À l’approche des élections communales, municipales et législatives, une préoccupation majeure traverse l’opinion béninoise : la moralité des candidats placés sur les listes des partis politiques. Dans de nombreuses localités, les citoyens dénoncent l’investissement de personnes dont l’intégrité est publiquement contestée, parfois citées dans des litiges fonciers, des affaires de tontines ou divers contentieux qui fragilisent leur crédibilité sociale. Cette situation suscite un malaise croissant : comment renforcer la gouvernance locale et nationale si des figures perçues comme controversées se retrouvent propulsées aux responsabilités publiques ?
Plusieurs observateurs insistent sur le fait que les leaders politiques, Patrice Talon, Joseph Djogbénou et Abdoulaye Bio Tchané portent une responsabilité directe dans la sélection des candidats. Leur rôle est crucial pour garantir la crédibilité des institutions. Le public attend d’eux un véritable filtre éthique, intégrant l’examen du passé des prétendants, l’évaluation de leur réputation sociale et la prise en compte des plaintes ou inquiétudes exprimées par les populations.
L’enjeu devient encore plus sensible lorsqu’il s’agit de l’Assemblée nationale, appelée à légiférer sur des questions majeures, notamment les réformes foncières engagées par le pays. Si des élus eux-mêmes cités dans des affaires foncières ou soupçonnés d’escroquerie en parcelles siègent au Parlement, comment pourraient-ils travailler en toute objectivité ? Comment pourraient-ils soutenir des réformes destinées à combattre précisément les pratiques dont ils sont accusés ? Leur présence risquerait de limiter leur liberté d’action, de biaiser leurs décisions et, inévitablement, d’affecter la qualité du travail législatif.
Ce risque d’avoir une Assemblée partiellement composée de « divorcés sociaux », c’est-à-dire de personnes en décalage avec les valeurs et attentes de leurs propres communautés, menace la confiance entre les citoyens et leurs institutions. Il pourrait également affaiblir la légitimité des décisions publiques et décrédibiliser durablement les organes élus.
Face à cela, l’appel est clair : les dirigeants des partis doivent faire des choix judicieux et responsables. La démocratie béninoise ne pourra progresser qu’en s’appuyant sur des femmes et des hommes exemplaires, compétents, intègres et capables d’incarner la probité et le sens du service public que le peuple exige.
Des cas typiques de candidats cités dans plusieurs dossiers
Dans plusieurs localités, les inquiétudes montent d’un cran. Selon des informations circulant au sein de l’opinion et appuyées par des documents administratifs, notamment des conventions, un candidat inscrit sur la liste du Bloc Républicain (BR) dans la 23ᵉ circonscription électorale ferait l’objet d’une procédure en cours devant la Brigade économique et financière (BEF). Deux convocations lui auraient déjà été adressées, dans le cadre d’une enquête liée à des litiges fonciers. D’autres individus, également cités dans des affaires d’escroquerie en parcelles, seraient recherchés dans d’autres dossier.
Si ces éléments devaient être confirmés par la justice, ils renforceraient les interrogations citoyennes sur les critères de sélection des candidats et la nécessité, pour les états-majors politiques, d’opérer un tri rigoureux au regard des responsabilités publiques confiées aux futurs élus.
M.M.






