À moins d’un an de l’élection présidentielle de 2026, le transport s’impose comme l’un des enjeux majeurs du développement du Bénin. Entre routes dégradées, congestion urbaine, déséquilibres régionaux et ambitions logistiques, le pays doit repenser sa mobilité pour soutenir sa transformation économique et sociale.
Le transport constitue la colonne vertébrale de toute économie moderne. Au Bénin, il demeure pourtant un maillon fragile de la chaîne du développement. Malgré une position géographique stratégique -au carrefour du Nigéria, du Niger, du Burkina Faso et du Togo-, le pays peine encore à tirer pleinement profit de son potentiel logistique. Les infrastructures vieillissantes, la faible interconnexion entre les différents modes de transport et les déséquilibres territoriaux freinent l’essor des échanges et l’inclusion des populations.
Le réseau routier béninois, long d’environ 19 000 kilomètres, reste le principal moyen de déplacement des personnes et des marchandises. Mais seule une faible portion est bitumée, rendant de nombreuses routes rurales impraticables en saison des pluies. Ces difficultés isolent des milliers de villages, limitent l’accès aux services de base et entravent la commercialisation des produits agricoles.
Si le corridor Cotonou-Parakou-Malanville, vital pour les échanges avec le Niger, demeure un axe structurant, il illustre aussi la forte concentration des infrastructures au détriment d’autres régions. L’Atacora, les Collines ou le Mono, par exemple, restent encore insuffisamment connectés aux grands pôles économiques.
Des villes engorgées et mal desservies
Dans les grandes agglomérations comme Cotonou, Porto-Novo ou Parakou, le transport urbain évolue dans un contexte de désorganisation croissante. Le vieillissement du parc automobile, l’absence de transport collectif moderne et la pollution atmosphérique aggravent la qualité de vie des citadins.
Les motos-taxis, devenues indispensables au quotidien, pallient l’absence de système public, mais dans des conditions souvent précaires, tant sur le plan sécuritaire qu’environnemental. Une modernisation de la mobilité urbaine — via des bus de transport collectif, des pistes cyclables, la régulation des taxis-motos et des outils numériques de gestion de la mobilité — apparaît aujourd’hui comme une urgence sociale et écologique.
Le rail et le port : leviers de transformation régionale
Longtemps délaissé, le secteur ferroviaire doit reprendre vie avec la réhabilitation de la ligne Cotonou–Parakou et le projet d’extension vers le Niger. Ce corridor ferroviaire bénino-nigérien, une fois opérationnel, pourrait faire du Bénin un carrefour multimodal régional, capable de transporter des marchandises vers le Sahel à des coûts compétitifs.
Le Port autonome de Cotonou, véritable poumon économique du pays, a connu d’importants investissements. Toutefois, sa compétitivité reste mise à l’épreuve par les ports voisins et par la lenteur des procédures logistiques. L’enjeu, désormais, est de renforcer la fluidité du commerce, la transparence des opérations et la connectivité terrestre afin de positionner durablement le port comme un hub logistique du Golfe de Guinée.
Le défi de la connectivité nationale
Le transport aérien, encore marginal, se limite principalement à l’aéroport international de Cotonou. Le reste du territoire demeure peu desservi, freinant l’investissement et le désenclavement des zones intérieures. Le développement d’aéroports secondaires ou de pistes régionales est évoqué comme une piste de solution pour mieux connecter le pays à lui-même.
Vers une politique intégrée et durable du transport
Les experts s’accordent à dire que le futur président devra impulser une vision intégrée et territorialisée du transport. Il s’agira de relier routes, rails, ports et aéroports dans une stratégie nationale cohérente, articulant mobilité, commerce, agriculture et industrie.
Une telle politique nécessitera une gouvernance rénovée, fondée sur la transparence, la planification territoriale, la participation des collectivités locales et un partenariat accru avec le secteur privé. La lutte contre la corruption dans les marchés publics et le renforcement des capacités techniques seront essentiels pour garantir la durabilité des projets.
Un engagement présidentiel fort
Face à ces défis, une proposition forte émerge dans le débat public. « Si je suis élu Président de la République, je m’engage à moderniser 5 000 km de routes rurales, à créer un véritable service de transport urbain dans les grandes villes du Bénin, à faire du chemin de fer un corridor régional opérationnel, et à positionner le Port de Cotonou comme le premier hub logistique du Golfe de Guinée d’ici 2030. »
Un engagement ambitieux, qui traduit une volonté de rupture : faire du transport non pas une dépense budgétaire, mais un investissement stratégique. Car connecter les territoires, c’est relier les Béninois entre eux, dynamiser les échanges et préparer la transformation structurelle du pays.
Le transport, longtemps perçu comme un simple secteur d’infrastructures, doit désormais être envisagé comme un moteur du développement national. Désenclaver les territoires, fluidifier la mobilité et renforcer l’interconnexion régionale : tels sont les leviers qui permettront au Bénin d’entrer pleinement dans l’ère d’une croissance inclusive et durable.
L’élection présidentielle de 2026 sera, à cet égard, un moment décisif — celui où le pays décidera s’il veut simplement circuler, ou véritablement avancer.
Thomas AZANMASSO






