Au Bénin, les enquêtes résultant de drames ou de bavures, qu’elles s’appellent bavures policières, douanières ou militaires, demeurent toujours sans lendemain. Même si dans le supposé raid douanier d’il y a quelques jours et ayant occasionné la mort tragique d’une dame à Ekpè on parle déjà de l’interpellation d’un agent, la douane compte également faire une enquête pour élucider cette énième bavure. Mais on s’interroge.
Des drames et bavures policières, le pays en a connu ces dernières semaines voire mois. Rien que pour 2023, il y a eu le drame de Dassa-Zoumè le 29 janvier avec près d’une trentaine de morts, des blessés graves et des dégâts matériels dans l’incendie d’un bus de transport. Jusque-là, les responsabilités ne sont clairement pas situées. Et on n’en saura pas davantage, outre les rumeurs et le fait que le responsable de la compagnie de transport a été interpellé puis relâché quelques jours après.
Au stade de l’amitié Général Mathieu Kérékou, le 17 juin, c’est une bousculade à la faveur d’un match Bénin VS Sénégal (1-1) comptant pour les éliminatoires Can Côte d’Ivoire 2023, qui a dégénéré faisant deux morts et des blessés. Trois commissions d’enquête (Justice, Fédération béninoise de football, ministère des sports) ont été mises en place pour situer les responsabilités. Mais depuis, que dalle. La nuit du 4 au 5 septembre, c’est Martin Hounga, jeune de 18 ans qui a été mortellement atteint par balles à Hèvié. Selon les témoins, c’est un fonctionnaire de la Police républicaine qui aurait dégainé pour refus d’obtempérer dans un contrôle du taxi moto qui aurait pris Martin. L’affaire a fait grand bruit dans l’opinion en général. Dans la foulée, la hiérarchie policière rend public un communiqué sur le site d’information de la police républicaine et promet des enquêtes : « (…) Face à cet événement tragique, la Police républicaine reste sensible à l’émotion ressentie par la population.
Impossible pour des familles des victimes de faire leur deuil, conformément à leurs rites. Les tests Adn pour l’identification des corps calcinés, attendus. Le dernier cas de bavure en date est celui d’il y a quelques jours qui a entraîné la mort d’une dame qui a reçu une balle perdue, ce 12 novembre à Ekpè. L’institution douanière aurait rassuré, selon plusieurs sites d’information, qu’une enquête va être ouverte pour déterminer les circonstances précises de l’incident et pour répondre aux préoccupations de la famille endeuillée. Mais déjà, on apprend qu’un agent des douanes a été mis aux arrêts pour les besoins de l’enquête dans cette affaire.
Seulement que…
D’aucuns saluent déjà dans les médias, ces interpellations qui ont commencé dans ce dernier dossier qui défraie la chronique. Mais, n’est-ce pas trop tôt de s’en réjouir ? Cette interpellation présage-t-elle d’une suite et fin claire de cette bavure ? Quand on se rappelle que pour le cas Dassa-Zoumè, il y a eu également dans un premier temps des interpellations puis ces personnes ont été relâchées par la suite, n’y-a-t-il pas lieu de s’interroger d’autant même qu’à part la version du Ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, Alassane Seïdou à l’Assemblée nationale suite à l’interpellation du gouvernement par des députés de l’Opposition, aucune conclusion n’est connue de ce drame ? Peut-être que dans le cas Hêvié avec la mort de Martin Hounga, des policiers ont écopé de sanctions en catimini.
Mike MAHOUNA