Depuis son avènement, le certificat du numéro personnel d’identification (CNPI/fID) encore appelé « Carte c’est moi », entre de plus en plus dans les habitudes des populations béninoises. Sésame pour se faire identifier, mais aussi pour bénéficier de nombreux services et avantages, elles sont nombreuses à l’obtenir. Entre usage et satisfaction, les détenteurs s’en réjouissent.

Dans la commune de Bohicon et ses environs, les populations ne se font plus conter les avantages du certificat NPI/fID (CNPI). Artisans, commerçantes, revendeurs et autres sans aucune pièce d’identification jusqu’à un passé récent se la font délivrer sans difficulté et ne se lassent pas d’en faire usage. Paulin, 34 ans, en est détenteur depuis des mois. « Je l’ai déjà utilisé pour des formalités concernant l’achat d’une parcelle, mais aussi pour contracter un prêt », confie ce conducteur de taxi moto de Bohicon. Heureux, il est heureux de se compter au nombre des détenteurs de cette carte. « J’ai aussi des collègues Zémidjan comme moi qui en disposent et à chaque fois que le besoin se fait sentir, nous n’hésitons pas en faire usage », poursuit-il, souriant. Comme lui, de nombreuses personnes rencontrées ne cachent pas la satisfaction que leur procure cette carte. Le certificat NPI/fID comporte les informations minimales (nom, prénoms, date de naissance et sexe), la photographie d’identité. Au verso, le sceau de la République du Bénin, l’entête de l’Agence nationale d’identification des personnes (ANIP), le QR code d’authentification de la carte et les informations sur la structure émettrice.

D’un détenteur à un autre, l’usage et l’utilité varie. A 26 ans, Samuel Adovinon, n’avait jamais pu se faire établir une pièce d’identité, mais à la faveur des dernières élections législatives, il a pu se faire établir un CNPI avec le concours de son chef quartier. Depuis, il enchaîne les usages. La dernière en date, l’achat d’une carte Sim auprès d’un opérateur de téléphonie mobile. Elvire Tossou dit se sentir citoyenne depuis qu’elle a réussi à se faire établir cette carte. « Pour moi c’est comme si je détenais une carte d’identité. Partout où je la présente, on me considère au même titre que ceux qui ont d’autres pièces comme le CPI ou la carte d’identité nationale », indique cette revendeuse d’oranges, venu de Covè (150 km au nord de Cotonou).

L’engouement des populations, notamment dans les régions isolées du pays pour ce sésame se justifie, selon Justin Sossou, responsable à la Communication et aux partenariats à l’ANIP, par les conditions qui entourent sa délivrance et les avantages qui y sont attachés. « La carte « C’est moi » vous permet d’avoir un numéro personnel d’identification grâce auquel vous avez accès à quelques services sociaux de base », atteste-t-il. « Les bonnes dames peuvent accomplir des formalités de demande et d’obtention de prêts grâce à cette carte… Les personnes qui veulent faire des demandes de compteurs d’électricité et d’eau, avec cette carte, n’auront pas besoin de recourir à une multitude de pièces », enchaîne-t-il. De ses explications, il ressort que le CNPI « est obtenu gratuitement car sa production et sa distribution sont appuyées par la Banque mondiale à travers le Projet Wuri Bénin ». Pour l’avoir, renseigne-t-il, « il suffit d’en faire la demande, en format physique ou en ligne avec l’application ANIP BJ, téléchargeable ou sur le e-services public. Après la demande, l’obtention est gratuite ».

Une carte à tout faire !

« J’ai la carte c’est moi. Je l’ai utilisé dernièrement pour avoir le micro crédit Alafia octroyé par le gouvernement. J’avoue que c’est un outil très rapide pour avoir de l’argent. Quand je l’ai présentée, la procédure a été très rapide. J’étais très contente ». Victorine, 39 ans vendeuse à Bohicon (125 km au Nord de Cotonou), témoigne ainsi de l’utilité du NPI/fID auprès des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD). « Ils en font une exigence pour avoir rapidement l’argent », assure-t-elle. Elvire Tossou pour sa part, s’émerveille « d’une toute petite carte obtenue gratuitement et sans difficulté mais d’une aussi précieuse utilité ».

Se fondant sur des données recueillies auprès des structures décentralisées de son ministère, celui en charge des Affaires sociales (Centres de promotion sociale, Systèmes financiers décentralisés), Sandrine Kouteh explique que « les populations qui sont les plus concernées sont les analphabètes, les femmes exerçant des activités génératrices de revenus, les artisans et les enfants ». Dans les zones les plus isolées du pays, le CNPI permet même de constituer des dossiers pour débuter l’école ou fournir des dossiers pour prendre part aux examens. En définitive, ce document est « une carte à tout faire », conclut Paulin, le conducteur de zem (taxi moto).

Les avantages liés à la détention de la carte motivent même les autorités locales à s’impliquer dans sa délivrance. Elles tiennent à conjuguer au passé, l’époque où l’identification des personnes relevait d’une chimère. Le réseau des Maires pour l’identification sûre, inclusive et durable (ReMiSID) s’y implique activement. Non seulement ces autorités se battent pour l’accomplissement des formalités, mais elles s’assurent de la délivrance de ce certificat à leurs administrés, à travers des séances publiques de distribution.

Identification et intégration

Le Projet d’identification unique pour l’intégration régionale et l’inclusion en Afrique de l’Ouest, Wuri-Bénin sur financement de la Banque mondiale est mis en œuvre depuis 2020 au Bénin, à la demande du gouvernement béninois. Il ambitionne, selon Jean Aholou, son coordonnateur, « d’enrôler biométriquement les populations, de les enregistrer dans un système fiable et de leur attribuer un identifiant désigné au Bénin par le NPI ». Il s’agit de faire en sorte qu’aucun Béninois « ne souffre plus du défaut de justificatif d’identité », précise-t-il. Aussi, le projet Wuri-Bénin appuie-t-il l’ANIP à moderniser ses infrastructures par le renforcement de ses équipements. Il l’appuie également sur le plan des ressources humaines afin de lui permettre d’atteindre ses objectifs.

Sur les 13 millions environ de Béninois, le projet Wuri a permis à 7 millions de personnes environ d’obtenir ce certificat, confirme le coordonnateur. Wuri Bénin entend aussi « amplifier l’utilité de cette carte » et se réjouit qu’avec les efforts du gouvernement, il y ait déjà un arrêté ministériel qui circonscrit le cadre d’utilisation du certificat du numéro personnel d’identification. « Reste maintenant à informer et sensibiliser sur l’acceptabilité de cette carte par certaines structures publiques et privées », projette Jean Aholou.

L’ambition des autorités béninoises à travers cette carte est largement atteinte, assure Justin Sossou. « Aucun Béninois n’est laissé en rade. Aujourd’hui, 90% de nos concitoyens au moins sont enrôlés au Ravip donc toutes ces personnes possèdent déjà le numéro personnel d’identification. Il suffit désormais de demander la carte « C’est moi » pour l’obtenir… Nous voulons que tout le monde ait son CNPI/fID et nous y arrivons », assure-t-il.

Travaux réalisés dans le cadre de l’atelier de renforcement des capacités des professionnels des médias à Bohicon pour le projet Wuri-Bénin

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