(Les formateurs ont conscientisé les jeunes avec des messages forts)
Le Projet d’Appui au Renforcement de la Cohésion Sociale, à la Prévention de l’Extrémisme Violent et à la Lutte contre les conflits liés à la Transhumance a démarré ses activités. A cet, il a été mis en œuvre, du 14 août au 09 septembre 2023, l’activité de sensibilisation de la jeunesse béninoise sur les risques de son endoctrinement et de son recrutement par des extrémistes violents et des terroristes à travers divers canaux digitaux dans les zones d’intervention du projet (activité 2.1.2) au niveau départemental.
L’objectif poursuivi est de renforcer la résilience des jeunes en particulier et de la population en général face aux phénomènes d’extrémisme violent et de terrorisme. Débutées le 14 août par Kandi dans le département de l’Alibori, les séances de sensibilisation des cibles se sont poursuivies dans le Borgou (Parakou) du 21 au 25 août ; dans l’Atacora (Natitingou) du 28 août au 1er septembre et dans la Donga (Djougou) du 04 au 08 septembre.
Les cibles, à savoir les leaders religieux, têtes couronnées, sages et notables, enseignants (français et arabes), leadeurs d’opinion, organisations de la société civiles, les jeunes, associations de jeunes et de femmes, journalistes, webs activistes, conducteurs de taxi inter-villes, transporteurs, éleveurs et agriculteurs, conducteurs de taxi moto et de tricycle et les Forces de Défense et de Sécurité, sont venues des communes bénéficiaires du projet et se sont retrouvées dans chacun des quatre chefs-lieux de département où elles ont échangé sur les risques d’endoctrinement et de recrutement des jeunes par des extrémistes violents et des terroristes. Les séances de sensibilisation ont été animées d’une part par des panels composés de fonctionnaires des Forces de Défense et de Sécurité et d’autre part, par des acteurs ayant assisté aux premières séances ; tous retenus sur la base de leur niveau de compréhension de la thématique et de leur expérience en matière de sensibilisation. Il faut souligner que cette activité sur la série de sensibilisations vient près l’atelier de validation du rapport de l’étude de démarrage qui s’est tenu les 04 et 05 juillet 2023 à l’Hôtel Kobourou City de Parakou. Au terme de l’exercice de sensibilisation, certains formateurs se sont confiés.
EKOUE Rosaline, Assistante sociale, Chef du Centre de Promotion Sociale 1 de Parakou
« Le thème de l’extrémisme violent est très sensible. Malgré cela, les populations de Parakou sont sorties pour écouter. Je crois que dans leurs propos, dans les questions qui ont été posées, tout le monde est maintenant engagé pour travailler la main, dans la main avec les forces de défense et de sécurité pour la dénonciation des comportements suspects, de certains faits. Ils sont conscients que ce n’est pas tout qu’il faut prendre parce que les gens peuvent passer par les dons soit financiers et matériels et les enrôler. Ils ont pris conscience maintenant pour se dire lorsque quelqu’un amène un don il faut se poser la question et se demander qu’est ce qui est derrière cela. Je dirai que ça été une bonne séance et que si l’engagement pourrait être respecté sur le terrain, ça serait une bonne chose. Nous avons aussi bénéficié de l’appui des forces de défense et de sécurité qui sont disposées à travailler avec les populations car dans tout cala, il est question de notre propre sécurité. Chacun sait désormais qu’il doit assurer sa propre sécurité, la sécurité de sa famille, la sécurité de son entourage.
Et dans la séance, ce qui m’a le plus motivé est la présence des jeunes. Ils sont le plus dans le viseur des extrémistes qui les enrôlent facilement en exploitant le chômage qu’ils vivent. Par rapport au chômage, l’Etat fait beaucoup mais ne peut pas tout faire pour nous. De façon globale, les jeunes ont compris que l’heure est grave et qu’il ne faut pas se donner à tous. Nous avons aussi profité pour parler aux parents qui étaient présents. On a mis l’accent sur l’éducation des enfants car c’est très capital. L’enfant éduqué aujourd’hui est le père ou la mère de demain et un enfant éduqué est un homme qu’on gagne. L’éducation repose sur trois piliers : l’éducation familiale, l’éducation à l’école et enfin l’éducation de la rue. Mais nous avons constaté que l’éducation de la rue déforme maintenant ce que la famille et l’école font.
