Sur financement de la Banque mondiale, le Projet d’identification unique pour l’intégration régionale et l’inclusion en Afrique de l’Ouest (Wuri Bénin), depuis septembre 2020, contribue de façon significative à l’identification des personnes physiques au Bénin. Jean Aholou, Coordonnateur du projet expose les impacts de l’initiative sur la modernisation de l’état civil et l’accès aux services sociaux de base par les populations, notamment les plus vulnérables.

 

Quel état des lieux peut-on faire de l’état civil au Bénin aujourd’hui ?

Le projet Wuri, c’est-à-dire Projet d’identification unique pour l’intégration régionale et l’inclusion en Afrique de l’Ouest, est un projet sous financement de la Banque mondiale. Mis en œuvre depuis 2020 au Bénin, sur demande du gouvernement béninois, il a trois objectifs à savoir renforcer le cadre institutionnel et juridique de l’identification des personnes, mettre en place un système d’identification inclusif et fiable au Bénin et, en partant des justificatifs produits, faciliter l’accès aux services sociaux de base à la population. Globalement, il s’agit d’enrôler biométriquement les populations, les enregistrer dans un système fiable et leur attribuer un identifiant désigné au Bénin par le Numéro Personnel d’Identification (NPI).

Comme vous pouvez le constater, cela va au-delà de l’état civil. Il s’agit aujourd’hui d’identifier toutes les populations et de leur permettre d’avoir un justificatif légal de sorte que quiconque sur le territoire national ne souffre plus du défaut de justificatif d’identité.

Quelles sont les contributions du projet Wuri à l’amélioration des services de l’Agence nationale d’identification des personnes (ANIP) ?

Le RAVIP (Recensement administratif à vocation d’identification des populations), qui s’était déroulé de 2017 à 2018, a permis d’enregistrer dans une base environ 10 500 000 personnes. C’était le résultat avant le début de la mise en œuvre du projet Wuri. Aujourd’hui, nous sommes à plus de 13 millions de personnes enregistrées. Ce complément de personnes a pu être fait avec l’appui du projet Wuri, à travers l’Agence nationale de l’identification des personnes grâce à un dispositif d’enrôlement ciblé.

Par ailleurs, le projet Wuri appuie l’ANIP à moderniser ses infrastructures par le renforcement de ses équipements. Il l’appuie également sur le plan des ressources humaines afin de lui permettre d’atteindre ses objectifs.

À la date d’aujourd’hui, combien de Certificats du numéro personnel d’identification encore appelé « Carte C’est Moi » ont déjà été distribués ?

L’un des objectifs clés du projet Wuri est de faire en sorte que toute personne enrôlée dans le registre national des personnes physiques puisse être dotée d’un justificatif d’identité, appelé au Bénin le Certificat du numéro personnel d’identification (CNPI/fID). Sur 13 millions environ, le projet Wuri Bénin a déjà permis à 7 millions de Béninois d’obtenir ce certificat.

En dehors des appuis que vous apportez à l’ANIP, quelles sont vos autres contributions à l’identification des personnes ?

En plus de l’ANIP, le projet Wuri intervient également au niveau de l’Agence nationale de protection sociale en appuyant le Gouvernement béninois à mettre en place le Registre social unique. Ce registre permettra de prendre en charge les personnes identifiées comme pauvres, les extrêmes pauvres et les pauvres non extrêmes. Grâce au projet Wuri qui a appuyé le ministère des Affaires sociales, ce programme a procédé à leur identification à travers l’enquête PMT/RSU et à leur enrôlement dans le Registre national des personnes physiques (RNPP) afin de leur attribuer un identifiant unique. En conséquence, il faut retenir que le RSU est un programme phare du gouvernement qu’appuie le projet Wuri.

Quelles sont les actions mises en œuvre par le projet afin de mieux faire connaître la carte ?

Grâce à votre accompagnement, nous amplifions au quotidien l’utilité de cette carte. Il est déjà heureux de constater qu’avec les efforts du gouvernement, il y a un arrêté ministériel qui circonscrit le cadre d’utilisation du certificat du numéro personnel d’identification. Il reste maintenant d’informer et de sensibiliser sur l’acceptabilité de cette carte par les structures publiques et privées. Et là, il s’agit d’un travail qui prendra du temps. L’atelier qui nous réunit ici à Bohicon avec les médias et les représentants du ministère des Affaire sociales ainsi que du Ministère du numérique et de la digitalisation s’inscrit dans ce processus de vulgarisation de la carte et de ses avantages. Je suis heureux de cet atelier qui se tient et qui nous permettra d’atteindre un large auditoire, d’informer sur les acquis du projet et surtout de sensibiliser sur les utilités du numéro personnel d’identification au Bénin. Cet atelier itinérant a déjà permis de faire le même exercice avec des médias à Natitingou puis à Parakou dans le nord du Bénin.

Concrètement, quelles sont les garanties de fiabilité qu’offre le CNPI ?

Se permettre aujourd’hui de douter de la fiabilité de la carte « C’est Moi », c’est aussi remettre en cause la carte d’identité biométrique. Il ne se pose quasiment aucun problème de fiabilité. L’ANIP produit la carte d’identité biométrique et le CNPI à partir de la même base, soit le RNPP et en utilisant les mêmes techniques. En plus, je signale que ces dernières sont les plus modernes et les plus fiables en termes de sécurité.

Le projet Wuri clôture en 2026. Le CNPI sera-t-il toujours gratuit à l’échéance de cette date ?

L’objectif du gouvernement est de maintenir la gratuité afin de permettre à toutes les personnes présentes sur le territoire national de pouvoir justifier d’une identité légale. L’ANIP mettra certainement en place un modèle d’affaire qui lui permettra de maintenir le principe de la gratuité en termes de délivrance de cette carte.

Travaux réalisés dans le cadre de l’atelier de renforcement des capacités des professionnels des médias à Bohicon

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