La crise qui secoue le principal parti d’opposition, Les Démocrates, continue d’étendre ses tentacules. Annoncé introuvable et injoignable, le député Michel Sodjinou, qui a refusé de parrainer le duo choisi par les instances de son parti dans le cadre de la présidentielle du 12 avril 2026, lance de nouvelles piques. Dans une déclaration publique ce dimanche 19 octobre 2025, il a vertement critiqué la direction du parti pour sa gestion du processus de désignation du duo candidat, allant jusqu’à accuser l’ancien président et leader du parti, Boni Yayi, d’être personnellement responsable de cette disqualification électorale.
Michel Sodjinou parle à nouveau. Dans son annonce, le député affirme s’exprimer par devoir de vérité envers le peuple béninois. Ceci s’articule autour de ce qu’il qualifie de mauvaise foi des responsables du parti et des dérives du leadership. Le point central de sa dénonciation réside dans le parrainage présidentiel. Il révèle que, dès le 2 septembre 2025, sa fiche de parrainage a été remplie au nom du candidat désigné, M. Renaud Agbodjo, et ce, sans son avis ni son consentement. Par ailleurs, il qualifie cet acte de frauduleux et de falsification pure et simple, dénonçant une planification orchestrée. «Cela confirme que la direction du parti avait tout planifié pour que M. Agbodjo soit finalement désigné. Aujourd’hui, tous les éléments sont réunis et je me fonderai légitimement à déposer plainte pour falsification de documents [et] faux usage de faux », a-t-il déclaré. Il a toutefois précisé qu’il ferait preuve de retenue et d’indulgence pour l’instant. Michel Sodjinou a également fustigé le choix du candidat, Renaud Agbodjo, le présentant comme étant le neveu de Boni Yayi. Il déplore qu’aucun critère objectif de mérite ou de consultation réelle ne justifie ce choix si ce n’est le simulacre de commission aux ordres, mis sur pied et téléguidé par le président Boni Yayi lui-même. Répondant aux rumeurs d’une possible collusion avec le pouvoir, le député a réfuté toute connivence avec le président Patrice Talon. « Je n’ai jamais rencontré Patrice Talon si ce n’est lors des manifestations officielles », a-t-il insisté. Il a estimé que son action s’inscrit dans un combat pour la démocratie interne contre les logiques exclusionnistes et les méthodes de gouvernance rétrograde de la direction. L’homme a également critiqué vigoureusement la communication du candidat. « Comment peut-il s’aventurer sur un terrain aussi glissant quand il sait pertinemment que, malgré mon silence, j’ai continué de vaquer à mes occupations habituelles… C’est pathétique », a-t-il laissé entendre.
Boni Yayi jugé responsable de la disqualification
En conclusion, Michel Sodjinou a ciblé directement le président Boni Yayi comme l’unique responsable de l’échec électoral du parti. Il assure avoir indiqué par écrit qu’il restait ouvert à accorder son parrainage, à condition qu’une solution de consensus respectueuse des règles internes et du bon sens soit trouvée. Face à l’ultimatum et au maintien, selon lui, de l’imposition de Renaud Agbodjo, il conclut que le président Boni Yayi a préféré sacrifier le parti et sa participation aux élections sur l’autel de ses ambitions. « C’est donc le président Boni Yayi, en réalité, qui est responsable à part entière de la disqualification du Parti des Démocrates à l’élection présidentielle par défaut de parrainage », a-t-il déclaré, ajoutant avec colère : « Je suis en colère, profondément en colère. Cette politique menée par le président Boni Yayi est d’un autre âge. Il est temps de faire la politique autrement », a conclu le député frondeur.
J.G





