Quinze ans après les inondations historiques de 2010, le Bénin fait face à une réalité plus complexe et plus alarmante en matière de gestion des risques liés à la montée des eaux. Invité sur BIP Radio, Rabiou Assouma, représentant de l’Agence Béninoise de Protection Civile, a dressé un état des lieux préoccupant, mettant en lumière l’évolution rapide et imprévisible des zones à risque.
En 2010, une vaste étude avait fait cas de 35 communes sur les 77 communes du pays à haut risque d’inondation et classées en deux grandes catégories de vulnérabilité. 21 d’entre elles avaient été classées en catégorie A, c’est-à-dire à haut risque national d’inondation, et les autres en catégorie B, représentant un risque moyen de catastrophe. Parmi les communes les plus exposées figuraient alors Cotonou, Bonou, Adjohoun, Malanville, Karimama, Athiémé, Dangbo, Ouinhi, Bopa et Lokossa.
Mais cette cartographie, qui avait servi de base aux premières stratégies de prévention, ne correspond plus à la réalité actuelle. Le dérèglement climatique, combiné à l’évolution de l’urbanisation et à la pression sur les écosystèmes, a bouleversé les équilibres hydrologiques du pays.
« Nous avons aujourd’hui des communes qui ne connaissaient pas d’inondations auparavant et qui se retrouvent désormais sous les eaux », alerte Rabiou Assouma.
Des localités comme Dassa, Pèrèrè ou Nikki, autrefois classées à risque moyen, font désormais face à des inondations récurrentes. Une situation qui appelle une actualisation urgente de la carte des zones à risque, fondée sur des données récentes, des relevés historiques et une meilleure compréhension des nouveaux facteurs environnementaux.
L’Agence Béninoise de Protection Civile annonce donc la mise en œuvre prochaine d’une nouvelle étude nationale, qui permettra de réévaluer la vulnérabilité de chaque commune face aux inondations. Cette démarche vise à anticiper davantage les catastrophes, améliorer les plans d’évacuation et renforcer la résilience des communautés.
Dans un contexte de changement climatique de plus en plus marqué, le Bénin doit redoubler d’efforts pour adapter ses outils de prévention et faire face à une montée des eaux qui ne respecte plus les frontières administratives, ni les prévisions du passé.
Th.A.