À quelques mois des élections législatives de janvier 2026, une affaire foncière impliquant le député Nathanaël Sokpoékpé, élu du Bloc Républicain (BR) dans la 6ᵉ circonscription électorale et candidat à sa propre succession, secoue l’opinion publique et crée l’émoi au sein du parti. L’affaire oppose l’élu à Didier Sessi Sessi, gestionnaire comptable, militant BR et acteur politique local connu dans les arrondissements de Hêvié, Godomey et environs.

Dans ses déclarations rendues publiques le lundi 24 novembre 2025 lors d’un point de presse à son domicile, Didier Sessi Sessi est revenu longuement sur sa relation avec l’honorable Sokpoékpé, qu’il dit avoir connu en 2019, à la veille des élections communales.

Selon lui, le député lui aurait alors proposé d’être candidat sur sa liste. Bien que refusant cette offre pour privilégier ses ambitions législatives, Sessi affirme avoir soutenu politiquement Sokpoékpé et contribué financièrement aux activités du parti dans l’arrondissement de Hêvié et au-delà : Godomè, Sô-Ava, Zè, Hêvié…

C’est dans ce contexte, dit-il, que le député lui propose en 2019 l’achat d’un domaine de plus d’un hectare. « On s’est entendus sur 16 millions FCFA, que j’ai payés en trois tranches, le député a encaissé », affirme Sessi. Une convention datée du 10 octobre 2017 mais signée en 2019, ainsi qu’un levé topographique, auraient été remis à l’acquéreur.

Un terrain déjà occupé et une procédure judiciaire en cours

Les difficultés surgissent en 2024, lorsque Didier Sessi apprend que des constructions seraient en cours sur le domaine. Après constat d’huissier et enquête personnelle, il affirme que le domaine n’appartiendrait pas au député, mais à la collectivité Tchin, dont certains membres seraient actuellement emprisonnés dans d’autres affaires foncières. Il affirme alors avoir réclamé le remboursement de ses 16 millions, sans succès. C’est alors qu’il a saisi le président de la Cour  Spéciale des affaires foncières (Csaf) d’une « Plainte avec constitution de partie civile Contre Monsieur SOKPOEKPE Nathanaël Pour escroquerie en parcelle, faux et usage de faux en écriture authentique et vente de parcelle d’autrui ». Une attestation d’instance lui a été délivrée.

Une convocation au commissariat de Tori Bossito suivra. Selon Sessi, cette étape révèle que le terrain se trouverait administrativement dans l’arrondissement de Tori Bossito et non dans celui de Hêvié, comme initialement présenté.

S’ensuivent constats d’huissier, échanges entre avocats, assignations devant la justice et tentative de règlement à l’amiable. Sessi affirme que le député s’était engagé à régler la situation au plus tard en juillet 2025, engagement qui, selon lui, n’a pas été respecté.

Accusations de rétention de dossier de candidature

Au-delà du litige foncier, Sessi accuse le député Sokpoékpé d’avoir retiré et conservé par-devers lui son dossier de candidature pour les législatives de 2026, déposé le 4 novembre auprès du coordonnateur de circonscription, Houssou Guèdè. Après des démarches répétées, il apprend que le dossier serait « entre les mains du député », ce qui, selon lui, n’aurait aucune justification.

« De quel droit mon dossier se retrouve à son niveau ? », s’interroge-t-il, estimant être victime d’un blocage orchestré pour empêcher sa candidature aux législatives de 2026.

Malgré ses relances, Sessi affirme ne pas avoir été intégré au forum interne réservé aux candidats et découvre, quelques jours plus tard, la publication d’un projet de liste où son nom ne figure pas.

Il dit avoir alors saisi par écrit le président de la République, le président du parti Abdoulaye Bio Tchané, ainsi que plusieurs responsables du BR.

