La première session ordinaire de la 7ᵉ mandature du Conseil économique et social (Ces) s’est tenue à Cotonou sur fond de préoccupations économiques majeures. Face à la persistance du sentiment de cherté de la vie au sein des populations béninoises, les conseillers ont, en autosaine, choisi d’orienter leurs réflexions vers des thématiques sensibles, à travers plusieurs communications d’experts.

Plusieurs communications ont marqué cette session. Dont entre autres celle présentée par le professeur Edgard Gbinlo de la Faseg (Université d’Abomey-Calavi), portait sur « L’impact socio-économique de la cherté de la vie sur les ménages et les entreprises ». Une autre, tout aussi stratégique, a été introduite par le professeur Albert Honlonkou, directeur de l’Eneam, qui s’est penché sur « Le rôle du secteur informel dans la formation et la transmission des prix ». Dans son intervention, le professeur Honlonkou a mis en lumière le poids souvent sous-estimé du secteur informel dans la dynamique des prix sur le marché béninois. Selon lui, dans un pays ouvert comme le Bénin, les échanges ne se limitent pas aux circuits officiels. Les flux de produits transitent parfois par des voies non contrôlées par l’État, échappant ainsi aux mécanismes classiques de régulation.

« Quand l’État agit sur les prix à travers des outils formels, ces mesures touchent surtout le secteur formel, laissant une grande partie du secteur informel en marge. Cela limite l’efficacité des politiques de régulation », a-t-il souligné.

Le débat a également porté sur une interrogation centrale : y a-t-il véritablement cherté de la vie au Bénin ? Les données de l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad) indiquent en effet un taux d’inflation relativement faible, suggérant une stabilité des prix. Pourtant, sur le terrain, de nombreuses couches de la population ressentent une pression croissante sur leur pouvoir d’achat.

Pour le professeur Honlonkou, cet écart entre les chiffres officiels et la réalité perçue trouve son explication dans la manière dont l’indice des prix à la consommation (Ipc) est calculé. Il recommande une approche plus fine : « L’Ipc ne devrait pas être calculé uniquement comme un agrégat national. Il faut le mesurer mensuellement, en tenant compte des spécificités des secteurs socioprofessionnels et des zones géographiques, car le panier de la ménagère varie selon les profils », a-t-il proposé.

Ces recommandations ont trouvé un écho favorable auprès des conseillers du CES. L’instance entend désormais les porter à l’attention du gouvernement et de l’Assemblée nationale, tout en engageant des actions de sensibilisation auprès des populations.

Cette session marque ainsi une étape importante dans la volonté du CES d’analyser en profondeur les causes de la précarité économique ressentie par les citoyens, en mettant en lumière les angles morts des politiques publiques, notamment l’impact du secteur informel sur l’économie nationale.

Thomas AZANMASSO

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