effet selon le dernier rapport de la CNUCED sur l’accès à l’énergie en Afrique subsaharienne, le taux global d’accessibilité de l’électricité est de 90,4%. Cependant, cette moyenne masque d’importantes disparités régionales. En Afrique subsaharienne, plus de la moitié de la population n’a pas accès à une électricité fiable, avec une consommation moyenne de seulement 200 kWh par personne par an, comparée à 4.418 kWh en Afrique du Sud.

De plus, l’électricité constitue une part minime de la consommation énergétique finale, exacerbée par des infrastructures de production obsolètes et une carence en réseaux de transport et de distribution efficaces. De grandes inégalités subsistent entre les zones urbaines, où le taux d’accès peut atteindre 90%, et les zones rurales, où moins de 20% de la population est connectée.

Comment surmonter ces défis si nos étudiants continuent de se diriger vers des filières d’études ne répondant plus aux besoins critiques de notre continent ? Pourtant la problématique du mix énergétique offre toute une palette de formations et d’opportunités d’emplois et d’auto-emplois.

Par ailleurs, un aspect souvent négligé est celui de l’accès aux combustibles de cuisson propres. Selon la CNUCED, seulement 18% des habitants de l’Afrique au Sud du Sahara bénéficient de ces ressources, contre 70% à l’échelle mondiale.

L’importance de ces technologies dépasse la simple commodité, touchant des enjeux majeurs de santé publique liés aux maladies chroniques provenant de méthodes de cuisson risquées.

Face à l’acuité de ces enjeux, il est impératif de créer des conditions favorables pour nos startups susceptibles de développer des solutions innovantes. Je suis persuadée que cette approche peut être utile à terme pour la résorption de notre déficit énergétique.

Quant aux secteurs de la santé, des infrastructures et du tourisme, ainsi que d’autres non mentionnés dans cette publication de la Banque mondiale, le potentiel d’innovation de nos jeunes à même de les transformer est immense. À condition bien entendu qu’ils aient la possibilité d’acquérir les compétences requises et de développer leur créativité. Cela implique un investissement continu dans l’éducation et la formation, notamment l’employabilité, ainsi qu’un soutien à l’entrepreneuriat et à l’innovation technologique.

Reckya Madougou

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