En 2014, Boni Yayi a gracié toutes les personnes supposées impliquées dans les tentatives d’empoissonnement et de coup d’Etat. « Je ne cherche pas la mort du pécheur, mais qu’il reconnaisse sa faute. Pour l’intérêt supérieur du pays, j’ai décidé de pardonner Patrice Talon et tous ses complices, y compris son proche collaborateur Olivier Boko. Je demande à la justice de procéder à la libération de toutes les personnes complices de Talon », avait déclaré Boni Yayi sur la télévision nationale.
Ce pardon de Boni Yayi a ouvert la voie au retour de l’homme d’affaires Patrice Talon en 2015. Il a pu présenter sa candidature à la présidentielle de 2016, qu’il a remportée face au candidat de Boni Yayi. Tombé en disgrâce en 2012, Patrice Talon aura passé 3 ans en exil, accusé d’être l’instigateur des tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat sur la personne du chef de l’Etat d’alors, Boni Yayi. Certes, il n’a été condamné dans aucune de ces affaires.
Mais sans le pardon de Yayi, malgré le non-lieu prononcé par la justice, c’est évident qu’aucune des personnes exilées ou emprisonnées n’auraient retrouvé leur liberté. Pour en arriver là, plusieurs personnalités ont joué dans l’ombre les médiateurs entre Yayi et l’homme d’affaires Patrice Talon, dont le président français François Hollande, son ministre des affaires étrangères Laurent Fabius, l’ancien Secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie et ancien chef d’Etat du Sénégal Abdou Diouf.
Mais à la surprise générale, en réponse à ceux qui ne comprennent pas que quelqu’un qui a été pardonné en son temps, ne puisse pas faire la même chose en direction de Reckya Madougou, Joël Aïvo et autres, le chef de l’Etat actuel, Patrice Talon dit n’avoir été pardonné de rien du tout. A ses dires, il n’a jamais été demandeur d’un quelconque pardon. Telle est sa version des faits. On ne peut qu’en prendre acte.
L’aveu de Holo qui devrait édifier Talon
Seulement, des événements ayant précédé son exil, il apparaît aujourd’hui, aux dires du président de la Cour constitutionnelle d’alors, que Patrice Talon avait déjà bénéficié de médiation. « Quand monsieur Talon Patrice était en difficulté avec le Président Yayi Boni, qu’il a été enfermé au commissariat, je présidais la Conférence des présidents d’institution. A la demande du président de la Cour suprême Batoko qui m’a accompagné, j’ai rencontré le Président Yayi Boni pour plaider pour sa libération. Il a donné son accord et je lui ai demandé si je pouvais informer la femme de monsieur Talon Patrice. Il a donné son accord. Comme je ne connaissais pas sa maison, c’est Batoko qui m’a accompagné. J’ai dit à sa femme que le soir même son mari sera libéré. Malheureusement, il n’a pas été libéré le soir-là. Il a été libéré le lendemain. », apprend Théodore Holo, lors d’un entretien accordé à ESAE TV.
Si aujourd’hui le chef de l’Etat affirme n’avoir été pardonné de rien du tout, avant son retour au bercail en 2015, reconnaît-il au moins que si les présidents d’institution n’avaient pas plaidé sa cause auprès de Boni Yayi, son séjour au commissariat de Cotonou n’aurait peut-être pas été bref ? Aux dires de Théodore Holo, après sa libération, Patrice Talon s’est déplacé pour remercier les présidents d’institutions d’alors. C’est dire qu’il a reconnu que la médiation entreprise par Théodore Holo et Ousmane Batoko a été décisive pour qu’il recouvre vite sa liberté ? Cela ne suffit-il pas pour qu’il prête une oreille plus attentive à toutes les personnes qui, à l’interne, comme à l’international, demandent aujourd’hui la libération de Reckya Madougou, Joël Aïvo et autres, de même que le retour des exilés ? Pour se convaincre de la nécessité d’accorder son pardon, alors qu’il est en train de finir son 2e et dernier mandat, Patrice Talon n’a qu’à se demander que serait aujourd’hui la politique béninoise si des gens n’avaient pas demandé à Boni Yayi de lâcher prise et qu’il a accepté.
M.M