Une sortie, une déclaration, le moindre geste de Yayi, et ça perd le sommeil de l’autre côté. D’abord, c’est le chef en personne qui, lors de son discours sur l’état de la Nation, n’a pu s’empêcher d’envoyer une pique à son prédécesseur. « … le Bénin se construit sans pose de première pierre… » (Sic).
Comme s’il n’était pas satisfait des échos qui lui revenaient, après ce tacle (pas très amical), Patrice Talon remet une couche, lors de son interview télévisée du samedi 23 décembre. Il affirme n’avoir jamais demandé pardon à qui que ce soit. A ses dires, c’est Boni Yayi qui a pris l’initiative d’une réconciliation en 2014, après le non-lieu prononcé dans les affaires Tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat. Il n’en fallait pas plus pour qu’un club d’anciens députés embouche la même trompette. Boni Yayi était le sujet à l’ordre du jour, lors d’une conférence de presse donnée par des anciens députés de la Mouvance. Il aura fallu que le chef de l’Etat dise une toute autre histoire de ce qu’on a entendu jusque-là pour que ces anciens députés reprennent le même refrain. Donc, ils savaient que Patrice Talon n’avait jamais demandé pardon en 2014 et ils n’ont rien dit depuis ?
Quand on jette un coup d’œil, on se rend à l’évidence qu’en réalité, la plupart des membres de ce club d’anciens députés sont des victimes de Yayi. A part ceux qui n’ont pas été positionnés sur les listes de la mouvance aux législatives de 2023, les autres, les plus nombreux, n’ont pas été élus simplement parce que le parti d’opposition Les Démocrates était en lice. Et tout le monde sait que le parti n’aurait pas eu ce résultat si Yayi n’était pas descendu en personne dans l’arène. Et ça, ils ne l’ont toujours pas digéré. Ceux qui ont été élus députés en 2019 savent qu’ils n’auraient jamais fait cette expérience parlementaire si l’opposition n’avait pas été exclue. Ils auraient bien voulu que le même scénario se reproduise en 2023. Mais Boni Yayi a pesé de tout son poids pour que le parti Les Démocrates aille aux élections. Ce n’est donc pas que le fait que Yayi refuse de prendre sa retraite politique qui gène de l’autre côté mais les conséquences que cela induit sur la carrière politique de certains. Comment comprendre qu’après 8 ans de gestion du pouvoir d’Etat, la Rupture soit toujours là à voir Yayi partout ?
M.M