Un nième incendie mortel causé par l’essence de contrebande communément appelée “Kpayo“ vient renforcer plus que jamais l’option de la suspension définitive de ce commerce, pourtant combattu sans succès depuis de longues années. Bien que cette option parait indispensable désormais, d’importants obstacles se dressent et ne devraient pas être si faciles à surmonter…

 

Si le drame de Sèmè-Kraké ayant engendré une trentaine de morts dont des enfants se révèle être le drame de trop, le gouvernement semble vouloir en profiter pour accélérer sa vision et sa politique de mise en place des mini-stations. Ceci, en réponse aux dégâts continuellement engendrés par ce business à risque.  « Le drame qui vient de se produire nous rappelle l’impérieuse nécessité de régler la question du kpayo. C’est une activité dangereuse. Elle est illicite et les personnes qui le font ne le font pas parce qu’elles veulent s’exposer aux risques liés à la contrebande, ou parce qu’elles aiment inhaler ces produits qui les rendent malades, mais parce qu’elles n’ont pas le choix », a reconnu le ministre de l’économie et des finances, Romuald Wadagni. Ainsi, selon l’autorité ministérielle, le gouvernement s’est inscrit dans la dynamique de freiner la propension de ce commerce à travers la mise œuvre d’un programme de reconversion de ces acteurs. Alors qu’environ 54 000 points de vente du kpayo seraient recensés au Bénin, le gouvernement aurait déjà réussi à reconvertir plus de 5000 acteurs au métier du textile à Glo-Djigbé. Plus important, un programme de construction de mini-stations a été également lancé depuis, semble se réjouir le gouvernement. Et dans la foulée du drame de Sèmè-Kraké, le ministre de la décentralisation et de la gouvernance locale, Raphaël Akotegnon a, dans un communiqué, invité les maires des communes à faire un point des entrepôts d’essence de la contrebande. « Suite à l’incendie survenu à Sèmè-Kraké, le samedi 23 septembre, et pour éviter la survenue de pareilles situations dans d’autres localités, il vous est demandé de vouloir bien prendre des dispositions nécessaires afin de faire le point exhaustif des sites d’entrepôt d’essence dans les villages ou quartiers de ville de votre circonscription administrative respective », lit-on. Des actions salutaires mais qui seraient encore loin de mettre un « Stop » au commerce de l’essence de contrebande au Bénin. Des obstacles se dressent bien.

Ces obstacles qu’il faudra lever

L’opinion publique semble plus que jamais convaincue de la nécessité d’en finir avec le Kpayo. Et, avec cet énième drame de samedi dernier à Sèmè-Kraké. Si le gouvernement peut se vanter d’avoir trouvé la thérapie avec l’installation des mini-stations, il faut admettre que le défi de couverture intégrale du territoire national reste entier. Malgré le nombre impressionnant de mini-stations qui continuent d’être érigées dans la capitale économique, Cotonou en manque toujours et les usagers continuent de faire l’expérience de la longue file d’attente au niveau des stations d’essence. Et il suffit d’aller un peu au-delà de Cotonou pour se rendre compte que ce chantier n’est qu’à l’étape embryonnaire. Les quelques mini-stations sont restées concentrées à Cotonou tandis que les autres communes en manquent cruellement. L’essence de la contrebande est restée le plus accessible possible et il faut que l’implantation des mini-stations comble cette attente. Faut-il le préciser, depuis la « mort » de la Sonacop, le secteur semble délaissé au privé qui, se heurte à la concurrence du Kpayo. Toute chose susceptible d’amener des opérateurs économiques à faire preuve de réticence quant à l’idée d’investir dans la mise en place des stations.

L’autre obstacle reste le prix de l’essence à la pompe. Le pouvoir d’achat des béninois s’est dégradé et la morosité économique est loin d’être aidant. Alors que malgré la hausse vertigineuse du prix de l’essence Kpayo, la plupart des usagers préfèrent ne pas aller vers les stations, il importe de mener de profondes réflexions et revoir à la baisse, le prix à la station. Si, le gouvernement estime que l’essence est accessible déjà ainsi à un prix subventionné, il est donc évident qu’il urge de subventionner davantage. Finalement, il faudra trouver le mécanisme approprié pour accélérer la reconversion des acteurs concernés par ce commerce illicite.

Faut-il le rappeler, l’incendie d’un entrepôt d’essence a causé une trentaine de décès et des dizaines de blessés graves. Selon le communiqué du Procureur de la République près le tribunal de Porto-Novo, 35 décès dont des enfants ont été enregistrés… « Selon les témoins interrogés, l’incendie aurait été probablement déclenché lors du déchargement des sacs d’essence communément appelés “Bohoumbo”, d’un véhicule de marque Nissan immatriculé AR 1937 RB. L’incendie a consumé le magasin et occasionné, pour un premier bilan, 35 décès dont un enfant, plus d’une dizaine de blessés graves évacués à l’hôpital et d’importants dégâts matériels » renseigne le communiqué du Procureur du Tribunal de première instance de première classe de Porto-Novo.

A.B

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