Hier, mardi 23 décembre 2025, Patrice Talon a prononcé son 10e discours sur l’état de la Nation devant la représentation nationale. Dans un hémicycle presque rempli, deux personnes ont pris la parole, Louis Vlavonou et Patrice Talon. Le premier a introduit le second puis a repris une deuxième fois la parole à la fin du discours.

Pour ce dernier exercice du chef de l’Etat, l’émotion était perceptible au Parlement. Mais elle a été amplifiée par les prises de parole du président de l’Assemblée nationale. Et ceci parce que Louis Vlavonou a presque déifié Patrice Talon qui quitte le pouvoir au terme de ses deux mandats constitutionnels, un fait qui est loin d’être extraordinaire au Bénin et dans la sous-région. Le président de l’Assemblée s’est inspiré des écrits d’un homme de théâtre et évangéliste sud-africain pour trouver en Patrice Talon les caractéristiques d’un chef d’Etat qui ne s’accroche pas au pouvoir. « … L’histoire de l’humanité nous renseigne que rares sont ceux qui acceptent de déposer volontairement le fardeau du pouvoir, car l’orgueil vient du dirigeant insensé. Cela vous caractérise. Puisque vous ne vous accrochez pas à cela. Puisque vous voulez faire partie des rares qui ne veulent pas s’accrocher au pouvoir. De peur de redevenir un simple mortel. Et ensuite, (citant toujours l’évangéliste, Ndlr) il termine en disant que le vrai sage, ce n’est pas celui qui prend le pouvoir, mais celui qui sait quand il faut le quitter. Et vous avez choisi vous-même quand il faut le quitter, malgré la pression. C’est ça qui vous caractérise », a laissé entendre Louis Vlavonou avant le discours du chef de l’Etat. Mais ce n’est pas fini. A la fin du discours, il revient à la charge. «… je voudrais dire combien l’émotion est grande. Et moi, ça me rappelle juste quand Jésus voulait quitter. Et quand il a rassemblé les disciples, ce qu’il a dit dans Jean 17, « Mon âme est triste, à mourir. Je veux que vous gardiez votre unité. Je ne vous appelle plus serviteurs, mais mes amis. Et l’intensité de cette émotion, qui envahit notre hémicycle, nous fait penser à ces maximes qu’on nous apprend sur le banc, les changements même les plus souhaités en leur mélancolie. Alors, nous vous souhaitons bon repos, le repos du guerrier, parce que vous avez combattu le bon combat et maintenant, la palme d’or est attendue pour être remise en mai 2026 », a poursuivi Louis Vlavonou.

Pourtant, les bons exemples existent

Au Bénin, depuis 1990, aucun président n’a fait plus de deux mandats. C’est devenu une marque déposée, renforcée d’ailleurs par Patrice Talon dans les modifications de la Constitution en introduisant que Nul ne peut de sa vie faire plus de deux mandats. Qu’il s’en tienne donc à ce principe est loin d’être une chose inédite au point de susciter chez Vlavonou tant d’émotions. Mieux, l’Afrique, ce n’est pas que le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Togo, la Guinée Equatoriale. L’Afrique, c’est aussi le Nigéria d’à côté, c’est le Ghana, le Sénégal, l’Afrique du Sud, le Cap-Vert, etc. Souvent, on a tendance à prendre les mauvais exemples pour une généralité, au point de diviniser le président qui ne révise pas la Constitution pour s’éterniser au pouvoir, alors que les exemples du genre existent dans la même région. Au Nigéria, depuis la réélection démocratique de Obasanjo, plus aucun président ne s’éternise au pouvoir. Tous ceux qui ont succédé à Obasanjo s’en tiennent à un mandat de 4 ans renouvelable une fois, comme c’est le cas aux Etats-Unis. Pendant ce temps, au Bénin, le mandat est passé de 5 à 7 ans. C’est-dire désormais au Bénin, pendant qu’un président finit son premier mandat, il ne restera qu’un an à un président nigérian pour finir ses deux mandats constitutionnels. Quid du Cap-Vert, un exemple de démocratie en Afrique depuis 1990. Ces exemples devraient être rappelés pour qu’on cesse de penser que chaque fois qu’un président quitte le pouvoir après ses deux mandats constitutionnels, il fait quelque chose d’extraordinaire.

M.M

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