(Mais le septennat a-t-il que des avantages ?)
On ne peut donc pas faire le job en 5 ans. C’est la conclusion à laquelle est arrivé Patrice Talon, à quelques mois de la fin de son second et dernier mandat à la tête de l’Etat. Hier, jeudi 18 décembre 2025, le chef de l’Etat était face à la presse. Outre le sujet de coup d’Etat déjoué, Patrice Talon a défendu le rallongement à 7 ans du mandat présidentiel contenu dans la loi N°2025-20 du 17 décembre 2025, révisant et complétant la loi n°90-32 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin, promulguée la veille.
Des innovations apportées à la Constitution du Bénin, lors de la révision intervenue le 14 novembre 2025, le mandat du chef de l’Etat passe de 5 à 7 ans, ainsi que tous les autres mandats électifs, par souci d’alignement des mandats. La loi promulguée le mercredi 17 décembre 2025, Patrice Talon a justifié cette option devant la presse, au palais de la Marina. Celui qui en 2016 affirmait être capable de faire le job en 5 ans, trouve aujourd’hui que 5 ans est trop court pour relever les défis structurels qui s’imposent au Bénin. Pour illustrer ses propos, Patrice Talon a cité des projets structurants comme la réinvention de la cité lacustre de Ganvié, la relocalisation du marché Dantokpa, le bitumage des routes ou encore la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale. A ses dires, les études et contre-expertises, longues et complexes, ont retardé l’aboutissement de ces chantiers, qui sont toujours en cours alors que le second mandat tend vers sa fin. « Le temps de l’action politique est plus long que le temps de la reddition de compte » a souligné le chef de l’Etat qui trouve qu’en cinq ans, tout ce qui se fait, c’est dans la précipitation. Pour Patrice Talon, avec un mandat de 7 ans, le président qui sera élu en avril 2026 disposera plus de marge de manœuvres pour conduire à bon port les projets contenus dans son projet de société.
Mais le septennat n’a-t-il que des avantages ?
Justifiant la prorogation du mandat présidentiel, le chef de l’Etat laisse entendre que le septennat sera au profit du Bénin et non à son profit à lui. « Quand le temps est court, il ne permet ni au bon ni au mauvais [gouvernant, ndlr] de faire quelque chose » souligne Patrice Talon. Mais si le bon gouvernant dispose plus de temps pour mener à bien les projets de développement, qu’en sera-t-il du mauvais gouvernant ? En 5 ans de mandat, les populations pouvaient mettre fin au mandat du président qui se révèle être un piètre chef d’Etat. Aujourd’hui, il leur faudra attendre 7 ans pour sanctionner dans les urnes le président qui, une fois élu, se montre peu soucieux du développement du pays, et plus enclin à renflouer ses poches et les poches de son clan. Si toutes les institutions sont sous les bottes de ce président, si l’opposition est exclue des élections, le calvaire des populations va durer au moins 14 ans, soit 4 ans de plus que ce qu’il en faut. Alors si le septennat permet au bon président de faire quelque chose, il n’est certainement pas le meilleur allié des gouvernés en cas de choix erroné de gouvernant.
M.M



