James Germain est un artiste musicien chanteur compositeur et interprète  d’origine africaine né en Haïti. De passage sur sol béninois, il lève un coin de voile sur sa vie, sa passion et ses projets.

 

Matin Libre : On vous entend souvent dire que vous êtes béninois et vous avez fait un tour sur votre sol ombilical, dites-nous quel est le réel motif de cette descente ?

James Germain : ce n’est pas la première fois que je suis venu au Bénin. La première fois je partais au Fespaco et je me suis arrêté ici et les choses ont fait que je n’ai pas pu recevoir ma valise. Alors je suis resté un peu et puis comme ça j’ai visité Ouidah et fait un tout petit peu connaissance avec le Bénin. Après, je suis revenu en 2021 et je suis resté pratiquement plus d’un mois. Là, j’ai eu le temps nécessaire de me balader un peu dans le Bénin pour aller découvrir la trace de l’histoire de nos ancêtres qui ont fait la traversée pour arriver jusque  là-bas en Amérique. C’est vrai que pour moi en tant qu’artiste, il est si bien de connaître mon histoire et comme ça je pourrais mieux la diffuser. Et il faut rappeler que déjà en 2007 j’ai fait ce premier pas en Afrique et j’étais au Mali où j’ai passé trois ans. Le Bénin pour moi c’est ma source. Et je pense que le Haïti et le Bénin c’est des miroirs.

Dans le paysage et dans les marchés c’est les mêmes traits. Nos ancêtres ont subi l’esclavage et  nous on a gardé les séquelles. Donc quand on vient au Bénin c’est un peu comme si on est venu à la source pour se purifier et se ressourcer. Et pour cela, quand quelqu’un meurt en Haïti nous disons que son âme se dirige vers Allada et il y a des rituels que nous faisons à cet effet pour accompagner l’âme. Alors pour moi ma présence ici aura toujours un sens même si je venais juste pour me reposer ou pour travailler. Au moins je sais que je suis chez moi. Même si c’est difficile de se faire accepter avec le temps les gens finissent par nous reconnaître. Le continent Africain pour nous Afro Caribéens est très important parce que notre foi, je veux dire notre racine est là. Et moi mon travail est d’en parler à ceux qui ne connaissent pas leur histoire. Ceux qui n’ont jamais mis pied en Afrique. Et à juste titre ce que je fais à travers la musique. Malheureusement on manque d’éducation, on manque d’information sur des détails importants qui nous concernent.

Est-ce que James à travers sa prospection en Afrique  arrive à rendre perceptible cette information cette réclamation de l’africanité de l’autre côté du Haïti ?  

Je pense que les choses se font petit à petit. J’essaie à ma manière de faire voir ma chère Afrique ou que dis-je  notre chère Afrique à mes autres frères qui sont  de l’autre côté et qui n’ont jamais eu l’opportunité de mettre pied sur ce sol.

Sous quel pseudonyme évolue James en tant qu’artiste ?

 A l’état civil c’est James Germain et je l’utilise également pour ma carrière.

Si on doit remonter le temps, votre aventure musicale a commencé quand ?

L’aventure a commencé très jeune. Ma première fois où j’ouvre ma bouche pour chanter c’était à l’école. Et puis il y a eu les chorales dans les églises. J’avais six voire sept ans. Alors vers dix ans, j’ai commencé une école de chant, l’académie musicale. Et là j’ai été vraiment encadré au niveau du chant. En 1989  je suis parti en France. Ensuite je suis retourné avec une bourse en 1990 pour m’enrichir. Puis après j’ai poursuivi mes études en musique et autour de 1993 j’ai commencé par faire la scène.  Ma première vraie scène c’est au Théâtre de la ville.  J’ai côtoyé aussi beaucoup le théâtre. La Tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire à  Avignon ainsi pas mal de spectacle vivant. Tout cela m’a permis de rencontrer pas mal de personnes et de me professionnaliser davantage.

Cela m’a ouvert pleines de portes. Je chantais devant mon miroir pour commencer et dans ma tête je me créais mon public et donc c’est là un peu le début du rêve qui aujourd’hui est chose réelle. Ce rêve je l’ai toujours nourri vu que j’étais différent de tous les enfants de ma zone. J’étais le seul Albinos. Et du coup ça pousse la curiosité. Les enfants de mon quartier St Antoine m’appelaient même  blanc   pour me montrer que j’étais différent d’eux. Mais j’avais toujours mon objectif, c’est la musique.

Aujourd’hui, il a capitalisé 20  ou 30 ans de carrière…  

J’ai 55 ans d’âge  avec  une quarantaine consacré à ma carrière. Je suis très fier parce que pendant toutes ces années depuis mon enfance à ces jours, je suis très heureux. Puisque j’ai pu avoir la liberté de faire ce que j’ai envie de faire. Et mes parents ne m’ont jamais empêché d’embrasser ce métier-là.

Dans quel style de musique James évolue ?

A la base j’utilise beaucoup la musique traditionnelle, notamment la musique Vodoun. Et de là ça peut aller un peu vers le Jazz, le Gospel, la Saoul etc. ma musique est une diversité.

Quel est son rapport avec les artistes musiciens Africains ?

Ça été toujours agréable j’ai rencontré des musiciens au Burkina Faso ma première fois puis au Mali j’ai travaillé avec le grand Toumani Diabaté et son frère Mamadou Diabaté et d’autres artistes tels que Cheik Tidiane Sek.  Je crois que j’ai rencontré aussi des gens comme Lukua Kanza, il y en a avec qui j’ai eu des collaborations et d’autres je les admire de loin. Par exemple Angélique Kidjo, je l’admire bien parce qu’elle a une énergie en elle.

Et aujourd’hui vous avez un projet qui va dans le sens de l’amélioration de la musique Vodoun, parlez-nous-en.

Aujourd’hui tout ce que je récolte pour mes formations  j’essaie de transformer ça dans un projet qui va s’appeler ‘’Didassa’’  qui signifie la traversée. Et c’est en la mémoire de la tradition de mes ancêtres que j’ai initié ce projet. Je fais partie de ceux qui croient que nos ancêtres n’ont pas été toujours forcément des esclaves. Et donc je veux en profiter pour rétablir leur mémoire.

A son actif c’est combien d’albums ?

J’en ai quatre. Il y a ‘’Quatre minuit’’, ‘’Assotant’’, ‘’Créole Mandingue’’ et puis une compilation de collaboration. Dans mes chansons on retrouve la mémoire du passé, les séparations douloureuses, la paix  ainsi que l’amour également

James est de la religion Vodoun ?

Je pense que l’Africain en général est Vodoun. Avant l’arrivée de toutes les autres religions il y avait des principes, une tradition et des habitudes auxquels on s’accordait. Moi je me classe parmi ces traditions-là. Après ça n’empêche pas que j’ai d’autres fois. Je n’en dis pas plus.

 

Réalisé par Teddy GANDIGBE    

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