Suivez quelques impressions
NATTA Blandine, Facilitatrice communautaire

« Il y a eu deux jours d’activité qui ont porté sur les discours de haine et les discours alternatifs. En effet, nous avons eu droit à la restitution de l’atelier de Natitingou qui avait permis d’identifier ces discours de haine. On a ensuite vu d’autres propos haineux qui peuvent déranger dans la communauté et proposé des alternatives par rapport à ces propos haineux qu’on pourrait utiliser pour moins frustrer celui qui est en face de soi. Les activités ont été clôturées par une caravane afin de faire comprendre à nos parents qu’il faut éviter de tenir certains propos frustrants lors de certaines discussions, dans certains groupes. Il faut éviter de tenir certains propos qui peuvent rabaisser ou frustrer nos interlocuteurs. Je pense vraiment que c’est une démarche positive qui peut impacter beaucoup dans la commune parce que ces propos vraiment créaient beaucoup de frustrations, rabaissent les gens et ils sont obligés de riposter. Ce qui entrave la paix. Je pense que c’est une démarche à suivre et poursuivre pour vraiment installer la paix dans la commune de Toukountouna. »
PAYAMA Ponna, transformatrice agroalimentaire, trésorière coopérative Weriweï de Toukountouna

« Le message principal que la caravane a véhiculé est qu’on doit tout faire pour maintenir la cohésion sociale et savoir comment nous devons vivre en société pour avoir la paix. C’est important. Je suis vraiment très contente par rapport à cette caravane parce que les discours de haine sont des réalités que nous vivons à Toukountouna. Il y a beaucoup de propos haineux surtout entre nous par rapport aux ethnies : tel est natema, l’autre est wama, l’autre est ditamari, l’autre est fon. On a tendance à minimiser des ethnies. Parfois ce sont les appartenances religieuses qu’on utilise pour fragiliser la paix. Je suis tellement contente par rapport à l’organisation de cette caravane parce que je sais que désormais grâce à cette initiative et aux sensibilisations la situation va s’améliorer. Il faut faire des sensibilisations dans les groupements des femmes, les coopératives, les associations professionnelles».
NAHINI Charles, Maire des jeunes de Toukountouna et Secrétaire Général du pool de messagers de la paix de Toukountouna

« A Natitingou nous avons participé à un atelier de sensibilisation sur la déconstruction des messages haineux et la promotion des messages alternatifs. Durant les deux jours nous avions répertorié des messages haineux qu’on entend souvent dans notre localité, les portes d’entrée de ces discours et nous avons proposé des messages alternatifs et les canaux de diffusion pour les messages alternatifs qu’il faut utiliser en lieu et place de ces discours. A Toukountouna nous avons travaillé avec la communauté, les différentes couches socio professionnelles de la commune. Nous avons complété le travail qui avait démarré à Natitingou. Il y a eu des corrections qui ont été apportées au document et des recommandations ont été formulées. Ensuite nous avons organisé une caravane pour dire au reste de la communauté que la paix n’est pas seulement l’absence de conflit, la paix c’est un comportement comme l’a dit le Président Houphouet BOIGNY, cela doit être en nous, nous devons respirer la paix, vivre la paix au quotidien et promouvoir la paix partout où nous sommes. A travers cette caravane nous sommes en train de clôturer ces deux jours d’activités. Pour la suite, nous avons prévu plusieurs activités proposées par les groupes socio-professionnelles toujours dans le but de promouvoir la paix et la cohésion sociale à travers la déconstruction des messages haineux et la promotion des messages alternatifs. Dans les jours à venir, nous allons parcourir les différentes contrées de la commune pour sensibiliser et surtout pour promouvoir la paix et la tolérance autour de nous».
Télesphore Nassikou SEKOU, Président du pool des messagers de la paix de la commune de Toukountouna

« Il est clair que le projet a vu juste en nous amenant à échanger sur les discours de haine il y a quelques jours lors d’un atelier à Natitingou car il y a souvent dans beaucoup de nos langages de ces discours qui constituent vraiment des éléments qui peuvent déranger la quiétude des uns et des autres. Au départ, ce sont parfois de messages de taquinerie qui la plupart du temps débouchent sur des bagarres, des insultes, des stigmatisations et parfois de la marginalisation de certaines ethnies vis-à-vis d’autres. Il y a des expressions dans nos langues qui permettent de chosifier, de rabaisser les gens d’autres ethnies, ce qui par finir fâche. C’est une thématique bien choisie. Nous avons, après les travaux de Natitingou, poursuivi les réflexions à Toukountouna pendant deux jours et pour clôturer ces jours de travail, nous avons organisé une caravane pour attirer l’attention des communautés sur ces discours de haine dont on doit se départir avec la diffusion des messages alternatifs. Il est clair que la seule caravane ne peut pas régler tout. Il y a beaucoup d’activités qu’il faut animer. Il y a des émissions grand public pour parler de cela. Animer des émissions interactives dans les radios pour permettre aux gens d’aborder ces volets et de voir la réalité. Il faut diffuser ces messages dans les lieux de cultes, les églises, les mosquées, les grands rassemblements au cours des festivités, au tour des tournois de football et parler des messages alternatifs. Il faut continuer la sensibilisation, rencontrer tout le monde. Dans le plan d’action que nous avons adopté, nous avons par exemple prévu une campagne digitale pour parler de ces messages de haine et des messages alternatifs. »
AMIDOU Abiaba, commerçante à Materi

« Par rapport à la caravane qui a été organisée, j’ai beaucoup appris. Il y a de petites choses auxquelles on ne prête pas d’attention dans les discussions mais qui sont source de conflit. Cela m’a permis de savoir qu’il faut faire attention en voulant parler aux gens comment parler aux gens, et surtout éviter les insultes. La caravane était une bonne initiative. Il faut qu’on évite les mots qui peuvent blesser les gens. Ce n’est pas bon d’insulter son prochain du fait que vous n’êtes pas de la même ethnie. Nous tous nous sommes les mêmes. On doit se respecter. Je trouve que c’est une bonne chose de commencer par parler de ces choses aux gens, de leur donner des conseils. Il faut reconnaitre que c’est nous les femmes souvent qui compliquons plus la tache car nous aimons critiquer nos prochains. On doit éviter tout cela ».
SAMBIENI Pinagui, couturière à Materi

« Il y a des propos qui dérangent. Il y a par exemple des gens qui vont vous dire qu’ici n’est pas votre village que vous êtes de telle ethnie qui est inférieure à leur ethnie à eux. Ou bien vous entendez que tel est d’ailleurs et on le considère comme un étranger. Ou on dit que les gens de telle ethnie sont comme ceci comme cela. C’est bien d’avoir organisé cette activité. Mais il faut continuer. Il faut continuer la sensibilisation sur une longue période pour que les gens comprennent vraiment. Le changement peut prendre du temps mais il faudra continuer pour que ces discours de frustration, de haine disparaissent ».



