(Dassa-Zoumè, Stade GMK, et puis quoi encore ?)

 Des commissions d’enquête pour, dit-on, élucider telle ou telle affaire qui défraie la chronique. Ce n’est pas ce qui manque ces derniers temps, principalement au Bénin sous la Rupture prônée par le pouvoir de Patrice Talon. Visiblement ça se met en place sur papier, mais rares sont celles d’entre elles dont les conclusions sont livrées à l’opinion publique nationale et internationale. In fine, l’on se demande si ce n’est pas la poudre de perlimpinpin, juste pour calmer le peuple et détourner son attention du sujet brûlant ; le temps qu’il ne passe à autre chose.

Elles ne livrent presque jamais leurs résultats. Du moins, les conclusions déposées par certaines commissions qui parviennent à déposer rapport ne sont souvent pas rendues publiques par le ou les commanditaires. Fouiner que vous n’aurez rien. La dernière enquête en date, que nous espérons, va divulguer ses conclusions, est celle relative à la mort du jeune de 18 ans, Martin Hounga qui aurait été abattu par balles à Hèvié, la nuit du 04 au 05 septembre 2023, par un fonctionnaire de la Police républicaine.

L’affaire encore floue, a fait grand bruit les premiers jours. Dans la foulée, la hiérarchie policière sort de son mutisme : « (…) Face à cet événement tragique, la Police républicaine reste sensible à l’émotion ressentie par la population. Elle tient avant tout à exprimer ses plus sincères condoléances aux proches et particulièrement à la famille éplorée. De même, elle vient par ce communiqué, rassurer l’opinion publique que cette affaire préoccupe la hiérarchie policière qui reste déterminée à faire toute la lumière sur les circonstances exactes de cet événement ». A s’en tenir à ce texte soigneusement rédigé, la population doit s’attendre à du croustillant puisqu’il n’y aura pas d’à peu près dans ce rapport. Tout sera dit avec précision, « exactitude », tel que le film de l’incident s’est déroulé.

Et c’est même deux enquêtes qui ont été ouvertes. La Police républicaine poursuit dans son communiqué : « Subséquemment, le Procureur de la République près le tribunal de première instance de deuxième classe d’Abomey-Calavi ainsi que l’Inspecteur technique de la Police républicaine sont saisis pour diligenter respectivement l’enquête judiciaire et celle administrative. Ces enquêtes ouvertes, s’effectuent de façon rigoureuse et approfondie. Le corps a été déposé à la morgue de l’hôpital de zone de Ouidah conformément aux instructions de l’autorité judiciaire. Aussi l’Institution    invite-t-elle les populations à la patience et au calme au cours de cette phase d’investigations nécessaire à la manifestation de la vérité ». Plus de deux semaines après, rien à signaler. Certainement que la Police et le Procureur en question prennent tout leur temps pour faire un travail impeccable, irréprochable. La population devra donc patienter aussi longtemps que les besoins des deux enquêtes diligentées l’exigeront.

Le cas Dassa-Zoumè

 Avant Matin Hounga, il y a eu un drame dans lequel des fils et filles du pays ont péri par dizaines dans les flammes d’un bus de transport à Dassa-Zoumè. On était fin janvier 2023. Le 1er Février, le conseil des ministres s’est penché sur la situation après avoir dépêché sur le terrain la veille, une délégation ministérielle. Au titre des décisions prises et qui transparaissent dans le compte-rendu, on lit entre autres : « (…) le Conseil a instruit : le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et de la Législation, pour engager les poursuites appropriées à l’issue des enquêtes en cours. ». Peut-être que neuf (9) mois après les enquêtes sont toujours en cours c’est pourquoi seul le patron de la compagnie de transport avait été interpellé et relâché. En tout cas, à ce jour, nous sommes loin de savoir la suite donnée à ce dossier et si d’autres personnes coupables ou complices ont été épinglées.

