La rencontre Patrice Talon-le parti Les démocrates, conduit par son président Boni Yayi, continue d’alimenter la polémique, 5 jours après. Au fur et à mesure que des séquences vidéos des échanges entre le chef de l’Etat et ses invités sont diffusées, on se rend compte qu’il y a un camp qui se refuse à voir les choses comme elles sont.
Au début de la rencontre, le chef de l’Etat a voulu que les échanges se déroulent sans langue de bois. Mais après, on a constaté que seuls Boni Yayi et Eric Houndété sont restés dans ce registre. Ils ont pris au mot Patrice Talon et aujourd’hui, cela joue contre eux. Pourtant, ce qu’ils ont dit, c’est ce qui se dit ici et là, et ce n’est pas loin de la vérité. Explorant les possibilités pour que le parti Les Démocrates ait au moins un représentant dans les institutions qui interviennent dans le processus électoral, notamment la Cour constitutionnelle, Eric Houndété a voulu savoir s’il ne serait pas possible que le chef de l’Etat fasse démissionner un membre de la Cour constitutionnelle, afin de le remplacer par un membre du parti Les Démocrates.
Il ne fallait pas plus pour faire réagir énergiquement son hôte. Patrice Talon s’est montré scandalisé par cette proposition qui, selon lui, est une « manipulation des Institutions de la République au gré de l’esprit partisan ». « Pourquoi voulez-vous qu’on remette en cause ce qui est une réussite parce que vous voulez avoir quelqu’un là-bas ? Vous, vous êtes qui ? Le Bénin est au-dessus de chacun de nous », a répondu le chef de l’Etat. Une réaction qui fait penser que c’est le parti Les Démocrates qui incite le président à manipuler les institutions de la République au gré de ses intérêts, comme si cela n’avait jamais été le cas. Pourtant, les Béninois ont encore en mémoire, qu’en pleine installation des maires aux communales de 2020, le processus a été interrompu pour retourner au Parlement, changer le code électoral afin de permettre aux deux partis siamois soutenant le chef de l’Etat de nommer directement les maires. Ceci parce que, par endroits, les élus communaux refusaient d’élire ceux que leur imposaient les responsables de leurs partis.
N’est-ce pas un exemple palpable de manipulation de l’Institution qu’est l’Assemblée nationale au profit des partis soutenant le pouvoir en place ? Dire aujourd’hui que les institutions marchent bien et qu’il ne revient pas au parti Les Démocrates de chercher à manipuler une institution n’est-il pas une économie de vérité?
Quid du cas Fcbe ?
La demande de Eric Houndété laissait entendre, en effet, que l’opposition au régime Talon n’est pas représentée à la Cour constitutionnelle. Ce à quoi le chef de l’Etat a répondu que la Fcbe y est représentée. C’est alors que Boni Yayi a dit que la Fcbe n’est pas de l’opposition. Evidemment, le parti de Paul Hounkpè a répliqué. Au cours d’une conférence de presse, mercredi dernier, la Fcbe accuse l’ancien chef d’Etat de calomnier, vilipender et de traîner les responsables Fcbe dans la boue. Mais en réalité, tout le monde sait le rôle de faire-valoir de l’opposition joué par la Fcbe lors des communales de 2020 et la Présidentielle de 2021. Depuis, dans la conscience collective, les Béninois ne perçoivent pas la Fcbe pour un vrai parti d’opposition. On aura beau essayé d’édulcorer la vérité, elle n’en sera jamais une.
Si aujourd’hui on condamne le parti Les Démocrates pour ces propos tenus en face du chef de l’Etat, on devrait être honnête pour reconnaître que le parti n’a répété que ce que tous les Béninois savent. Un adage fon dit on sait d’où le bébé est sorti, pourtant on soigne les hanches. Au final, c’est le parti Les Démocrates qui a tenu un langage de vérité à cette rencontre. Il a parlé sans langue de bois, et on s’en sert pour le montrer comme le parti qui veut manipuler les institutions au gré de ses intérêts.
M.M