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Faible taux d’employabilité des filles : Nécessité d’inciter à l’enseignement technique et professionnel (Début de contribution du Projet Swedd)

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Le problème majeur auquel sont confrontées les filles à l’issue de leur cursus scolaire au Bénin demeure l’insertion professionnelle. Si l’enseignement technique et professionnel s’impose aujourd’hui comme une solution primordiale au chômage et au sous-emploi, la nécessité de les y inciter devient un impératif.

Elles représentent 51,2% de la population béninoise! Ceci, selon le quatrième Recensement général de la population et de l’habitation (Rgph4). Nonobstant un tel environnement où ce nombre leur permet de dominer quantitativement les hommes, les femmes notamment les jeunes filles en fin de formation, sont sujettes à un problème de chômage et surtout de sous-emploi. Si le Bureau international du travail (Bit) estime que le taux de chômage envoisine les 2,4% au Bénin, celui du sous-emploi, selon la Commission économique de l’Afrique (Cea) est de 72%.

Autrement, en croisant ces deux données, l’évidence est de mise que les béninois même s’ils travaillent, n’ont pas dans leur majorité des cas, un emploi qualifié et proportionnel à leur domaine ou niveau de compétence. Puisque certains, explique à cet effet le Directeur général de l’Agence nationale pour l’emploi (Anpe), Urbain Amègbédji, ont reçu des formations qui ne sont plus adaptées au marché de l’emploi. Ils sont parfois, laisse-t-il entendre, obligés de se contenter de ce qu’ils trouvent comme activité du moment. Dans ce lot, ces femmes battent le record.

En témoignent les données de l’enquête régionale intégrée sur l’emploi et le secteur informel, réalisée par l’Institut national de la statistique et de l’analyse économique (Insae) en 2018. Lesquelles données montrent que le pourcentage des chômeurs et la main-d’œuvre potentielle désirant travailler comme indépendant est de 62,6% pour les femmes et de 44,3% pour les hommes. Au même moment, des milliers de compétences sont recherchées sur le marché de l’emploi. « Aujourd’hui à la Gdiz, les demandes de recrutements sont presque quotidiennes.

La Zone qui emploie plus de 10.000 personnes est dans les jours à venir à même de compter une soixantaine de milliers de jeunes recrutés. Ce qui voudra dire qu’il y a de la place à se faire », va réitérer Laurent Gangbès, dans sa peau d’Administrateur général de la Zone qui est aujourd’hui un des plus grands pourvoyeurs d’emplois au Bénin.

La formation technique et professionnelle, un incubateur pour les filles…

Pendant que des chantiers poussent un peu partout dans le pays, les compétences requises convergent beaucoup plus vers les formations techniques et professionnelles. Toujours à en croire Laurent Gangbès, la majorité des personnes qui sont recrutées à la Gdiz ont suivi une formation professionnelle. « La formation professionnelle n’est donc pas réservée uniquement qu’aux hommes. Il y a des femmes qui sont superviseurs ici et qui encadrent donc des hommes et des femmes », a-t-il poursuivi.

Des arguments confirmés par le Directeur général de l’Anpe qui atteste que les offres d’emploi au Bénin sont désormais essentiellement tournées vers la formation technique et professionnelle. « Regardez cette entreprise ! (Btex ; Ndlr). Ceux que vous avez vus là ne sont pas des littéraires. Donc, il y a des places à prendre dans les entreprises au Bénin. Mais tout dépend de sa formation de base. Celle technique et professionnelle est aujourd’hui prisée », va reconnaître Urbain Amègbédji. Si autrefois ces métiers de l’enseignement technique et professionnel sont considérés comme ceux des hommes, le tabou est à coup sûr en train d’être brisé. « L’on observe désormais dans notre société une désillusion quant aux résultats présentés par les formations générales ou classiques qui étaient perçues comme l’antidote au chômage des jeunes et des filles en particulier. Aujourd’hui, le secrétariat, le bureautique, l’informatique classique, etc ; ne nourrissent plus (Rires…).

