À quelques mois des élections générales prévues en 2026, l’Agence nationale pour l’identification des personnes (ANIP) multiplie les initiatives pour assainir le fichier électoral. Lors d’une rencontre tenue le samedi 16 août 2025 à Cotonou avec les partis politiques et la société civile, Herbert Assogba, responsable des politiques, des partenariats et de la communication multicanale à l’Anip, a détaillé les mesures engagées pour garantir un fichier électoral plus fiable et conforme à la réalité démographique du pays.
Cette sortie de l’Anip intervient dans un climat de vigilance accrue de la part de l’opposition. Chabi Yayi, secrétaire aux relations extérieures du parti « Les Démocrates », avait récemment affirmé que près de 300 000 personnes décédées figureraient encore dans le fichier électoral. Des chiffres qu’il dit tenir d’experts ayant audité le fichier.
L’Anip, pour sa part, n’a pas confirmé ce chiffre. « En son temps, quand nous aurons des statistiques, l’Anip les communiquera », a déclaré Herbert Assogba, soulignant que le processus est toujours en cours.
Un enjeu crucial pour la crédibilité du scrutin
Alors que le Bénin se prépare à une élection générale cruciale en 2026, la fiabilité de la liste électorale demeure un enjeu fondamental pour la transparence et la crédibilité du scrutin.
L’enjeu : extirper plusieurs centaines de milliers de personnes décédées toujours inscrites sur les listes, selon des estimations non encore confirmées officiellement. L’une des premières actions de l’Anip a été d’adresser des demandes formelles aux institutions publiques telles que le ministère de la Fonction publique, la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) et le Trésor public. L’objectif : obtenir les listes de personnes déclarées décédées.
« Nous avons croisé leurs bases de données avec notre système. Nous avons pu identifier un certain nombre de personnes décédées. Celles-là, nous les avons déjà extirpées de la liste électorale », a assuré Herbert Assogba.
Partenariat avec les médias et funérariums
L’agence ne s’est pas limitée aux sources institutionnelles. Elle s’est également tournée vers la Société de radio et de télévision du Bénin (Srtb) et la chaîne privée Canal 3 Bénin, en quête de listes de décès diffusés dans les annonces nécrologiques. Ces données sont actuellement en cours de traitement et de croisement avec la base de données de l’Anip.
Du côté des funérariums, l’exercice s’est révélé plus complexe. « Malheureusement, les registres qu’ils tiennent ne nous permettent pas d’avoir des informations exhaustives pour pouvoir extirper les personnes décédées », a déploré Assogba. Pour pallier cette difficulté, l’Anip a sollicité l’appui du ministère de l’Intérieur. Résultat : un formulaire standard a été mis en place afin que les funérariums puissent désormais fournir des informations complètes et exploitables.
Opérations de proximité et actes de décès gratuits
Dans les prochains jours, l’Anip prévoit de lancer une opération de terrain au niveau des arrondissements. Des agents y seront déployés pour recueillir les informations sur les décès non déclarés. Herbert Assogba a également annoncé que des actes de décès pourraient être délivrés gratuitement lors de cette campagne.
Ces opérations se dérouleront avant la publication de la liste électorale informatisée provisoire, dont l’affichage est prévu entre le 13 et le 28 septembre 2025 dans les centres de vote.
Th.A.