En 2016, le président Patrice Talon a entrepris des réformes visant, selon lui, à optimiser l’efficacité de l’administration publique au Bénin. Dans le cadre de ces réformes, il a réduit le nombre de conseillers techniques à la présidence pour améliorer la gouvernance et réduire les coûts administratifs. Cette mesure avait été fortement saluée par la population qui y voyait les prémices d’une gestion saine des fonds publics. On avait même taxé le régime défunt de faire du gaspillage des ressources dans la création de postes de conseillers techniques aussi farfelus que budgétivores.

Mais depuis quelques jours, la réalité du pouvoir a rattrapé Patrice Talon.

En effet, le chef de l’État, Patrice Talon, vient de créer à la Présidence de la République du Bénin, un Collège des ministres conseillers, placé sous son autorité. Le décret portant création, attribution, organisation et fonctionnement de ce Collège des ministres conseillers a été signé le 09 janvier 2024.

Qu’est ce qui change entre les conseillers techniques d’alors et les ministres conseillers d’aujourd’hui ? Fondamentalement rien à part la dénomination qui vise à embrouiller les béninois. Le chef de l’Etat n’avait-il pas estimé que l’effectif de l’équipe gouvernementale était pléthorique allant jusqu’à supprimer ou fusionner certains départements ministériels ? Qu’est-ce qui a changé entre 2016 et aujourd’hui, pour qu’il veuille encore nommer des ministres conseillers ? Quand on regarde de près le mode désignation envisagé, on comprend aisément qu’il s’agit de satisfaire les courtisans qui n’ont pas pu être casés, en prélude à 2026 qui fait déjà courir toutes les chapelles politiques.

Au regard de la succession des évènements de ces derniers jours, on est aussi tenté de se demander si ce n’est pas pour assurer les surcoûts de ces nominations de ministres conseillers que la mesure de mise à la retraite anticipée a été mise en œuvre il y a quelques semaines ? Quel modèle le chef de l’Etat veut-il incarner lorsqu’il demande aux béninois de serrer la ceinture, aux fonctionnaires d’aller à la retraite de façon imprévue, pendant qu’il offre aux courtisans de la mouvance, une occasion d’empocher de gros salaires politiques ?

Dans ce contexte, les béninois devront s’attendre désormais à la multiplication de ce genre de mesures que Patrice Talon a lui-même dénoncées et combattues dans un proche passé.

Le hautement social, c’est aussi ça ?

COR

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