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Hausse du prix du maïs : Le gouvernement laisse le serpent et tape dans l’herbe Les raisons de la cherté du maïs, selon le ministre de l’agriculture)

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Le gouvernement casse une décision de la Sodeco

Les raisons justifiant la hausse vertigineuse du prix du maïs au Bénin restent une préoccupation. Alors que l’opinion publique s’attend à ce que des mesures soient prises pour solutionner la situation tant décriée, les différentes interventions des autorités compétentes laissent perplexe. Et tout semble faire croire qu’on laisse la principale raison pour s’attaquer aux raisons plus ou moins secondaires. Cependant, les récentes mesures prises en Conseil des ministres semblent bien orientées vers cette raison principale de la hausse du prix du maïs…

Du Chef du programme maïs de l’Agence territoriale de développement agricole (Atda2) au ministre de l’agriculture, l’impact de l’augmentation du prix des engrais NPK ainsi que son inaccessibilité n’ont toujours pas été évoquées clairement comme étant l’une des principales raisons de la hausse du prix du maïs. Une réalité pourtant admise et soutenue par des acteurs agricoles. En effet, dans son intervention sur la télévision nationale, le ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, Gaston Dossouhoui a évoqué des raisons internes et exogènes de la hausse du prix du maïs au Bénin. Selon l’autorité ministérielle, avec la décision d’interdiction des importations de produits carnés, les éleveurs “ont commencé par faire beaucoup de réserves stratégiques“. Une situation dont auraient voulu profiter les commerçants en faisant de la spéculation. “…ils captent beaucoup et stockent en attendant que les prix grimpent davantage’’ poursuit le ministre. Quant aux raisons exogènes, l’autorité ministérielle estime qu’avec la demande élevée du maïs dans le sahel, le regard est tourné vers les pays côtiers et le corridor le plus sécurisé serait celui du Bénin. Le Nigéria, avec sa production massive de volailles, ne peut se passer du maïs béninois, a-t-il soutenu avant de laisser entendre qu’avec toutes ces pressions, il se pose un problème entre l’offre et la demande. Face à la réalité, le gouvernement a essayé de travailler à rendre disponibles des semences à rendement plus élevé, des semences hybrides, soutient le ministre Gaston Dossouhoui. S’il est évident que ces raisons évoquées sont bien susceptibles de contribuer à la hausse du prix du maïs, le hic est que le gouvernement semble ne pas vouloir souligner l’impact de la décision de la Sodeco, relative à l’augmentation du prix de cession des engrais NPK, engrais par excellence de culture du maïs. Intervenant sur une radio locale, le Chef du programme maïs de l’Agence territoriale de développement agricole (Atda2), Yves Hountondji a évoqué presque les mêmes raisons que son ministre de tutelle. Pourquoi refuse-t-on d’évoquer cette réalité liée à l’accès des producteurs du maïs aux engrais NPK ? La question reste toute posée.

 Plus de 24 milliards Fcfa pour subventionner l’accès aux engrais : le paradoxe !

Alors que l’impact de l’augmentation du prix des engrais n’est toujours pas évoqué officiellement, le gouvernement a décidé, en sa séance du Conseil des ministres de ce mercredi, 17 avril 2024, d’apporter une subvention de plus de 24 milliards de Fcfa en soutien au prix de cession des engrais. Ceci, à titre de mesures de soutien de l’Etat aux producteurs sur les prix de cession des engrais au titre de la campagne agricole 2024-2025. Une décision prise dans la foulée et qui est loin de laisser indifférente, l’opinion. “Ces trois dernières années, en raison de la conjoncture économique internationale marquée par les effets pervers de l’après COVID-19 et le conflit russo-ukrainien, les prix des engrais sur le marché international ont connu une hausse significative…Actuellement, ces prix restent élevés sur le marché international de sorte que pour la campagne agricole 2024-2025, céder ces engrais à leur valeur réelle les rendrait inaccessibles à la grande majorité des producteurs agricoles ; ce qui aurait de graves conséquences sur la production et menacerait la sécurité alimentaire au plan national. C’est pourquoi, à la suite des deux campagnes écoulées, le Gouvernement a décidé de reconduire le soutien de l’Etat aux agriculteurs en vue de garantir le succès de la campagne agricole 2024-2025. A cet effet, le Conseil a autorisé la mise en place d’une subvention de l’Etat en soutien au prix de cession des engrais, d’un montant total de 24.400.000.000 FCFA“ renseigne le compte rendu du Conseil des ministres. Ainsi, le prix de cession des engrais NPK toutes catégories est de 17.000 FCFA le sac de 50 kg au lieu de 24.000 FCFA et celui de l’urée est de 15.000 FCFA le sac de 50 kg au lieu de 19.500 FCFA ; celui des engrais SSP et KCl est de 14.000 FCFA le sac de 50 kg. Si cette nouvelle devrait faire revenir le sourire sur le visage des producteurs de maïs qui étaient face à une autre réalité ces derniers mois, elle ne laisse pas transparaître toutefois le lien avec la cherté du maïs. Et ce, quand bien même que pour beaucoup, le lien est bien établi.

Le gouvernement casse une décision de la Sodeco…

Dans une note de service en date du 16 février 2024 et portant modification du prix au comptant du Npk (engrais) coton ou maïs, la Société de développement du coton (Sodeco) a procédé à l’ajustement du prix de vente de ses intrants agricoles. Selon ladite note signée du Directeur général de la Sodeco, Serges Aderomon, l’engrais Npk coton ou maïs ultérieurement vendu à 14 000 Fcfa le sac de 50kg est passé à 22500 Fcfa, soit une augmentation du prix initial de 8 500Fcfa. “Le prix unique de vente du NPK Coton ou maïs, dans toutes les boutiques est désormais fixé à vingt-deux mille cinq cent (22500) Fcfa le sac de 50Kg. Les ventes en détail de NPK sont autorisées dans la limite de quatre (04) sacs de 50Kg par client“ renseigne ladite note de service. Et pour se procurer plus de quatre sacs, il faudra saisir le Directeur général de la Sodeco en précisant l’objet de l’achat, la superficie de chaque spéculation emblavée au titre de la campagne 2024-2025, la location de l’exploitation etc. Une décision qui, selon des sources paysannes, aurait contribué à la cherté du maïs. Ladite décision devrait être incessamment rapportée à la suite de la décision prise par le gouvernement en Conseil des ministres de ce mercredi, 17 avril 2024. Les prix initiaux de cession des engrais devront être maintenus pour le bonheur des producteurs du maïs.

Alors que des sources paysannes déplorent également le fait que l’achat d’engrais soit réservé exclusivement aux cotonculteurs en l’occurrence les associations et coopératives, le Conseil des ministres a également instruit le ministre de l’agriculture à l’effet de veiller à “la disponibilité des engrais dans toutes les communes“.

Si déjà dans le compte rendu du Conseil des ministres du 20 avril 2022, le gouvernement reconnaissait qu’un tel niveau de prix élevé des engrais “compromettrait tout autant la compétitivité de notre agriculture que la disponibilité de produits agricoles en quantité suffisante“, il est donc clair qu’on ne peut fermer l’œil sur la décision de la Sodeco quant aux raisons de la cherté du maïs au Bénin. Notons que le prix du maïs oscille depuis quelques semaines entre 400 et 450 FCFA sur le marché béninois. Vivement que les mesures prises permettent de solutionner la situation.

M.M

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