Il soutient que ce blocage serait lié à leur affaire foncière : « J’ai appris qu’il aurait dit qu’il fera tout pour que je ne sois pas sur la liste parce que je l’ai convoqué au tribunal », a-t-il déclaré face aux médias.

Didier Sessi réclame ses 16 millions et interpelle la justice

Face aux médias, le gestionnaire comptable affirme ne pas craindre d’éventuelles intimidations : « Je veux mes 16 millions. La justice doit faire son travail. Nous sommes dans un État de droit. », martèle-t-il.

Il estime que le député, après deux mandats, ne peut « se comporter de cette manière », et appelle le parti à revoir le mode de gestion interne des dossiers de candidature.

Les mêmes machinations déjà en 2023

Didier Sessi, déclare avoir été victime des mêmes “machinations internes” ayant conduit au rejet de sa candidature en 2023. Selon ses propos, ces événements seraient survenus alors que le député Nathanaël Sokpoékpé est venu lui proposer de se porter candidat pour les législatives. Il s’en est suivi plusieurs mois d’activités de terrain et de démarches auprès de la hiérarchie du parti.

En effet, dès 2022, Didier Sessi affirme s’être lancé dans une série d’actions politiques en prévision des législatives de janvier 2023 : des tournois sportifs ;  des initiatives auprès de la base ; des rencontres avec des responsables locaux ; des actions de proximité sur plusieurs terrains politiques du département. Sessi assure alors avoir sollicité, dès mars 2022, des rencontres formelles avec la hiérarchie du BR afin de consolider sa position en vue de l’investiture.

Des rendez-vous reportés et une initiative personnelle

Selon ses déclarations, l’élu Nathanaël Sokpoékpé censé l’accompagner dans ces démarches aurait plusieurs fois reporté les rencontres prévues avec les dirigeants du parti. Face à l’urgence des échéances, Sessi indique avoir utilisé ses propres relations pour finalement rencontrer des personnalités de premier plan, dont des membres de la direction nationale du BR.

Il affirme avoir tenu informé le député de l’heure et du déroulement de ces entretiens et soutient que rien ne laissait présager un retrait de soutien de la part du parti.

À la fin octobre 2022, Sessi dit être convaincu de figurer sur la liste législative du BR. Il venait d’organiser à Hêvié un important tournoi de football, événement médiatisé dans lequel il aurait investi des ressources personnelles pour renforcer sa visibilité politique.

Mais d’après Didier Sessi Sessi, un responsable du BR l’informe par téléphone que « sur décision du président de la République », il devra patienter jusqu’en 2026 pour espérer une investiture. Une nouvelle que l’intéressé décrit comme “un choc” et une “grande déception”.

Il affirme qu’il n’a pas reçu d’explication officielle sur ce revirement, mais évoque l’existence possible de “jeux d’influence internes” et de “stratégies politiques” contraires à ses intérêts.

Sessi évoque notamment l’implication présumée de Nathanaël Sokpoékpé, qu’il soupçonne d’avoir joué un rôle dans la mise à l’écart de sa candidature. Il parle de “main secrète” et de “manœuvres.

Malgré le revers, Didier Sessi affirme avoir choisi de poursuivre son engagement, estimant que la politique “comporte son lot d’épreuves et de déceptions”. Il dit continuer à travailler sur le terrain depuis 2024, tout en prenant du recul sur les événements entourant les législatives de 2023.

Un appel aux autorités du parti

Didier Sessi dit avoir saisi plusieurs personnalités du BR – notamment le Ministre d’État Abdoulaye Bio Tchané, le général Gbian Robert et d’autres responsables- afin que lumière soit faite sur le traitement de son dossier de candidature et sur le litige foncier.

Il affirme avoir également écrit au Président de la République pour dénoncer ce qu’il considère comme un abus, déclarant faire confiance aux institutions pour que justice soit rendue.

Joint au téléphone, lundi 24 novembre 2025 à 22h 07, le député Nathanaël Sokpoékpé n’a pas décroché.

M.M.

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