Dans le cadre de sa Quinzaine pour la célébration des 75 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme (Dudh), l’Ong Changement social Bénin a rendu publique ce jeudi, 30 novembre 2023, des rapports sur les droits humains en milieu carcéral au Bénin, la situation des femmes privées de liberté ainsi que du monitoring du processus électoral de 2023.

Le contenu desdits rapports a été dévoilé par le truchement d’une conférence de presse qui s’est déroulée au siège de l’Organisation à Abomey-Calavi. Desdits rapports, il ressort des statistiques inquiétantes qui interpellent. A en croire Montesquieu Hounhoui, Chargé de programme de l’Ong Changement social Bénin, 1055 hommes et 101 femmes en détention ont été rencontrés dans les onze (11) établissements pénitentiaires du Bénin par la mission de monitoring des droits humaines en milieu carcéral notamment du 13 avril au 15 juin 2023. Outre la surpopulation carcérale constatée dans toutes les prisons et maisons d’arrêt, la plupart sont en attente de jugement. Sur les 1055 détenus interrogés, 459 personnes ne sont pas encore condamnées alors qu’environ 79% ont déjà passé plus de six (06) mois sans être écoutés par un juge. “Au terme des entretiens avec les personnes privées de liberté, il se dégage que dans certains établissements pénitentiaires, les dossiers de certains détenus sont perdus pour diverses raisons. Ce qui fait d’eux, des oubliés dans les établissements pénitentiaires“ révèle le rapport global. Selon Montesquieu Hounhoui, du monitoring, il ressort également que des personnes continuent d’être détenues alors qu’elles ont fini de purger leur peine.

Evoquant le droit à l’assistance juridique, il a fait savoir que sur les 459 personnes poursuivies, seulement 17% soit 79 personnes bénéficient des services d’un avocat. Tout en déplorant les conditions de détention, il fait ressortir des sanctions disciplinaires infligées aux détenus, jugées comme étant des traitements dégradants. Il s’agit entre autres des châtiments corporels, l’isolement cellulaire. Quant aux personnes handicapées privées de liberté, il n’a été noté aucune mesure spécifique et elles se retrouvent détenues dans les mêmes bâtiments que les autres. Si l’Ong Changement social reconnait une amélioration de la qualité des rations alimentaires, il est déploré une faible présence des toilettes dans les bâtiments tandis que les femmes ont confié avoir des difficultés à gérer leur hygiène menstruelle. “La quasi-totalité d’entre elles ne connaissent pas la date de leur jugement“ laisse entendre Montesquieu Hounhoui.

“54% des personnes privées de liberté interrogées n’ont pas été informées à leur entrée dans les établissements de leur droit à un examen médical et 96% encore moins de la possibilité de se faire examiner par le médecin de leur choix…60 personnes sur 1055 soit 6% n’ont pas accès aux soins médicaux gratuitement. En ce qui concerne les médicaments essentiels, 43% n’y ont pas accès“ révèle le rapport global. Des cas de décès y sont également enregistrés et selon le rapport de l’Ong Changement Social, cela résulte parfois des maladies, du manque de diligence dans l’évacuation des malades, du stress etc. Pour l’Organisation, le constat est que les peines non privatives de libertés sont également très peu prononcées.

 

Situation des femmes privées de liberté…

 

Sur les 101 interrogées, “57% d’entre elles n’ont pas encore été condamnées…La plupart des motifs de condamnation sont de nature délictuelle…90%  des détenues non condamnées ne bénéficient pas de l’assistance d’un avocat pour 10% bénéficiant d’un avocat non commis d’office…Seulement, 5% d’entre elles connaissent la date de leur jugement…Sur les 82 femmes ayant affirmé vivre avec des mères de nourrissons, 77 ont déclaré que l’enfant né en prison n’a bénéficié d’aucune assistance nutritionnelle, médicale et psychosociale…44,6% des détenues interrogées ont déclaré loger au sein de bâtiments aérés, 76,2% ont des bâtiments ventilés et seulement 55,4% ont des bâtiments dotés de toilettes. 29% estiment que les conditions d’hygiène au sein de leurs bâtiments sont mauvaises et 2% vont jusqu’à qualifier leurs conditions d’hygiènes d’inhumaines…15% ont déclaré avoir des difficultés à gérer leur hygiène menstruelle“ révèle le rapport global. Le rapport sur le monitoring des droits humains durant le processus électoral ainsi que les recommandations de l’Examen périodique universel ont été présentés aux professionnels des médias. Plus d’une dizaine de rapports ont été rendus publiques et sont accessibles voire téléchargeables sur le site de l’Ong Changement social Bénin.

 

A.B

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