La capitale économique du Bénin s’est transformée en carrefour panafricain de la réflexion climatique. La sixième édition du Sommet Climate Chance Afrique s’est ouverte ce lundi à Cotonou, rassemblant élus, ministres, experts, diplomates et acteurs de la société civile autour du thème : « Énergies renouvelables, adaptation et biodiversité : enjeux et perspectives ».

À quelques jours de la COP 30 de Belém (Brésil) et dix ans après l’Accord de Paris, ce rendez-vous vise à consolider la coopération Afrique-Europe et à renforcer les stratégies locales de lutte contre le changement climatique.
En ouverture, le maire de Cotonou, Luc Atropko, a salué la résilience de sa ville, symbole d’une Afrique « vulnérable mais debout ». Il a présenté la Maison du Climat, centre soutenu par l’Union européenne formant 300 jeunes aux métiers verts, et plaidé pour une Coalition des villes côtières d’Afrique de l’Ouest afin de mutualiser les efforts contre l’érosion et la montée des eaux.
L’ancien ministre béninois Luc Gnancadja, vice-président de l’association Climate Chance, a appelé à « transformer les vulnérabilités en force » en faisant des énergies renouvelables le pilier d’une adaptation fondée sur une gouvernance inclusive.
La directrice de l’AFD au Bénin, Laure Weisberger, a salué le pays hôte comme un modèle d’« Afrique des solutions », tandis que la BOAD a rappelé avoir mobilisé plus de 200 milliards de F CFA pour verdir la finance régionale.
L’ambassadeur de l’Union européenne, Stéphane Mund, a réaffirmé le soutien de l’UE à la transition énergétique africaine, fondée sur la coopération.
Le président de Climate Chance, Ronan Dantec, a souligné que Cotonou marquait un tournant : le développement des énergies renouvelables dépend désormais de marchés solides plutôt que de subventions. La Feuille de route de Cotonou servira de référence pour les pays africains souhaitant accélérer leur transition énergétique et garantir un accès équitable à l’électricité.
Cette stratégie s’inscrit dans une coopération renforcée entre l’Afrique et l’Europe, qui, bien que responsables d’un sixième des émissions mondiales, subissent de plein fouet les effets du réchauffement.
Au nom du président Patrice Talon, le ministre Raphaël Akotègnon a salué les progrès du Bénin : un projet solaire de 45 millions d’euros pour 50 000 foyers, 88,78 milliards de F CFA investis en 2025 dans 21 projets énergétiques, et un Plan National d’Adaptation adopté en 2022 pour protéger l’agriculture, l’eau, la santé et les infrastructures.
Le Bénin agit aussi pour la biodiversité : restauration des mangroves, reboisement communautaire, création d’une Aire marine protégée à Donatin et reconnaissance de la Réserve de biosphère de la Basse-Vallée de l’Ouémé par l’UNESCO. « L’Afrique n’est pas seulement victime, elle est aussi la solution », a-t-il affirmé.
Enfin, le sommet a mis en avant trois piliers : coopération, biodiversité et jeunesse. Des ateliers ont abordé la préservation des corridors écologiques, la protection des éléphants d’Afrique de l’Ouest et la formation des jeunes aux métiers verts.
Les échanges visent à inscrire l’Afrique dans une trajectoire de développement durable et autonome, portée par ses propres capacités.
Le sommet se poursuit sur deux jours avant l’adoption de la Déclaration de Cotonou, qui portera la voix du continent à la COP 30 au Brésil.
Thomas AZANMASSO








