Le port du casque est obligatoire au Bénin. Pourtant, la mesure est appliquée de façon inégale selon les localités. Tandis qu’à Cotonou, capitale économique, les forces de l’ordre traquent sans relâche les contrevenants, à Lokossa, chef-lieu du département du Mono, l’obligation semble parfois être reléguée au second plan.

Le port du casque est une obligation légale pour tout conducteur et passager d’un deux-roues motorisé au Bénin. En 2011, un arrêté préfectoral est venu réaffirmer la mesure dans les départements de l’Atlantique et du Littoral. En novembre 2022, la Police républicaine a lancé une vaste campagne de répression, intensifiée à partir de mars 2024, visant le non-port du casque mais aussi d’autres infractions routières. Face aux abus constatés, notamment des violences policières, le gouvernement a ramené le 24 avril 2024 l’amende pour défaut de port de casque de 10 000 à 5 000 francs CFA, tout en insistant sur la nécessité d’un comportement plus professionnel des agents de contrôle.

Cotonou, capitale de la répression

 

Dans la capitale économique, la mesure est appliquée avec rigueur. Dès les premières vagues de répression, des milliers de motocyclistes ont été interpellés. Les motos sont saisies et envoyées à la fourrière. Parallèlement, la forte demande a provoqué une flambée des prix des casques, passés de 5 000  F Cfa à parfois 15 000 F Cfa sur le marché. Mais le plus préoccupant reste la violence qui entoure les répressions. Des témoignages font état de policiers brutalisant des usagers. Des incidents graves ont également marqué l’actualité.

Lokossa, une réalité différente

 

Seulement, à quelques kilomètres de Cotonou, à Lokossa précisément, la situation semble bien différente. Dans cette ville moyenne du Mono, le port du casque est loin d’être une habitude. Les opérations de contrôle existent, mais elles sont sporadiques. Dans les rues de Lokossa, il n’est pas rare de croiser conducteurs et passagers sans casque, sans qu’ils soient inquiétés. Certains témoignages évoquent même des policiers préférant sensibiliser ou fermer les yeux, plutôt que d’user de la matraque comme à Cotonou.

Pour certains observateurs, plusieurs facteurs peuvent expliquer cette différence dans le traitement. D’abord, la pression démographique : Cotonou concentre la majorité du trafic routier, avec un taux d’accidents élevé, ce qui pousse à une répression ferme. Lokossa, moins dense, échappe à ce niveau de contrôle. Ensuite, la dimension économique et sociale. Enfin, le comportement des forces de l’ordre varie d’une région à une autre, certains agents privilégiant une approche pédagogique plutôt que coercitive.

Quoi qu’il en soit, le contraste est frappant : d’un côté, une capitale où les motocyclistes sont pourchassés, parfois violentés, de l’autre, une ville où l’on roule encore tête nue sans être inquiété. Or, le port du casque reste un enjeu vital. Selon les chiffres officiels, il réduit de plus de 70 % le risque de blessures mortelles en cas d’accident.

Fifonsi Cyrience KOUGNANDE

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