À Abomey-Calavi, commune du Bénin, dans le département de l’Atlantique, les plafonds en contreplaqué et en dalle perdent de leurs plumes dans les maisons…
Le scénario est identique au niveau des carreaux simples. Ceux-ci doivent désormais subir le véto des carreaux miroir. Du staff aux carreaux miroir, les propriétaires de maisons n’ont presque tous, désormais d’yeux que pour ça… C’est la tendance et ils ne jurent que par ça. L’expérience de plusieurs semaines à la recherche d’une location immobilière et le constat laisse pantois. De plus en plus, les maisons ou chambres à louer sont faites de staff avec des jeux de lumières qui vous renvoient à une boîte de nuit.
Née au 19e siècle, selon des recherches sur Google, la décoration staff a longtemps embelli les appartements bourgeois. Le staff est un matériau de construction qui est préfabriqué à base de plâtre de moulage armé de fibres. Il serait respectueux de l’environnement car fabriqué à partir de matériaux naturels.
Seulement, au delà de tous ces atouts du staff, ce qui semble emballé dès l’abord, c’est l’esthétique qu’il laisse entrevoir notamment par sa capacité à jouer avec la lumière. En effet, grâce à sa surface lisse et blanche, le staff la reflète et la diffuse de manière subtile et élégante ; créant des jeux d’ombres et de lumières. Plus esthétique par ailleurs, le carreau miroir est défini par le dictionnaire comme un carrelage avec une surface suffisamment polie pour qu’une image puisse s’y refléter. Et les deux mis ensemble donnent de l’envie.
Le loyer, du simple au double
L’un pris dans l’autre, si les locataires sont attirés par la beauté, les promoteurs immobiliers y voient bien plus un fort regain économique. C’est un véritable business qui se fait autour du staff et du carreau miroir.
C’est ainsi qu’une location de deux chambres salon jadis plafond en contreplaqué ou en béton (dalle) de 50 000 F Cfa peut revenir à 100 000 FCFA voire plus avec staff (salon et couloir seulement) et carreaux miroir.
Si les nouvelles constructions n’échappent pas à la fièvre même dans les quartiers les plus insoupçonnés d’Abomey-Calavi d’où de grandes bâtisses sortent de terre, c’est le cas des anciennes constructions qui retient le plus l’attention. Sur le coup de la tendance et enfin d’avoir plus de manne financière, les propriétaires de maisons somment les locataires de vider les lieux. La raison : réfection de la maison.
Les préavis sont distribués tels de petits pains. Il y arrive même que des préavis soient faits avec amplification d’un ami ou parent « commissaire de police ». C’est dire la pression que subissent les locataires. Pourtant, ce déménagement forcé n’est pas sans préjudices sur ces derniers notamment les parents d’élèves.
Armel n’échappera pas à cette réalité. Contraint en pleine année scolaire par son propriétaire de libérer sa maison (Aitchedji) qu’il entend refectionner, il se retrouvera finalement à Glo. Chaque matin et soir, du lundi au vendredi, le voilà parcourant des kilomètres, ses deux enfants sur la moto. Leur école étant à Aitchedji.
Par ailleurs, même les boutiques n’échappent pas à la lèpre du staff et carreau miroir au point où, louer une chambre à Abomey-Calavi, de plus en plus, n’est plus à la portée de tout le monde. Déjà qu’avec l’asphaltage dans cette commune du Bénin où le loyer est constamment revu à la hausse, les preneurs doivent désormais compter avec le staff et le carreau miroir. « Ne loue ma maison qui veut mais qui peut », lâche un bailleur rencontré à Zoundja.
Cyrience Fifonsi KOUGNANDE