Alors que l’échéance de 2030 approche à grands pas, les Objectifs de développement durable (Odd) affichent un retard inquiétant. Si les États membres de l’Onu viennent de renouveler leur engagement, les divisions politiques et le manque de progrès concrets ternissent les espoirs d’un avenir plus durable.
Réunis au siège des Nations Unies à New York pour le Forum politique de haut niveau sur le développement durable, les États membres ont adopté une déclaration réaffirmant leur attachement à l’Agenda 2030. Le texte, fruit de deux semaines de négociations, insiste sur la volonté collective de relever les défis mondiaux à travers les 17 Odd adoptés en 2015.
« Nous réaffirmons avec force notre engagement », peut-on lire dans le document final, malgré une atmosphère marquée par les dissensions. Pour la première fois, la déclaration n’a pas été adoptée par acclamation : les États-Unis et Israël ont voté contre, tandis que le Paraguay et l’Iran se sont abstenus. Et sur les 193 pays membres de l’Onu, 35 étaient absents lors du vote.
Un cap sérieusement compromis
Le constat est alarmant. Selon le rapport du Secrétaire général des Nations Unies publié en ouverture du forum, seuls 18 % des Odd sont actuellement en bonne voie. Plus de la moitié des objectifs progressent trop lentement, et certains reculent même. Un bilan jugé « abyssal » à seulement cinq ans de l’échéance.
Cette édition 2025 du forum, organisée sous l’égide du Conseil économique et social (Ecosoc), a mis l’accent sur cinq domaines prioritaires : santé, égalité femmes-hommes, emploi décent, protection des océans et partenariats internationaux. Mais deux problématiques transversales ont dominé les discussions : la pauvreté persistante et le dérèglement climatique, qui ralentissent l’ensemble des efforts.
Le texte rappelle que la paix, la sécurité et le développement durable sont étroitement liés, comme le souligne l’objectif 16 dédié à la gouvernance.
À l’heure où les tensions géopolitiques fragilisent le multilatéralisme, l’Onu, qui célèbre cette année ses 80 ans, tente de maintenir le cap. Junhua Li, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a salué la déclaration comme une « puissante réaffirmation de la détermination multilatérale ».
Le compte à rebours continue
Si la déclaration se veut rassurante et empreinte d’optimisme – « Nous agirons avec urgence […] sans laisser personne de côté » – les obstacles restent nombreux : désaccords politiques, financement insuffisant, pressions économiques et sociales.
À cinq ans de l’échéance fixée par l’Agenda 2030, le temps presse. Et sans un sursaut politique et financier de grande ampleur, les ambitions de durabilité pourraient bien rester lettre morte.
Thomas AZANMASSO