La passe d’armes entre l’Assemblée nationale notamment le Président de la Commission des finances du parlement, Gérard Gbénonchi et les centrales syndicales notamment le secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes (Csa-Bénin), Anselme Amoussou se poursuit au sujet d’un supposé boycott de l’étude du projet de budget général de l’Etat. La polémique quoique jugée inutile et inopportune par plusieurs observateurs semble s’éterniser. A qui profite finalement une telle guéguerre ?

 

Que gagnent les centrales syndicales et le parlement dans cette polémique qui semble perdurer ? A qui profite cette escalade qui n’aurait jamais dû exister ? La question reste toute posée et trouve sa pertinence dans le fait que les deux parties ne perçoivent toujours pas la nécessité de passer à la trappe cette polémique qui visiblement, n’apporte pas une réponse aux préoccupations des béninois. En effet, tout est parti des premières déclarations du député, Gérard Gbénonchi, accusant les centrales syndicales de boycotter depuis trois ans, les audiences publiques organisées dans le cadre de l’étude du projet de budget général de l’Etat. Une accusation rejetée par les confédérations syndicales qui témoignent de leur bonne foi à toujours apporter leurs amendements sauf que cette fois-ci, le document n’a pas été mis à leur disposition. Et comme pour ne pas laisser le débat se clore de cette façon, le député, Gérard Gbénonchi, président de la commission des finances est revenu à la charge. « …

Ce mardi 14 novembre 2023, nous attendions en premier les centrales syndicales et après les organisations de la société civile. Mais à notre grande surprise, les députés étaient là très tôt à 10h et ont attendu jusqu’à midi mais nous n’avons pas vu les centrales syndicales. Ce n’est pas la première fois. Depuis trois ans, c’est à dire depuis 2021, c’est ça le comportement des centrales syndicales que nous notons. En 2021, elles étaient venus se balader un peu dans la maison puis elles se sont repliées. L’année dernière, en 2022, elles ne sont pas arrivées. Elles ont brillé par leur absence mais elles n’ont pas fait de déclaration. C’est pourquoi nous n’avons jamais répondu. Mais cette année, elles ne sont pas arrivées mais c’est suivi de déclaration tapageuse sur certaines antennes…Elles ont dit dans leur déclaration que si elles ne sont pas arrivées , c’est parce qu’elles n’ont reçu aucun document budgétaire.

Je pu vous dire que sur ce point, elles font économie de vérité parce qu’elles savent pertinemment que nous sommes arrivés à la dématérialisation des documents budgétaires. Cette année, aucun député de l’Assemblée nationale du Bénin n’a reçu de documents budgétaires y compris moi-même président de la Commission des finances et des Échanges… Donc nous sommes passés à cette phase là et aucun de ceux que nous avons invités cette année n’ont reçu de documents budgétaires. Et pourtant vous avez vu après l’absence des centrales syndicales, toutes les autres structures programmées étaient au rendez-vous. Elles ont eu accès à la plateforme et nous ont présenté leurs observations. Pour ce qui concerne les centrales syndicales, les services de l’Assemblée nationale nous ont attesté que les documents téléchargés leur sont envoyés par mail.

La CSA a reçu les documents de l’Assemblée nationale par mail. Mais elles ont dit pourquoi c’est à une seule centrale que nous avons envoyé les documents alors que par le passé, ces centrales syndicales se mettaient ensemble pour faire le travail et elles viennent ici pour nous présenter leur travail. Leur préoccupation est ailleurs. Les centrales syndicales ne veulent plus venir à l’Assemblée nationale et elles ont, depuis trois ans, décidé de boycotter les audiences publiques… », a lancé le député Gérard Gbénonchi, dans des propos relayés sur les réseaux sociaux.

