Première soirée
La pièce »L’autre » est interprétée par un duo constitué de deux jeunes danseuses, l’une représentant le Congo et l’autre la France. Il s’agit respectivement de Diana Magré et Bénédicte Mabiala. L’entrée en scène est effectuée sur un black out de quelques secondes dans un silence radio puis après une lueur de lumière bleue de l’aube et ensuite légèrement intensifiée par des lumières du jour. On voyait clairement les deux acteurs faire des va et vient sur un plateau mesure par des bandes, tracée. Dans un bref moment de groove, des mouvements de dépassement provoquant, à peine voilés, mélangés à de la danse douce. Puis le calme se réinstalle sur le tableau qui affiche les deux danseurs presque en conflit. Quelques instants plus tard, la voix de Diana Magré et Bénédicte Mabiala, les deux danseuses, se fait entendre. « C’est pas moi, c’est l’autre. J’ai vu une personne qui ne veut pas se retourner, pourquoi moi j’ai levé la tête et pas eux », dans un ton assez fluet et un peu prononcé après. Et des mouvements de pop s’installent.
Alors c’est une pièce de danse contemporaine qui se lit comme un miroir. Miroir qui se promène le long de l’existence humaine au travers des attitudes quotidiennes accusatrices et rébarbatives, qui souhaitent toujours prendre pour responsable l’autre en toute action et circonstance. Une pièce qui focalise l’attention sur l’intérêt pour l’humanité à faire une place à l’amour sinon plus de place à l’amour dans le quotidien et briser frontalement les liens de discorde et du conflit.
Dans cette pièce dont la sensibilité révèle la caverne du cœur, l’émotion s’exprime sous toutes ses formes et même a pris de l’ascendance dans les différents tableaux qui se sont succédé depuis l’introduction à la chute. Aussi riche que diversifiés qu’ils sont, ces tableaux accrochent par leur harmonisation et synchronisation puis suggère que l’union soit la denrée prisée et idéalement épousée du grand nombre. Il faut remarquer de façon formelle entre les deux danseuses qu’il y a une belle orchestration à travers les mouvements d’ensemble comme individuel sauf que la chute de la pièce n’a pas forcément respecté les principes du plateau de départ qui était un faux plateau installé exprès à travers les bandes même si elles sont arrachées après.
Teddy GANDIGBE
