Le président Talon est peut-être le seul à croire à sa réforme du système partisan. Tant et si bien qu’il a cru devoir chasser l’ex-ministre Oswald Homéky de son gouvernement, pour ses prises de position anticipées par rapport à 2026. Mais quelle sanction infligera-t-il à Joseph Djogbénou, lui-même qui fait renaître son Alternative Citoyenne à travers ses hommes et structures, avec force culJeunesse Force Dynamique te de personnalité, lui qu’il a débarqué de la Cour constitutionnelle pour lui confier les rênes de l’UP du vieux président Bruno Amoussou, renvoyé politiquement ad patres ?
Sans doute, l’enfant rejeté n’aurait jamais touché au fruit interdit s’il ne voyait son président de parti lui-même mordre prématurément, régulièrement et à pleines dents, la pomme qu’on lui a donnée gratuitement fin 2022. Sans obligation de résultat car, quelques semaines plus tard, c’est plutôt la poussière qu’il a mordue aux législatives de janvier 2023, en ne sauvant que son seul siège, à la tête de cinq candidats dans la 15ème circonscription électorale avec entre autres colistiers, le même Homéky qui semble plus ʺavoir été démissionnéʺ que ʺavoir démissionnéʺ, suite à ses déclarations ouvertes en faveur d’Olivier Boko dans la perspective de 2026.
Priorité à la résurrection d’Alternative Citoyenne Il s’était d’ailleurs murmuré qu’en décapitant l’UP de son premier présidentBruno Amoussou, le chef de l’État voulait tuer l’hégémonie grandissante de ce bloc à partir du Mono, où il nourrit de faire fleurir par clonage, un hypothétique dauphin. Puisqu’au parti présidentiel d’en face, le Br, dont le leader aurait pu être déchargé pour se concentrer sur ses fonctions gouvernementales ou pour plusieurs autres raisons touchant soit à sa réputation personnelle, soit à sa gestion de la discipline interne de son parti comparativement à l’Up originelle, Abdoulaye Bio Tchané a été plutôt maintenu et s’est même vu renforcé.
On peut alors comprendre comment et pourquoi, malgré les fragilités qui le caractérisent, le Br a réussi une chose dont l’Upr a été incapable, à savoir créer et faire animer véritablement sur le terrain politique, son Organisation des Jeunes du Bloc Républicain (Ojbr). Bien que l’Upr ait prévu parmi ses organisations de masse, la création d’une Union de la jeunesse progressiste, Djogbénou n’a pas trouvé intérêt politique à y travailler.
Pendant qu’il s’employait le weekend dernier à coloniser les terres du Couffo à la tête d’une horde de mouvanciers sentant venir leur mort prochaine, pour aller parler sans témoin aux conseiller communaux de leur obligation en bons soldats de dire oui à une seconde révision de la constitution après celle de 2019 quand Djogbénou présidait la Cour constitutionnelle, ses camarades politiques de l’ex Alternative Citoyenne étaient plutôt à Abomey. D’un côté, le président de la Commission des Lois du Parlement Orden Alladatin sur la radio Royal-FM pour expliquer les raisons pour lesquelles l’UP le Renouveau soutient la révision de la Constitution ; et de l’autre côté, à en croire la une de notre confrère éponyme ʺL’Alternativeʺ, le président de la puissante Armp Séraphin Agbahoungbata et le Dg de l’ANPE Urbain Amègbédji pour lancer le concept Jeunesse Force Dynamique, curieusement JFD comme Joseph Fifamè Djogbénou, puisque nous sommes dans un pays de briques de quinze.
Turbo pour les uns, embargo pour les autres
Alors que le président Patrice Talon annonçait au cours de son dernier passage télévisé les acteurs politiques de sa majorité devraient sagement attendre six mois avant 2026 pour entrer en action, les uns sont sous embargo ferme pendant que les autres mettent le turbo.
Or, une simple cartographie desdits acteurs permet aisément d’identifier la ligne de démarcation entre eux et de se convaincre de son caractère fondamentalement identitaire, comme pouraccréditer la thèse l’existence et du développement grandissant d’une tendance « le pouvoir restera chez nous », une regrettable reprise de tristement célèbre « après nous, c’est nous » d’un certain François Abiola, ancien ministre d’État de Boni Yayi, désormais membre du BR et qui passe des jours tranquilles dans une institution de la République.
Où serait finalement la rupture d’avec le passé ? Les jeux sont désormais clairs et les jours à venir annoncent une reprise de liberté des anciens partis qui se sont sabordés par autodissolution à l’Union progressiste depuis 2018, vu que ʺle Renouveauʺ par son premier responsable depuis son intronisation suite au débarquement en catastrophe de Bruno Amoussou, a été d’annoncer les sirènes d’un suprémacisme, auquel il sera vite fait échec, comme il en est de coutume au Bénin.
Car, à en juger le simple fait que ces chantres de la révision au sein de l’Upr sont les seuls et les mêmes qui naviguent depuis 2016 de gros postes en hautes fonctions de la république à défaut d’être inamovibles, on peut comprendre leur excitation sans borne à emboucher la trompette de ladite révision, avec plus de ferveur que le député Br Assan Seibou qui croyait en être l’auteur mais qui a fini par comprendre, hélas trop tard, qu’il n’en a été qu’une vile mascotte. Maintenant que les vrais auteurs lui en ont pris le relais et ravi la vedette, les vrais professionnels de la politique ne tarderont pas à monter au créneau pour épargner le Bénin d’une ʺsénégalisationʺ de sa situation politique. Car ça n’arrive pas qu’aux autres.
Benjamin AKOWANOU