Ils s’étaient réunis autour du parti Les Démocrates pour parler d’une même voix, la voix de l’Opposition face au régime Talon. Mais à l’heure des accords pour une coalition parlementaire et de gouvernance, c’est plutôt la débandade qui s’observe au sein du Cadre de concertation de l’Opposition.

Que devient aujourd’hui le Cadre de concertation de l’Opposition ? Le principal parti d’Opposition peut-il compter sur ce cadre pour nouer des accords de coalition parlementaire et de gouvernance dans le cadre des échéances de 2026 ? Bien malin qui pourra répondre à cette question. Pour l’heure, seul le parti Grande solidarité républicaine (GSR) d’Antoine Guédou Vissétogbé continue de jouer franc jeu. Le premier à mettre en péril ce cadre, c’est Daniel Edah qui, à la surprise de tous, a annoncé sa candidature, alors que cela n’a pas fait objet de débat au sein de ce regroupement. Après plusieurs absences sous prétexte de séjour à l’étranger, Daniel Edah invite un jour les membres du Cadre à le suivre sur sa page Facebook. C’est là qu’ils découvrent avec stupéfaction qu’il s’agissait d’une déclaration de candidature à la Présidentielle de 2026. Un acte purement solitaire qui ne peut qu’éroder la confiance des autres à l’égard du président du mouvement « Nous le ferons ».

L’autre acte est venu du parti Nouvelle Force Nationale (NFN). Après son arrestation et sa libération, le président du parti, Wilfrid Apollinaire Avognon adopte désormais une posture étrange. Il se fait le porte étendard d’une troisième voix et prône désormais ni Talon, ni Yayi. Pire, la NFN s’est lancée dans une campagne d’attaques virulentes, visant l’ancien président Boni Yayi et d’autres forces de l’opposition, semant division et confusion.

Le tout dernier acte, c’est la démission du Mouvement populaire de libération, (Mpl) de Expérience Tebe. Evidemment, ce dernier prétexte des écarts de conduite des autres pour justifier sa démission. A cela, il ajoute des objectifs non atteints. « Les objectifs clés n’ont pas été atteints. On n’a pas réussi à obtenir les rapports du résultat de l’audit du fichier électoral » justifie Expérience Tebe. L’autre objectif non atteint, à ses dires, c’est le manque de cohésion, d’union et d’ingéniosité pour organiser l’opposition en deux blocs forts, pour partir à égalité à 10 % par accord de gouvernance pour les législatives, au même titre que les deux partis de la Mouvance. Et il impute cela au parti Les Démocrates. Si même, c’est le cas, cela vaut-il la peine de claquer la porte, au moment où les Béninois craignent un complot en gestation pour rééditer en 2026 le Parlement monocolore de triste mémoire ?

La thèse d’une main invisible

Tous ces dysfonctionnements, ces écarts de conduite, ces démissions qui plombent la cohésion au sein du Cadre de concertation de l’Opposition et mettent en mal la volonté, exprimée au départ, de rester ensemble pour contrer les velléités de confiscation du pouvoir par le camp d’en face, amènent à poser une seule question, a qui cela profite ? Où vont la Nfn, le Mpl ou encore le mouvement « Nous le ferons » en posant des actes qui ébranlent l’Opposition ? Parce que ce qui est en jeu ici, c’est tout faire pour éviter un autre Parlement monocolore en 2026. Si à défaut d’accord de coalition parlementaire et de gouvernance, le parti Les Démocrates se retrouve seul à affronter ces élections, le risque est grand qu’il n’arrive pas à franchir la barre de 20% par circonscription électorale. C’est même quasi impossible, d’autant plus qu’aucun parti ne l’a fait par le passé. Même si les autres partis réunis au sein du Cadre de concertation de l’Opposition n’ont pas un réel poids politique, un accord avec eux allait permettre au plus grand parti de l’Opposition d’aller au moins à ces élections sur le même pied d’égalité que les partis de la Mouvance, à savoir l’Upr, le Br et maintenant la Fcbe, tout sachant qu’il va batailler dur pour lever des sièges dans toutes les circonscriptions électorales. Mais avec ce qui s’observe aujourd’hui, venant de ses alliés du Cadre de concertation, c’est l’incertitude totale. Et cela ressemble à un complot savamment orchestré à une fin bien précise. Pour l’heure, le parti Les Démocrates ne peut compter que sur le Gsr. Et si Antoine Guédou Vissétogbé aussi se défile, on aura tous à subir un autre Parlement monocolore en 2026. Tout ceci à quelle fin ?

M.M

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