Ce qui explique désormais cet intérêt des jeunes filles à aller vers une formation technique ou professionnelle. Histoire de s’aligner sur les besoins du moment », note Émile Adambadji, Sociologue de développement et Enseignement d’universités. Il suffit de parcourir certains centres de formation technique et professionnelle voire entreprises pour également se rendre compte que désormais, l’engouement des filles pour les métiers d’hommes est patent. Au sein de la Société Btex qui s’occupe de la transformation du coton béninois en textile, une kyrielle de machines est en train d’être installée, pour le démarrage des travaux de la plus grande usine intégrée de textile en Afrique. À la manette, des hommes mais également plusieurs jeunes filles.

Alors que le métier de machiniste, qui leur donne accès à cette salle, était autrefois réservé par les réalités sociétales béninoises aux hommes, c’est avec beaucoup de passion qu’elles s’emploient à monter ces machines. Pour l’une d’entre elles qui a préféré garder l’anonymat, elle est issue du Lycée technique de Kpondehou (Cotonou). « J’ai fait la F3. Je suis employée ici et je travaille sur les machines. J’ai des amies qui travaillent en maintenance. C’est ma passion et c’est ça qui me nourrit depuis des mois. Même si certains pensent que c’est un domaine réservé aux hommes, moi je dis que c’est faux. Aujourd’hui, tout a changé et vous-mêmes, vous voyez », va-t-elle évoquer avec sourire.

Avec la construction en cours des lycées techniques et professionnels publics ajoutés aux 27 dont 10 agricoles existants selon des chiffres de la Direction de la planification, de l’administration et des finances (Dpaf) du Ministère de l’enseignement secondaire, technique et de la formation professionnelle, la volonté manifeste du gouvernement et de son chef est d’inciter également les jeunes, à ces types d’enseignement présentés aujourd’hui comme le fil d’Ariane quant à l’employabilité. « Notre action consistera aussi à donner une nouvelle impulsion à l’école béninoise pour la rendre plus compatible avec nos besoins. Le diagnostic est déjà posé et la thérapie a commencé.

Elle consiste à privilégier l’enseignement technique et la formation professionnelle », entérinait le Président de la République, Patrice Talon, lors de son discours d’investiture du 23 mai 2021, à Porto-Novo. En d’autres termes, le chef de l’État exprime le besoin de changement de l’offre de formation, en fonction des nouvelles demandes sur le marché de l’emploi.

Seulement que…

Malgré ces directives, volontés et orientations, les filles peinent à s’inscrire, dans les lycées techniques et professionnels du Bénin, considérés comme formation pourvoyeuse d’emplois. Car, d’autres réalités se trouvent être un frein à cette motivation intrinsèque de ces filles désireuses de se frotter à l’enseignement technique et professionnel. Il s’agit principalement des frais de scolarité non moins négligents, qui doivent accompagner les inscriptions dans les lycées. S’élevant à 120.000 Fcfa contre parfois la gratuité dans l’enseignement général, il n’est pas illusoire de penser que certains parents, malgré la volonté d’y inscrire leurs filles ne pourront pas.

Ceci, comme l’explique Frédéric Hounklin, mécanicien Moto à Ekpè. À l’entendre, sa fille en 4ème développe à ses yeux un intérêt particulier pour tout ce qui se rapporte à l’électricité. « J’aurais voulu l’envoyer au lycée. Mais vu que les frais de scolarité de son frère aîné pèse beaucoup sur moi, je serai obligé de la maintenir dans l’enseignement général d’abord même après son Bepc. Puisque lorsque j’ai demandé les frais de scolarité dans un lycée technique, ça dépasse ma bourse. Elle comprendra », s’est-il alarmé. Pis, toujours d’après les chiffres de la (Dpaf) du Ministère de l’enseignement secondaire, technique et de la formation professionnelle , le Bénin a enregistré en 2022, un total de 91.764 filles au second cycle, dans l’enseignement général.

Ceci, pour 11.855 et 2.330 filles respectivement dans l’enseignement technique et professionnel. Autrement, le nombre de filles qui se retrouve à l’aune de ces statistiques dans les formations de l’enseignement général est sept fois supérieur, au nombre dans l’enseignement technique et professionnel. Alors que ces types d’enseignement sont présentés aujourd’hui comme modèles d’employabilité, que les filles ne s’y retrouvent pas en grand nombre ne leur permet certainement pas de combler ce gap important de chômage qui fait le lit à leur sous-emploi.

