L’hôtel Novotel Orisha de Cotonou a servi de cadre, mercredi 10 décembre 2025, à la cérémonie de lancement de l’ouvrage Financer l’Afrique autrement : le pari de l’assurance, signé par l’expert béninois Magloire Dochamou. Devant un public composé de responsables d’institutions internationales, de dirigeants d’entreprises, d’universitaires et d’acteurs du secteur financier, l’évènement a mêlé recueillement, analyse économique et réflexion intellectuelle.

La soirée s’est ouverte sur une minute de silence en hommage aux victimes de la récente tentative de putsch qui a secoué le pays. Ce moment solennel a donné une dimension particulière à une rencontre vouée à la réflexion sur la souveraineté financière africaine.

Un parterre de personnalités pour un débat stratégique

 La présence de plusieurs responsables, dont un représentant de la Banque mondiale et des directeurs de compagnies d’assurance, a témoigné de l’intérêt grandissant pour les questions de mobilisation des ressources internes. Un enjeu que l’auteur place au cœur de sa réflexion.

L’éditeur salue un ouvrage audacieux et nécessaire

 Représentant la maison d’édition Encrage, Esaïe Anoumon a qualifié le livre de « manifeste pour une Afrique qui ose, qui innove et qui croit en ses propres mécanismes de régénération ». Il a rappelé l’engagement d’encrage à publier des essais capables de nourrir la pensée critique et d’influencer durablement les politiques publiques.

Magloire Dochamou : « L’assurance n’est pas un luxe, c’est une arme économique »

Dans une intervention dense et engagée, Magloire Dochamou a dressé le constat d’un secteur assurantiel africain qui peine à décoller. Depuis près d’un demi-siècle, le taux de pénétration de l’assurance stagne à moins de 2 %. Pour l’auteur, cette situation résulte moins d’un manque d’initiatives que d’une absence de plan structuré de mobilisation des ressources internes.

Il propose donc une transformation profonde du secteur, fondée notamment sur l’élargissement des assurances obligatoires, la suppression de certaines dispositions du Code CIMA jugées obsolètes, et le strict respect des obligations existantes, comme l’assurance automobile. Selon lui, ces mesures permettraient d’augmenter la capacité des compagnies à financer les projets publics, réduisant ainsi la dépendance des États africains aux financements extérieurs.

Séduit par la rigueur et la clarté de l’ouvrage…

Le journaliste et critique littéraire Jasmin Ghézo a livré une analyse détaillée du livre, saluant sa capacité à rendre accessibles des thématiques complexes. Il a qualifié l’ouvrage « d’architecture économique », rappelant qu’à travers le monde, les compagnies d’assurance financent des infrastructures majeures et constituent des investisseurs institutionnels essentiels.

Selon lui, l’Afrique dispose déjà d’un puissant réservoir d’épargne, disséminé à travers les primes d’assurance potentielles, mais insuffisamment exploité. L’auteur propose une voie vers la souveraineté financière basée sur l’organisation et la valorisation de ces ressources.

Des pistes de réforme pour le Bénin et le continent

 Pour le critique, les implications pour le Bénin sont claires : réformer le cadre juridique, lancer des programmes pilotes d’assurance innovante et créer un Observatoire national de l’assurance. Il estime que l’ouvrage pose les bases d’un débat susceptible d’influencer les politiques publiques nationales et régionales.

Un échange public riche et constructif

La séance s’est poursuivie par une discussion ouverte entre le public, l’auteur et les intervenants. Les échanges ont porté sur la faisabilité des réformes, le rôle de l’État, la responsabilisation des assureurs et la nécessité d’une communication nationale forte pour accompagner les changements proposés.

 Un ouvrage qui ambitionne de transformer la pensée économique africaine

La cérémonie a mis en lumière un livre court, accessible et pragmatique, mais porteur d’une ambition majeure : réorganiser les ressources internes africaines pour financer durablement le développement. Pour Magloire Dochamou, « la souveraineté commence lorsque nous sécurisons nos propres risques ». Un message que le public a longuement applaudi, conscient des enjeux et du potentiel de transformation contenus dans cet ouvrage.

La vente à l’Américiane et les dédicaces ont mis un terme à la cérémonie.

Th.A.

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