La mémoire du Cardinal Bernardin Gantin continue d’être honorée avec constance. En ce quatrième semestre 2025, l’Abbé Célestin Coomlan Avocan publie un nouvel ouvrage intitulé : Bernardin Cardinal Gantin : MISSIONNAIRE AFRICAIN AU VATICAN. Ce livre prolonge le travail entamé en 2022 avec le premier tome, Cardinal Bernardin Gantin : Mémoire et Héritage des Jeunes Églises, tous deux édités par la même maison d’édition.
Dix-huit ans après son décès, le 13 mai 2008 à Paris à l’âge de 86 ans, Bernardin Gantin reste une figure majeure dans la réflexion sur les défis contemporains. De son vivant déjà, il avait marqué les esprits pendant près d’un demi-siècle par son intelligence et son engagement.
Ce deuxième tome se concentre sur la période clé débutant en 1971, lorsque le pape Paul VI introduit le Cardinal Gantin à la Curie romaine, entraînant son départ momentané du Dahomey, aujourd’hui Bénin. Le premier tome avait retracé en détail son enfance modeste, sa brillante scolarité, son ordination sacerdotale en 1951 par Mgr Louis Parisot, ainsi que son ascension méthodique.
Structuré en sept chapitres, ce nouveau volume explore chronologiquement les différentes étapes d’un parcours exceptionnel :
- « Toi, suis-moi ! » (Jean 21, 22)
- À la Curie romaine
- Bernardin Gantin : un gong et un veilleur
- Sentinelle pour le monde nouveau
- Préfet de la Congrégation pour les Évêques (1984-1998)
- Missionnaire et témoin du Christ
- Voile du soir au retour de la mission
L’Abbé Avocan, admirateur du Cardinal, partage dans l’introduction des anecdotes personnelles et ses impressions. Il évoque notamment sa première rencontre en 1977 avec le nouveau Cardinal, fraîchement créé par Paul VI, dont il admire le charisme et la prestance. L’Auteur narre aussi un épisode émouvant de 1999, où le Cardinal lui-même lui présente ses condoléances à l’occasion du décès de son père, manifestation d’une proximité marquante et signe de grandeur d’esprit.
Au-delà de ses souvenirs, l’Abbé Avocan a mené de nombreuses recherches et recueilli d’autres témoignages pour reconstituer l’héritage laissé par le Cardinal à l’Église et à la Société.
Le récit s’ouvre sur les adieux du Cardinal (chapitre 1), avant d’entrer dans le détail des fonctions qu’il a successivement occupées au Vatican. Le chapitre 2 révèle ainsi ses responsabilités croissantes : secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, président des conseils pontificaux Justice et Paix, Cor Unum, et enfin préfet de la Congrégation pour les évêques, fonction qu’il a assumée de 1984 à 1998.
Les chapitres suivants illustrent l’impact planétaire de sa carrière. Ce prélat africain, rigoureux et intellectuel cultivé, a marqué durablement plusieurs générations par sa fidélité à la tradition, son engagement en faveur des droits humains et son rôle fédérateur dans l’Église. Il est largement reconnu comme un pont entre différents courants et générations, au sein et au-delà du continent africain, s’inscrivant aux côtés d’illustres figures telles que Zoungrana, Thiandoum, Malula et Yago.
Le cinquième chapitre souligne la nomination symbolique au poste stratégique de préfet de la Congrégation pour les évêques, renforçant la présence africaine au plus haut niveau de la hiérarchie catholique. Ce poste incarne aussi une relation privilégiée avec Jean-Paul II, notamment lors du premier voyage pontifical au Bénin en 1983 dans un contexte politique difficile. Le livre rappelle également des événements importants tels que le premier pèlerinage au sanctuaire marial de Dassa-Zoumè en 1981 et l’inauguration de la basilique de Yamoussoukro.
Fidèle à sa mission, Bernardin Gantin se définissait comme un « missionnaire de l’Église romaine », ce que détaille le chapitre 6, où il défend une doctrine prudente, conciliant continuité et respect des enseignements du Christ face aux innovations.
Ce livre met en lumière un homme souvent méconnu, dont l’influence dépasse la seule sphère religieuse. Le Cardinal fut un repère essentiel au Bénin d’avant 1971, conseiller respecté par les acteurs publics de toutes confessions, bien qu’il fût à Rome, loin de son pays natal. Son rôle de référence reste un legs précieux pour les jeunes nations africaines.
Pour conclure, l’Auteur cite une histoire racontée par le Cardinal lui-même, que l’on retrouve en épilogue :
« Une vieille dame marchait dans la rue. Un jeune homme à vélo l’a renversée, et au lieu de s’excuser, il s’est moqué d’elle. En repartant, elle lui cria: “Jeune homme, vous avez laissé tomber quelque chose !” Curieux, il cherche autour d’elle. “Ne cherchez pas,” lui dit-elle, “ce que vous avez perdu, vous ne le retrouverez jamais : vous avez perdu votre humanité.” La vie n’a pas de valeur sans respect, sans empathie, sans estime de soi…»
Cette leçon finale incite à éduquer les cœurs pour bâtir une humanité nouvelle; un message fort que l’œuvre de l’Abbé Célestin Avocan invite à méditer.
Ces deux tomes ne sont plus seulement des ouvrages personnels, mais un patrimoine à diffuser largement, afin que le témoignage et l’inspiration de Bernardin Cardinal Gantin éclairent encore les générations présentes et futures, au Bénin, en Afrique et dans le monde.
Arimi Choubadé



