L’actualité politique nationale connait une ébullition depuis ce vendredi 31 octobre 2025 où six députés du principal parti d’Opposition au régime Talon, Les Démocrates (LD), ont démissionné du groupe parlementaire et du parti LD. Coïncidence ou acte prémédité, le même jour, les présidents des groupes parlementaires des partis se réclamant du chef de l’Etat, Patrice Talon, ont introduit une proposition de révision de la Constitution.
En mars 2024, une proposition de loi portant révision de la Constitution, portée par Assan Séibou, a échoué à la première étape, sa prise en considération par le Parlement. 71 députés avaient voté pour, 35 contre et 02 abstentions. Il fallait que 82 députés votent oui pour que la proposition soit prise en compte. Disposant de 81 députés (53 pour l’Up-R et 28 pour le Br), la majorité au pouvoir n’était pas en mesure de faire passer à elle seule une révision de la Constitution. Même si 7 députés de la majorité ont voté contre la proposition Assan Séibou en 2024, les 28 députés du parti d’opposition constituaient à eux seuls une minorité de blocage. Une proposition de révision de la Constitution ne peut donc prospérer que quand elle bénéficie du vote favorable d’au moins un député du parti d’opposition, ceci à condition que les 81 députés de la majorité votent tous pour.
Or, vendredi 31 octobre, alors que le Parlement ouvrait sa deuxième session ordinaire de l’année 2025, encore appelée session budgétaire, dans un contexte d’invalidation du duo du parti LD à la présidentielle de 2026, à cause du retrait par un député LD, Michel Sodjinou, de sa fiche de parrainage, six députés LD, dont Michel Sodjinou, ont démissionné du groupe parlementaire LD, puis aussi du parti. Ils pointent du doigt le président du parti, l’ancien président Boni Yayi, qu’ils accusent de clanisme, de régionalisme, de vendetta en permanence contre Patrice Talon, en un mot de mauvaise gestion du parti. Ce qui, selon eux, serait à la base de l’invalidation du duo du parti à la présidentielle de 2026, parce que ce n’est pas celui qu’ils espéraient qui aurait été désigné. Au même moment, on apprend que deux députés de la majorité au pouvoir un déposé une proposition de révision de la Constitution, alors que personne n’était au courant de l’existence d’une telle proposition après l’échec de la proposition de 2024. La majorité parlementaire ou plus précisément, les présidents des groupes parlementaires Up-R et BR savaient-ils que des députés LD allaient démissionner, ce qui sauterait le verrou de la minorité de blocage, avec pour conséquence la prise en compte de leur proposition de révision de la Constitution ?
Curieusement, tout ceci intervient 48 heures après que le président du parti Les Démocrates, Boni Yayi, a révélé que des manœuvres de débauchage sont dirigées contre les responsables du parti Les Démocrates et qu’il existe un plan pour affaiblir et faire disparaître l’opposition, par la menace, la pression et les promesses financières. On verra ensuite que la proposition de loi de révision porte l’idée d’une trêve politique et suspend toute animation politique à visée compétitive pendant 4 ans, juste après l’élection d’un président de la République.
Le vote comme outil d’évaluation de la sincérité
La perte de six membres réduit mécaniquement la capacité du groupe d’opposition, « Les Démocrates », à influencer le processus législatif et à constituer potentiellement la minorité de blocage. Avant ces démissions, l’opposition avait juste le nombre de sièges requis pour bloquer le vote des 4/5, mais la perte de six députés pourrait faciliter l’atteinte de cette majorité qualifiée pour la majorité. La coïncidence des événements rend plausible l’hypothèse d’une manœuvre politique visant à éliminer la minorité de blocage ou à diminuer sa force de négociation. Certains de ces députés démissionnaires, soupçonnés de collaborer avec la mouvance pour rendre ce nouveau projet de révision réalisable, ont également déclaré se retirer de toute initiative visant à s’accommoder aux propositions de la mouvance au parlement. Cependant, au-delà des promesses et des discours, le vote au parlement concernant ce projet sera le seul indicateur pour évaluer la sincérité de ces députés.
M.M



