Vendredi 15 Août 2025. Une beachparty à la plage de Togbin (Cotonou) peut bien se transformer en un grand moment de reportage. Quand poissons frais et lien social s’amourachent, la pêche artisanale béninoise devient le cœur des communautés côtières…

Sur le littoral, chaque filet déposé sur le sable devient le point de convergence entre la mer et le marché, où pêcheurs et commerçantes tissent ensemble le quotidien de leurs communautés. La scène était saisissante ce jour-là. Les pêcheurs, après de longues heures en mer, tirent leurs filets remplis de sardines argentées et d’autres variétés de poissons frétillants.  Il y en avait de petite, moyenne et grande tailles. «Nous y étions depuis 7h du matin», confie l’un d’eux. Tête baissée, contemplant la masse de poissons que leur grand filet bleu a su prendre à son piege, il n’est pas pour autant satisfait de la moisson. «Ça, ce n’est encore rien par rapport aux autres jours de pêche», lâche-t-il en langue maternelle en réponse à une profane impressionnée par la quantité et surtout la diversité des alevins. En connaisseur bon teint, il ne tardera pas non plus à dérouler, avec entrain, un cours sur la différence entre les poissons de mer et ceux du lac.

Autour des pêcheurs aux environs de 14h, l’animation bat son plein : des commerçantes, bassines en main, se pressent pour acquérir la marchandise encore humide d’eau salée. En réalité, elles étaient déjà là. Attendant patiemment. Le marché se crée ainsi instantanément, directement sur le sable, au rythme des négociations et des éclats de voix. Cette proximité entre la mer et le commerce offre un avantage indéniable aux populations riveraines : accéder à un poisson d’une fraîcheur incomparable, sans intermédiaires. Mais au-delà de la transaction économique, ces rencontres traduisent un véritable moment de vie communautaire. Les pêcheurs apportent leur savoir-faire, les commerçantes assurent la distribution dans les ménages, tandis que les jeunes et les curieux participent par leur présence et leur énergie.

La pêche artisanale au Bénin, avec ses 125 km de littoral exploitable, représente une production annuelle d’environ 90 000 tonnes, confirmant son poids dans l’économie nationale. Elle demeure un pilier vital de la vie locale, car elle nourrit, elle emploie, et elle renforce le lien social entre la mer et ceux qui en vivent. Plus qu’une activité, elle incarne un patrimoine vivant et une dynamique collective qui perdure au fil des générations. Au Bénin, la pêche artisanale est bien plus qu’une simple activité économique : elle contribue à environ 3 % du PIB national, soutient plus de 600 000 emplois, représente 15 % de la population active et assure près de 30 % des apports en protéines animales pour les ménages.

Et, telle qu’elle se vit sur nos côtes, la pêche artisanale n’est pas seulement une question de survie ou de revenus. Elle est un trait d’union entre la mer et la terre, entre le travail et la solidarité, entre tradition et modernité. Préserver ce secteur, c’est non seulement protéger des milliers de familles, mais aussi sauvegarder une part essentielle de l’identité nationale.

Fifonsi Cyrience KOUGNANDE

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