Stade de l’amitié GMK

Au stade de l’amitié Général Mathieu Kérékou, le 17 juin 2023 à Cotonou, c’est une bousculade à la faveur d’un match Bénin VS Sénégal (1-1) comptant pour les éliminatoires Can Côte d’Ivoire 2023, qui a dégénéré faisant deux morts et des blessés. Ce n’est pas une première. Cette fois-ci, on n’a pas voulu laisser faire. A la surprise générale, 3 commissions d’enquête s’enchaînent. Dans un premier temps, le parquet de Cotonou, notamment le Procureur de la République près le Tribunal de Cotonou a instruit la police pour l’ouverture d’une enquête afin de situer les responsabilités à tous les niveaux. Parallèlement le ministre des Sports Oswald Homeky désigne son conseiller technique, Jean-Marc Adjovi Boco pour prendre la tête d’une commission administrative. Il sera assisté par Julien Minavoa, Martin Assogba, Colonel Spéro Ogouchola et Bienvenu Alladassi. La mission à eux assignée est de clarifier les circonstances du drame du stade et de se pencher sur la récurrence des difficultés liées à la gestion des flux humains lors des matchs internationaux.  Est-il besoin de souligner que cette commission d’enquête administrative dispose d’un mois pour déposer son rapport ? De façon pratique, la commission Jimmy Adjovi Boco devrait déjà finir avec cette enquête depuis juillet. Mais jusque-là, trois mois après, rien n’a filtré. Ont-ils déposé rapport ? Qu’ont-ils trouvé ? Que proposent-ils en retour pour prévenir de tels drames ? Autant de préoccupations qui ne trouveront malheureusement pas de réponse tant que les conclusions du travail ne seront rendues publiques. Mëme constat du côté de la Fédération béninoise de football qui a aussi mis en place une commission d‘enquête pour la même cause. Elle est présidée par le deuxième vice-président de la Fbf, Magloire Oké et avait 4 jours pour rendre son rapport. Le contenu dudit document, s’il existe, n’est pas encore connu du public.

Confondue, la ‘’grande gueule’’ Martin Assogba même préfère le silence

Ce qui retient l’attention ici, c’est la présence de la grande gueule Martin Assogba dans l’une des commissions, notamment celle du ministère des sports. Acteur de la société civile, président d’une Ong qui fait de la reddition de compte son cheval de bataille, celui que l’on désigne généralement par Alcrer (allusion faite à l’Ong), a perdu du coup son latin voire sa verve. On pourrait s’imaginer la réaction de M. Assogba si c’était un dossier que gérait l’opposition à sa manière depuis ce temps. Pourtant sur une chaine de radio, Peace Fm le 25 juin 2023 après sa désignation dans ladite commission, le président de l’Association de Lutte Contre le Racisme l’Ethnocentrisme et le Régionalisme (Alcrer) faisait savoir que le cahier des charges de la commission ne permet pas à ses membres de rendre publics les résultats sur l’événement malheureux et qu’il leur revient de transmettre ces résultats au commanditaire qu’est le ministre Homéky. « Quand vous êtes dans une commission et qu’il y a un commanditaire, vous ne révélez pas ce que vous faites à tout le monde.

Nous sommes obligés de faire le silence, de faire le mort d’abord et de faire notre travail et de rendre compte au commanditaire qui est le ministre des sports. Et ce serait lui qui va dévoiler ce que nous, nous avions fait, pour lequel nous lui rendons compte », va-t-il déclarer. Cependant, ce préalable observé dans la démarche, le commanditaire a l’obligation de divulguer le rapport au nom de la transparence et de la reddition de compte, semble souligner le président de Alcrer. « Nous allons dire à monsieur le ministre : vous nous avez mis en place sur une investigation sur l’acte malheureux et il faut rendre compte au peuple. Moi je suis avec ma structure à Alcrer. Nous sommes spécialistes des questions de reddition de compte », avait-il martelé. Où en sommes-nous donc par rapport à cette interpellation que l’acteur de la société civile entend faire ? Visiblement il a préféré le silence.

 

Worou B.

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