Message de docteur hondi, président du conseil d’administration de l’ong club excellence adeco et promoteur de la plateforme de communication du réseau africain des artisans
Il y a des semaines qui célèbrent. D’autres qui transforment.
Partout à travers le monde, des pays et des communautés célèbrent en ce moment la Semaine Mondiale de l’Entrepreneuriat. Quel que soit le moment où chaque région la marque, son message reste universel et intemporel : honorer celles et ceux qui créent, innovent et transforment. Une semaine où l’on met en lumière celles et ceux qui refusent d’attendre que les opportunités tombent du ciel, et qui choisissent de les créer de leurs propres mains.
Mais en Afrique, l’entrepreneuriat n’est pas un luxe. C’est une nécessité. Une question de survie. Et souvent, une réponse au désespoir.
Partout sur notre continent, des histoires s’écrivent dans l’ombre.
L’artisan de Cotonou qui transforme le bambou en meubles d’exception sans avoir jamais franchi la porte d’une école de design. La coiffeuse de Ouagadougou qui fait vivre trois familles avec son salon de fortune monté dans un conteneur. Le jeune développeur de Dakar qui code des solutions pour des marchés qu’il n’a jamais visités.
Ces entrepreneurs-là ne participent pas à la Semaine Mondiale de l’Entrepreneuriat. Ils la vivent tous les jours.
Sans accompagnement. Sans financement. Sans réseau. Avec pour seul capital leur ingéniosité, leur acharnement, et cette conviction sourde qu’ils peuvent mieux que ce que le sort leur a réservé.
L’entrepreneuriat africain porte un visage que le monde connaît peu.
Ce n’est pas celui des startups qui lèvent des millions. Ce n’est pas celui des success stories célébrées dans les magazines. C’est celui de la mère de famille qui vend des pagnes au marché pour scolariser ses enfants. Du diplômé sans emploi qui se réinvente en entrepreneur numérique. De l’artisan qui perpétue un savoir-faire ancestral tout en l’adaptant aux exigences contemporaines.
C’est un entrepreneuriat de résilience. Un entrepreneuriat de dignité.
Et pourtant, combien d’entre eux se voient comme des entrepreneurs ? Combien osent revendiquer ce titre ? Combien ont accès aux formations, aux outils, aux réseaux qui pourraient multiplier leur impact?
Voilà pourquoi cette Semaine Mondiale de l’Entrepreneuriat doit résonner différemment en Afrique.
Elle ne doit pas être qu’une célébration. Elle doit être un réveil. Un rappel que derrière chaque petite activité informelle se cache un potentiel de croissance. Que derrière chaque talent ignoré se trouve une solution à nos défis collectifs.
Depuis plus de deux décennies, l’ONG CLUB EXCELLENCE ADECO œuvre précisément à cette transformation. Avec humilité mais détermination, nous accompagnons les artisans pour qu’ils ne soient plus de simples fabricants mais de véritables entrepreneurs. Nous formons les femmes pour qu’elles transforment leurs initiatives en entreprises structurées. Nous outillons les jeunes pour qu’ils créent leurs propres opportunités plutôt que d’attendre des emplois qui ne viendront pas.
Nous sommes pleinement conscients que notre contribution n’est qu’une pierre parmi d’autres dans un vaste chantier, mais nous la posons avec sérieux, constance et respect pour celles et ceux qui se battent chaque jour.
Notre conviction est simple : l’Afrique ne manque pas d’entrepreneurs. Elle manque d’écosystèmes qui leur permettent de s’épanouir.
En cette Semaine Mondiale de l’Entrepreneuriat 2025, je m’adresse à trois publics.
Aux entrepreneurs africains d’abord : vous êtes déjà des héros du quotidien. Chaque jour où vous vous levez pour créer, innover, persévérer malgré les obstacles, vous écrivez l’histoire de ce continent. Osez revendiquer votre titre d’entrepreneur. Osez demander l’accompagnement que vous méritez. Osez vous connecter aux autres, car ensemble, vous serez plus forts.
Aux institutions et gouvernements ensuite : l’entrepreneuriat ne se développe pas par décret. Il se nourrit d’un environnement favorable, d’accès au financement, de simplification administrative, de reconnaissance sociale. Chaque entrepreneur qui réussit, ce sont des emplois créés, des richesses générées, des communautés transformées. Investir dans l’entrepreneuriat, c’est investir dans l’avenir de vos nations.
Aux partenaires techniques et financiers enfin : vos programmes d’appui à l’entrepreneuriat ne doivent pas se limiter aux startups technologiques ou aux grandes entreprises. Le véritable tissu entrepreneurial africain, c’est celui des PME, des artisans, des commerçants, des agriculteurs innovants. C’est là que se trouve le levier de transformation massive.
L’entrepreneuriat africain a ceci de particulier qu’il marie tradition et modernité, nécessité et créativité, survivance et ambition.
L’artisan qui digitalise son activité. La couturière qui exporte ses créations grâce aux réseaux sociaux. Le menuisier qui forme des apprentis tout en innovant dans ses techniques. Ce sont eux, les véritables moteurs du développement africain.
Et c’est pour eux que nous travaillons chaque jour, conscients que c’est à leurs côtés que nous apprenons aussi.
En cette Semaine Mondiale de l’Entrepreneuriat, faisons le pari de l’audace.
L’audace de reconnaître que chaque vendeur de rue est un entrepreneur en puissance. L’audace de croire que nos artisans peuvent conquérir les marchés internationaux. L’audace d’investir dans ces talents qui ne demandent qu’un coup de pouce pour révéler tout leur potentiel.
Car l’Afrique ne se développera pas par l’aide. Elle se développera par ses entrepreneurs.
Ceux qui créent de la valeur. Ceux qui génèrent de l’emploi. Ceux qui transforment les défis en opportunités. Ceux qui, jour après jour, construisent l’Afrique de demain avec leurs mains, leur sueur et leur génie.
Bonne Semaine Mondiale de l’Entrepreneuriat à tous les bâtisseurs d’Afrique.
Que cette semaine ne soit pas qu’une célébration, mais le début d’un engagement renouvelé : celui de faire de notre continent la terre où chaque idée peut devenir réalité, où chaque talent peut s’épanouir, où chaque rêve peut se concrétiser.





