La santé est le socle de toute société prospère. Sans population en bonne santé, aucun développement durable n’est possible. Au Bénin, bien que des efforts aient été consentis ces dernières années, le système de santé reste confronté à des défis profonds qui compromettent la qualité des soins, l’égalité d’accès et la résilience du pays face aux crises sanitaires. À l’aube de l’élection présidentielle de 2026, il est impératif que la question sanitaire soit placée au cœur des priorités nationales, non comme un simple axe social, mais comme un enjeu stratégique de sécurité humaine, d’équité et de développement.

Le Bénin dispose d’un réseau de centres de santé, d’hôpitaux de zone, de centres hospitaliers départementaux et d’un hôpital universitaire à Cotonou. Toutefois, ces structures souffrent de nombreux dysfonctionnements : équipements obsolètes ou insuffisants, pénurie chronique de personnel qualifié, sous-financement public, disparités géographiques flagrantes et manque de coordination entre les différents niveaux de soins.

La majorité de la population, notamment en milieu rural, peine encore à accéder à des soins de qualité, à des médicaments essentiels, ou à des diagnostics fiables. Les distances, les coûts, la faible couverture par l’assurance maladie et le déficit de confiance dans le système public sont autant de barrières à une santé réellement universelle.

Des indicateurs de santé toujours préoccupants

Les indicateurs de santé, bien qu’en amélioration, restent préoccupants. La mortalité maternelle et néonatale demeure élevée. Les maladies transmissibles comme le paludisme, la tuberculose ou le VIH/sida continuent de peser lourdement sur les ménages.

À cela s’ajoute la montée en flèche des maladies non transmissibles telles que l’hypertension, le diabète ou les cancers, souvent mal diagnostiqués et insuffisamment pris en charge. Le système de santé béninois, encore très centré sur les soins curatifs, peine à intégrer une véritable culture de la prévention, de la santé communautaire et de la promotion du bien-être.

Refonder le système de santé : un impératif national

Le prochain président du Bénin devra s’engager dans une refondation ambitieuse du système de santé. Il ne s’agira pas seulement de construire plus d’hôpitaux, mais de garantir à chaque citoyen, dans chaque commune, un accès effectif à des soins de qualité, équitables, abordables et humains.

Renforcer les ressources humaines en santé

La première priorité devra être le renforcement massif des ressources humaines. Il faudra recruter, former et motiver davantage de médecins, infirmiers, sages-femmes, techniciens, pharmaciens, agents de santé communautaire et spécialistes.

Leur déploiement doit répondre à des critères d’équité territoriale et d’efficacité. Une politique salariale attractive, un environnement de travail digne, des opportunités de carrière claires et un plan de développement des compétences seront indispensables pour stopper la fuite des cerveaux et améliorer les performances globales du système.

 Moderniser les infrastructures sanitaires

La modernisation des infrastructures constitue également un axe majeur. Il est urgent de réhabiliter les centres de santé vétustes, d’équiper les hôpitaux avec du matériel de diagnostic performant, des blocs opératoires fonctionnels et des laboratoires fiables.

La mise en place d’un système national de maintenance biomédicale garantira la durabilité des investissements. En parallèle, le numérique doit devenir un outil de transformation, avec le développement du dossier médical électronique, de la télémédecine, des plateformes de suivi épidémiologique et des services de santé mobile, surtout dans les zones enclavées.

Réformer le financement de la santé

Le financement de la santé devra connaître une mutation profonde. Il ne s’agit plus de compter essentiellement sur les partenaires techniques et financiers. L’État béninois doit augmenter substantiellement la part du budget national dédiée à la santé, conformément aux engagements pris dans la Déclaration d’Abuja.

Il faut également accélérer la généralisation de l’Assurance Maladie pour Tous (AM-ARCH), en veillant à sa viabilité financière, à sa transparence, et à sa couverture effective des populations les plus vulnérables. Les dépenses directes des ménages, qui représentent encore plus de 40 % du financement du système, doivent être réduites pour éviter l’appauvrissement lié à la maladie.

 Faire de la prévention une priorité nationale

 La prévention et la promotion de la santé doivent être érigées en priorité stratégique. Il est temps d’investir massivement dans les campagnes de vaccination, l’éducation sanitaire dans les écoles, les médias et les communautés, la santé sexuelle et reproductive, ainsi que la lutte contre les déterminants sociaux de la santé : alimentation, hygiène, environnement, addictions.

Des programmes spécifiques devront cibler la santé des adolescents, des personnes âgées et des personnes vivant avec un handicap, souvent oubliées dans les politiques publiques.

 Instaurer une gouvernance sanitaire efficace et transparente

 Le renforcement de la gouvernance sanitaire est crucial. Il s’agira de mettre en place des mécanismes de coordination efficaces entre les différents niveaux de l’administration sanitaire, d’impliquer les collectivités locales, les organisations de la société civile et les communautés dans la gestion de la santé publique.

La redevabilité, la transparence dans la gestion des ressources, la régulation du secteur privé et la lutte contre la corruption dans les achats de médicaments ou d’équipements sont des exigences fondamentales pour restaurer la confiance des citoyens.

Se préparer aux urgences et pandémies futures

Le Bénin doit aussi se préparer aux éventuelles pandémies et urgences sanitaires. La pandémie de COVID-19 a montré les limites de nos systèmes de réponse. Il faut donc renforcer les capacités de surveillance épidémiologique, de diagnostic rapide, de coordination des soins d’urgence et de communication de crise.

Un fonds d’urgence sanitaire national doit être mis en place pour éviter la dépendance exclusive aux financements extérieurs en cas de crise.

 Pour une population en santé et un Bénin prospère

À moyen terme, une réforme ambitieuse et bien conduite du secteur de la santé permettra d’améliorer considérablement les indicateurs de santé, de réduire les inégalités territoriales et sociales, de renforcer la productivité nationale et de restaurer la dignité humaine.

Une population en bonne santé est une population qui apprend, qui travaille, qui crée, qui innove et qui construit l’avenir de la nation.

 Un choix politique décisif en 2026

L’élection présidentielle de 2026 doit être l’occasion de poser un choix clair : continuer à gérer la santé publique comme un poste de dépense secondaire, ou en faire un véritable pilier de la souveraineté et du progrès national. Les citoyens béninois attendent des propositions concrètes, des engagements chiffrés et une vision claire de la part des candidats.

« Si je suis élu Président de la République, je m’engage à porter à 15 % la part du budget national dédiée à la santé, à généraliser l’assurance maladie universelle, à recruter 10 000 professionnels de santé supplémentaires, et à garantir à chaque Béninois, quel que soit son lieu de résidence, un accès équitable à des soins de qualité. »

Thomas AZANMASSO

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