Sous l’impulsion du Conseil Permanent de Revalorisation de la Culture Adja-Tado (CPRC), une conférence de presse s’est tenue à Cotonou pour annoncer le lancement des activités liées à l’édition 2025 de la fête traditionnelle « Togbui Agni », prévue pour le 23 août à Tado, au Togo. Organisée à Cotonou, cette rencontre a réuni responsables, membres du comité d’organisation, acteurs culturels et sympathisants venus nombreux soutenir la cause Adja.

Réhabiliter un patrimoine oublié

Dans une ambiance empreinte de solennité et d’engagement, les organisateurs ont mis en lumière le déclin progressif du patrimoine historique que représente le Royaume de Tado, berceau des peuples Adja, Fon, Ewe, Kotafon et bien d’autres. Théophile Edalo, Point Focal du CPRC au Bénin, entouré de  Lofa Rémi,  trésorier général adjoint ,  Victorin Dossou Sognon, je suis  deuxième vice-président du CPRC Adja Tado et Akpa Simplice, membre la commission CPRC Bénin, a exprimé sa désolation face à l’abandon du palais royal de Tado et au manque d’initiatives de sauvegarde culturelle. « Tado est un symbole identitaire majeur. Mais hélas, son rayonnement s’efface, et la fête Togbui Agni perd de sa superbe. Il est urgent de réagir », a-t-il martelé.

Togbui Agni : une figure fondatrice

Selon les traditions orales rapportées au cours de la conférence, Togbui Agni, prince Yoruba, est venu autrefois à Ezamé (ancien nom de Tado) à une époque de grande détresse. Grâce à ses connaissances traditionnelles, il sauva le village d’épidémies et de calamités, devenant ainsi son premier roi. C’est cette délivrance, acte fondateur du Royaume de Tado, qui est célébrée chaque année à travers la fête « Togbui Agni ».

Le Royaume de Tado, au faîte de sa gloire, s’étendait autrefois du sud-est du Nigeria à la Volta au Ghana, englobant des royaumes tels que Allada, Abomey, Porto-Novo et Kétou. Il reste, malgré les dislocations historiques, une référence symbolique et culturelle pour plusieurs peuples ouest-africains.

Une édition 2025 ambitieuse et inclusive

L’édition 2025 de la fête « Togbui Agni » se veut exceptionnelle, avec un programme riche et novateur. Outre les traditionnels rituels, danses, tournois de football et prières interconfessionnelles, une journée entière (22 août) sera consacrée à la communauté Adja du Bénin, en particulier celle du département du Couffo.

Cette journée débutera par une conférence-débat sur le Royaume de Tado, animée par une personnalité intellectuelle issue de la région. Elle sera suivie d’animations folkloriques, d’un concert baptisé « Togbui Agni », puis d’un match de football entre les communautés Adja du Bénin et du Togo.

Le 23 août, jour de l’apothéose, marquera la sortie solennelle du Roi de Tado, moment hautement symbolique de bénédiction du peuple.

Un appel à l’unité et au financement communautaire

Conscients des défis logistiques et financiers à relever, les organisateurs sollicitent la participation financière de la communauté Adja, tant au Bénin qu’à l’étranger. Une enveloppe de 16,4 millions de francs CFA est nécessaire pour couvrir les frais liés aux transports, à la restauration, à l’animation culturelle et à l’accueil.

Une contribution individuelle symbolique de 15 000 francs CFA est recommandée, tout en appelant au soutien de mécènes et partenaires. « Il en va de notre dignité, de notre histoire, et de notre responsabilité collective », a déclaré Victorin Dossoyon, deuxième vice-président du CPRC.

Une dynamique de renaissance culturelle

Au-delà de la fête, le CPRC œuvre pour une revalorisation durable de la culture Adja. Le mémorandum élaboré par le comité de réorganisation propose un cadre structuré pour pérenniser cette dynamique culturelle, historique et identitaire. L’objectif est clair : redonner à Tado sa place centrale dans le récit de l’Afrique de l’Ouest et restaurer un héritage que le temps et l’oubli menacent.

Comme le rappelait un intervenant lors de la conférence, en citant Alain Foucault : « Nul n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un peuple, car un peuple sans histoire est un monde sans âme. »

Thomas AZANMASSO

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