À l’aube de l’élection présidentielle de 2026, le Bénin s’apprête à écrire une nouvelle page de son histoire démocratique. Mais cette élection ne peut être une simple compétition de promesses économiques ou d’objectifs chiffrés. Elle doit être, avant tout, un moment de vérité sur la place réelle des droits humains dans la gouvernance de notre pays. Libertés individuelles, justice équitable, inclusion des minorités, participation citoyenne, fin des discriminations : ces enjeux ne peuvent pas rester à la marge des débats. Ils sont au fondement de toute société juste et durable.
Dans une société démocratique, les droits humains ne se marchandent pas, ne se suspendent pas, ne se bradent pas. Ils s’appliquent à tous, sans distinction, sans condition, sans délai. Au Bénin, pays de traditions républicaines, ces principes sont inscrits dans la Constitution. Mais entre les textes et la réalité vécue par les citoyens, un écart persiste.
À l’approche des échéances électorales, les candidats à la magistrature suprême doivent prendre un engagement clair : faire des droits humains et des libertés fondamentales le cœur de leur projet politique. « Chaque Béninois mérite dignité, respect et liberté » : ce n’est pas une promesse de campagne, c’est un devoir républicain.
Protéger les minorités, combattre les discriminations
Qu’elles soient ethniques, religieuses, sexuelles, ou liées au handicap, les discriminations fragilisent le tissu national et minent la cohésion sociale. Trop souvent, les minorités sont stigmatisées, oubliées des politiques publiques, ou laissées seules face aux violences.
Le prochain gouvernement devra adopter une politique active de protection des minorités, en garantissant leur accès aux droits fondamentaux, en sanctionnant les discours de haine, et en promouvant une culture de tolérance et de respect de la diversité.
Respecter les droits civils et politiques
Les droits civils et politiques – liberté d’expression, de manifestation, de réunion, droit de vote, droit à la vie privée – sont les piliers de toute démocratie digne de ce nom. Pourtant, des citoyens, des journalistes, des opposants vivent encore des discriminations.
Un État fort n’a rien à craindre de ses critiques. Bien au contraire. Il doit garantir que chaque voix puisse s’exprimer librement, que les médias soient indépendants, que la participation politique ne soit pas réservée à une élite protégée. Sans libertés publiques, il n’y a pas de République.
Une justice égale pour tous
L’accès à la justice ne doit pas dépendre de son statut, de sa richesse ou de ses relations. Or, les inégalités devant la justice demeurent criantes. Détentions préventives, procédures interminables, défenseurs des droits entravés : les plus vulnérables paient le prix fort d’un système souvent lent et inégalitaire.
Garantir un accès équitable à la justice, c’est former davantage de magistrats, renforcer l’aide juridictionnelle pour les plus pauvres, et éviter ingérences politiques dans les décisions judiciaires. Une vraie démocratie est celle où la loi protège, au lieu d’opprimer.
Une réconciliation nationale sincère : pour tourner la page sans l’oublier
Ces dernières années, le climat politique s’est durci, laissant des blessures profondes dans la société. L’exil de certains acteurs politiques, les arrestations contestées, les tensions communautaires ou partisanes ont fragilisé l’unité nationale.
Le moment est venu de poser les bases d’une réconciliation nationale sincère, inclusive et apaisée. Pas une réconciliation de façade, mais un processus construit autour de la vérité, du dialogue et du pardon. Car aucun développement n’est possible sans paix, et aucune paix durable sans justice.
Chers candidats, chères candidates, le respect des droits humains n’est pas un détail dans votre programme : c’est la pierre angulaire de toute société digne, juste et stable. Le peuple béninois attend de vous des engagements clairs, des actes concrets, et une vision humaniste du pouvoir.
Chaque Béninois, où qu’il vive, qui qu’il soit, mérite dignité, respect et liberté. C’est à cette promesse que devra se mesurer votre mandat.
Thomas AZANMASSO