La réplique des centrales syndicales…

Si les responsables syndicaux refusent d’entretenir la polémique, ils déplorent toutefois des propos du député, président de la Commission des finances. Pour Anselme Amoussou, secrétaire général de la Csa-Bénin, il était simplement question pour le député Gérard Gbénonchi de reconnaître qu’il y a eu dysfonctionnement et c’est ce qui aurait justifié le fait que le document ne soit pas mis à la disposition des confédérations syndicales. “Déjà, nous, nous n’avons pas fait un boycott. On a juste été mis devant le fait accompli qu’il n’y avait pas le document de travail et si on n’a pas le projet de budget, sur quoi on veut aller opiner à l’Assemblée nationale…On a relancé les gens pour avoir le document, on n’a pas eu le document…Deuxièmement, il dit que depuis trois ans nous avons boycotté cet exercice devant la Commission budgétaire, ce n’est pas vrai. Moi, j’y étais encore jusqu’en 2021. En décembre 2021, j’y étais, j’ai conduit la délégation de la Csa-Bénin. Il y avait la Cgtb, la Cosi-Bénin, la Cstib, il y avait toutes les organisations syndicales qui étaient représentées et on a fait le travail qu’on est allé présenter“ a laissé entendre Anselme Amoussou. Et de déplorer “… je trouve que ce n’est pas très responsable de la part du député parce que nous, nous ne sommes pas dans la polémique en fait“.

 

Ce que le parlement a manqué de faire….

Alors que le président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale reste campé sur sa position de faire croire à l’opinion que les centrales syndicales ont délibérément choisi de boycotter les audiences publiques initiées dans le cadre de l’étude du projet de budget, de tels propos gagneraient de crédit si les choses avaient été faites convenablement. En effet, si le député Gérard Gbénonchi reste convaincu qu’avec la dématérialisation des documents budgétaires, il n’était plus nécessaire de mettre le document physique à la disposition des centrales syndicales, l’idéal serait d’en informer celles-ci. Il suffisait juste d’une précision dans l’invitation, les invitant à accéder au document sur telle ou telle plateforme, que la polémique n’aurait pas droit de cité. Ce qui n’a pas été fait, selon Anselme Amoussou. Peut-être même que l’opinion publique prendrait fait et cause pour le député Gérard Gbénonchi depuis ses premières déclarations. Mais ne pas le faire peut bien paraître comme un dysfonctionnement du processus. Et dire dans un premier temps que le document n’a été envoyé à personne pour revenir dire ensuite que le document téléchargé a été envoyé à une seule centrale syndicale semble décrédibiliser les propos du député. Pourquoi avoir fait l’option, si cela est avéré (au regard de la polémique), de n’envoyer le document qu’à une seule confédération syndicale ? A-t-elle l’injonction de partager avec les autres centrales syndicales ? De toute façon, les deux parties gagneraient à aplanir leurs différences et mieux se préoccuper des attentes des béninois. Cette polémique semble ne rien apporter au débat relatif au bien-être et au mieux-vivre des béninois.

A.B

Quid de l’impact de ces audiences publiques…

Initiées dans l’optique de recueillir les observations dans le processus d’étude du projet de budget de l’État à l’Assemblée nationale, les audiences publiques mobilisent plusieurs organisations qu’elles soient syndicales, patronales, de la société civile ou encore de l’institution consulaire. Toutefois, si lesdites audiences publiques se révèlent nécessaires pour prendre en compte les attentes des populations, il importe d’évaluer l’impact de la démarche à un moment donné. Quel est l’impact de ces audiences sur l’adoption du budget général de l’Etat ? “…même si nous savons qu’habituellement, c’est du folklorique. Moi je sais par exemple que nous avons, depuis que moi je fais cet exercice, on n’a jamais obtenu un changement dans le projet de budget qui est venu de cet exercice que nous avons fait devant les députés“ a laissé entendre Anselme Amoussou, de son côté. Il est peut-être temps d’exposer à l’opinion publique, l’impact de ces audiences à ce jour. Peut-être que la polémique aura finalement servi à quelque chose…

A.B

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