Swedd les y encourage mais…

Même si l’État octroie des bourses d’étude et subventionne le tiers de la scolarité des filles dans les filières industrielles selon le Ministère de l’enseignement secondaire, technique et de la formation professionnelle, ces mesures bien qu’à saluer sont loin d’être un vrai moteur de déclic. Ainsi, pour inciter ces filles à aller vers ces formations prometteuses et d’y rester, le Projet d’Autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel (Swedd) au Bénin, avec l’appui de plusieurs partenaires, accompagne certaines d’entre elles, dans leurs formations. Ceci, en leur octroyant des bourses d’étude jusqu’à la fin de leur cursus. Cette initiative dénommée ‘’Maintien des filles à l’école’’ en plus de mettre à la disposition des bénéficiaires des kits scolaires et leurs frais de scolarité, dans sa mise en œuvre, prend également langue avec les parents des concernées, pour le maintien assuré de leurs progénitures à l’école.

Azôli, une seconde chance pour l’insertion professionnelle…

Tout n’est plus perdu pour celles qui sont déterminées à trouver un emploi décent. Même si les frais de scolarité dans les lycées techniques et professionnels reviennent chers au regard de la spécificité de la formation, les jeunes filles désireuses de s’insérer dans la vie professionnelle ont encore une chance du côté du gouvernement béninois, à l’instar des efforts du Projet Swedd, grâce au projet Azôli piloté par l’Anpe. Lequel vise depuis 2022 à rendre disponibles sur le marché, des jeunes ayant le profil d’ouvriers qualifiés ou spécialisés dans les domaines d’emplois en adéquation avec les besoins actuels et futurs de l’économie.

Mieux, d’après Laurent Gangbès, les jeunes filles employées aujourd’hui dans les unités de textile n’avaient pas, elles toutes, une formation requise. Elles ont dû, à l’entendre, recevoir une formation professionnelle de neuf mois au minimum, pour qu’elles puissent être là aujourd’hui. « Cela valide les choix et les orientations du gouvernement pour la vitalité de notre économie. Toutes ces jeunes femmes qui travaillent aujourd’hui n’avaient pas cette possibilité avant. Le fait qu’elles puissent contribuer à leur propre développement et de leurs ménages est une bonne chose pour notre pays et pour la liberté de la femme. En accédant donc à un emploi rémunéré dans des conditions correctes et acceptables, nous pouvons dire que l’autonomisation de la femme est assurée », martèle le Directeur général de l’Agence de promotion des investissements et de l’exportation (Apiex) et Administrateur général de la Gdiz.

À Urbain Amègbédji d’ajouter que cette formation assurée par le gouvernement permet aujourd’hui donc d’avoir de main-d’œuvre qualifiée pour le textile par exemple, qui emploie des milliers de jeunes filles aujourd’hui. « Aucune école ne formait des gens pour ça. Mais elles ont eu leur contrat et commencent par travailler », a-t-il élucidé.

Il reste à faire

Même si ces mesures sont à saluer puisque de nature incitatives, il est évident qu’il reste à faire. À côté des efforts du Projet Swedd au Bénin et de Azôli, le gouvernement à travers son Ministère de l’enseignement secondaire, technique et de la formation professionnelle a un grand rôle à jouer pour corriger davantage  ou tout au moins élever ce taux de filles admises dans ces formations techniques et professionnelles. « Malgré ces nombreuses prouesses, le gouvernement est conscient que des choses restent à faire et s’y atèle », évoque le Directeur général de l’Anpe. La discrimination positive dans l’enseignement général décrétée au profit des filles peut toutefois être dans une certaine mesure analysée et précédée d’un test d’admission pour celles-ci, au niveau de ces lycées et centres de formation professionnels.

Cela, à l’instar bien-sûr des efforts déjà fournis. Puisque les profils demandés sur le marché de l’emploi convergent vers des débouchés issus de ces formations, il est nécessaire donc que ces obstacles et chicanes soient levés afin qu’elles y aient fortement accès. Ce n’est que gage d’une réduction de leur taux de chômage et de sous-emploi. Un sacerdoce d’ailleurs recommandé par l’Union Africaine aux pays en développement dont le Bénin. Cela, à travers la capture rapide (l’investissement en faveur de l’autonomisation, de la formation et de l’emploi en faveur des personnes en âge de travailler dont les jeunes filles) du dividende démographique (l’avantage économique tiré d’une proportion relativement importante de personnes en âge de travailler au sein de la population).

Janvier GBEDO

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