Donc c’est sur cela que nous avons mis l’accent pour dire aux parents d’être encore plus vigilant, suivre de près leurs enfants pour que lorsqu’ils découvrent avec eux un bien matériel qu’ils ne leur ont pas acheté qu’ils les interpellent en même temps et cherchent à connaitre la provenance. C’est important. Et s’il n’a pas de précisions, s’il a des flous, qu’ils confient cela à la police qui pourra approfondir les recherches, car un enfant peut naïvement être enrôlé et après ce serait compliqué et pour lui et pour toute la famille. Il faut être très regardant, même par rapport aux habits que les enfants portent. Car l’habillement, la coiffure donnent une idée de ce qui se passe dans la tête de l’enfant et son des indices de début de dérive. La déviance devient de plus en plus trop et nous tendons vers un monde insécurisé et c’est ce que nous ne voulons pas et c’est pourquoi avec l’appui des partenaires, le Pays Bas et le PNUD, nous avons regroupé la grande majorité de la population de Parakou pour en parler ».
Koudous ADAMBI (Enseignant à Parakou)
« Je n’ai pas appesanti ma communication sur la jeunesse mais sur les parents parce que j’estime que les parents ont une grande responsabilité par rapport aux déviances qu’on constate chez les jeunes. Nous avons dit aux parents que l’éducation de la maison est plus sensible parce que si celle-ci échoue, c’est inévitable que celle de l’école aussi échoue et l’enfant n’aura de repère que les choses apprises dans la rue et c’est dangereux. Un enfant qui ne respecte pas ses parents à la maison ne va pas respecter son maitre à l’école, son professeur à l’université.
En effet, c’était pour moi important d’insister sur l’éducation car elle a un lien avec la thématique de l’extrémisme violent. Lorsque l’enfant n’est pas bien éduqué, il a tendance à aller chez n’importe qui et rentrer n’importe où. Lorsque l’enfant est bien éduqué, les parents doivent savoir avec qui il collabore, qui sont ses amis. Il doit dire comment il a passé la journée à ses parents et ainsi, au vu des éléments qui se dégagent de ses récits, les parents pourront lui faire des mises en garde s’ils notent des tendances qui peuvent être problématiques demain. Ainsi, les parents guident constamment ses pas et lui évitent de mauvais comportements. Si nos enfants, à la base sont bien éduqués, ce serait difficile, très difficile qu’on les embobine dans des entreprises de terrorisme et de criminalité. Nous allons continuer à parler aux enfants et surtout aux parents pour qu’ils prennent leur responsabilités ».
Azimi SIDIBE YACOUBOU Animatrice rurale, Membre de l’amicale des faiseurs d’opinion de Parakou)
« Nous sommes venus écouter et nous avons transmis ce que nous avons écouté par rapport à l’extrémisme violent. Nul n’est aujourd’hui sans savoir que ce qui se passe dans notre pays est très grave. Cela se passait ailleurs et on apprenait. On ne s’attendait pas à ce que cela rentre chez nous. Mais c’est là. Nous avons constaté que ce phénomène prend tellement de l’ampleur au point où ils sont en train de recruter nos propres enfants, nos frères, nos sœurs. Voilà pourquoi nous avons voulu parler avec nos frères, nos sœurs afin qu’ils comprennent le danger qui les guette.
Les gens ont plusieurs manières d’entrer en contact avec eux, surtout la jeunesse qui se laisse aller sous prétexte que c’est le chômage. Il y a également la recherche du gain facile surtout par rapport à nos filles, qui se laissent embobinées. Face à cet état de choses, on est obligé de leur parler pour qu’ils comprennent à quel danger ils sont en train de s’exposer. Puisque c’est une porte de non-retour. Une fois entré, c’est difficile d’en sortir. Ils sont piégés. Après cet exercice, j’ai un sentiment de soulagement. Parce que c’était comme un poids sur le cœur. Comment faire pour que cette jeunesse change ? Comment faire pour que cette jeunesse comprenne que ce qu’ils sont en train de faire aujourd’hui est dangereux ? Il y a des enfants qui fument du n’importe quoi. C’est trop facile pour les gens de les prendre. Il y a des enfants avec des habillements et coiffures que vous ne comprenez pas.
Les parents n’ont pas de moyens que les enfants dépensent sur leur corps. Vous vous demandez où est ce qu’ils trouvent tout cet argent. Si cela continue comme cela et si on ne fait rien, un jour on sera surpris de voir que nos propres enfants sont parmi les djihadistes et c’est nous les parents qui seront tués en premier. Il vaut mieux très tôt sonner la sonnette d’alarme au niveau de tous les coins de notre pays toutes les couches afin que chacun puisse prendre ses responsabilités vis-à-vis de ses enfants. Je suis très soulagé après cette séance de sensibilisation et je souhaite que cela s’étende partout sur notre territoire afin que nos enfants soient épargnés, qu’ils évitent ces pièges à homme. En tout cas, nous on est engagé pour continuer la sensibilisation pour que jamais, au grand jamais ces extrémistes ne prennent le dessus ».
M.M
