(Message du Dr Mohamed Janabi, Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique)
Le monde entier a célébré hier lundi 28 juillet 2025, la Journée mondiale contre l’hépatite 2025. Une maladie inflammatoire du foie pouvant entraîner de graves manifestations, voire un cancer. Cette maladie est la deuxième cause de décès dû à une maladie infectieuse dans le monde, avec 1,3 million de décès par an, soit autant que la tuberculose, autre maladie infectieuse, selon l’Organisation mondiale de la Santé (Oms). Aux dires du Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Oms, malgré les progrès réalisés au niveau mondial dans la prévention de l’hépatite, le nombre de décès augmente parce que trop peu de personnes reçoivent un diagnostic et bénéficient d’un traitement. Chaque jour, l’hépatite B ou C tue 3 500 personnes dans le monde. ‘’Hépatite : faisons tomber les barrières’’ est le thème retenu pour la campagne de cette année. Dans la Région africaine de l’Organisation mondiale de la Santé (Oms), aujourd’hui, plus de 70 millions de personnes vivent avec une hépatite chronique B ou C, déplore Dr Mohamed Janabi, Directeur régional de l’Oms pour l’Afrique. Lire son message à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale contre l’hépatite.
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À l’occasion de la Journée mondiale contre l’hépatite, nous portons notre attention sur une crise trop souvent négligée : le lourd tribut que continue d’imposer l’hépatite virale au continent africain. Le thème retenu pour l’édition de cette année, Hepatitis: Let’s Break It Down — que l’on pourrait traduire en français par Hépatite : faisons tomber les barrières —, nous invite à relever le défi de lever les nombreuses barrières — qu’elles soient médicales, structurelles ou sociales — qui entravent l’accès de millions de personnes aux soins essentiels dont elles ont besoin. Aujourd’hui, plus de 70 millions de personnes dans la Région africaine de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) vivent avec une hépatite chronique B ou C. Derrière chaque statistique se trouve une personne, dont l’avenir est menacé par une maladie que l’on peut prévenir et soigner. Pourtant, moins d’une personne sur 10 a été diagnostiquée ou bénéficie d’un traitement. Notre Région supporte une charge disproportionnée. Notre Région enregistre à elle seule 63 % de l’ensemble des nouvelles infections par le virus de l’hépatite B dans le monde, ce qui révèle des inégalités profondes et persistantes dans l’accès à la vaccination, au dépistage et au traitement. Beaucoup trop de personnes restent confrontées à la stigmatisation, à la désinformation et à des occasions de prévention et de soins trop tardives ou manquées.
Lorsqu’elle n’est pas maîtrisée, l’hépatite virale peut entraîner un cancer du foie, une insuffisance hépatique et même un décès prématuré ; autant de conséquences graves que nous avons le devoir et les moyens de prévenir. Nous savons que des progrès peuvent être réalisés. En 2024, la Namibie a reçu la certification de niveau argent de l’OMS pour avoir éliminé la transmission mère-enfant de l’hépatite B, rejoignant ainsi le cercle encore restreint mais en expansion des pays engagés dans des actions déterminantes. En d’autres termes, des milliers de mères ont désormais l’assurance que leur bébé commence sa vie protégée. Cela représente un rappel poignant que, grâce à l’engagement politique, à l’investissement et à l’innovation, le changement est à portée de main. Dans toute la Région, de plus en plus de pays intègrent désormais les services de lutte contre l’hépatite dans les programmes de lutte contre le VIH, ainsi que dans les soins de santé primaires et maternels. Les agents de santé communautaires disséminent des informations utiles et assurent un accompagnement auprès des familles. Les campagnes nationales continuent quant à elles de jouer un rôle clé en matière de réduction de la stigmatisation et de sensibilisation.
À l’OMS, nous sommes fiers de soutenir de telles initiatives. Nous œuvrons de concert avec les pays pour garantir un accès élargi à des tests abordables et à un traitement antiviral, pour instaurer la vaccination contre l’hépatite B dès la naissance, et pour renforcer les soins de santé primaires afin que personne ne soit laissé de côté. Toutefois, nous devons aller plus loin, et nous devons aller plus vite. Pour éliminer efficacement l’hépatite dans la Région africaine, il nous faudra : veiller à ce que la dose de naissance du vaccin contre l’hépatite B soit administrée à chaque nouveau-né, idéalement dans les 24 heures suivant la naissance ; intégrer systématiquement le dépistage et le traitement de l’hépatite dans les soins de santé primaires courants ; garantir un financement national durable afin de soutenir la mise en œuvre des plans nationaux de lutte contre l’hépatite ; combattre la stigmatisation et la désinformation en misant sur la sensibilisation du public et la participation communautaire ; et protéger les personnes vivant avec l’hépatite contre la discrimination dans les soins de santé, l’emploi et la société.
Les gouvernements ont un rôle central à jouer. Il est temps de faire de l’élimination de l’hépatite une priorité stratégique des programmes nationaux de santé, en mettant en place les politiques et les systèmes nécessaires pour dispenser des soins à grande échelle. Nous lançons aussi un appel aux partenaires internationaux afin qu’ils renforcent leur soutien, permettant ainsi à chaque pays d’accéder aux outils, aux technologies et aux traitements essentiels pour mettre un terme à cette épidémie. Cette Journée mondiale contre l’hépatite, souvenons-nous que derrière chaque chiffre se cache un nom, derrière chaque défi une opportunité et que chaque obstacle recèle un potentiel pour le changement. Nous disposons des connaissances. Nous avons les outils. Il nous faut maintenant la volonté. Ensemble, nous pouvons vaincre l’hépatite et forger un avenir plus sain et porteur d’espoir pour tous les Africains »
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