C’est dans la commune populaire d’Abobo à Abidjan, en Côte d’Ivoire, que se trouve le Musée des cultures contemporaines Adama Toungara (le MuCAT). Il accueille, depuis le 21 juin, une exposition prévue pour durer cinq mois, celle de « La grande Histoire des Éléphants » qui parle moins de l’animal à trompe que de l’équipe nationale de football.
Des tableaux, des sculptures, des photographies et même une paire de lekkes, ces chaussures bon marché utilisées par la population d’Abidjan pour jouer au football… Le fil rouge de l’exposition – explique la directrice du MuCAT, Tamandra Geny – est la polysémie du mot « éléphant » qui est à la fois l’animal-symbole de la Côte d’Ivoire et le nom de son équipe de football.
« Je suis parti tout simplement du constat qu’en 1960, le 7 avril, est créée la Fédération ivoirienne de football, c’est-à-dire que la Fédération ivoirienne de football est la grande sœur de la République de Côte d’Ivoire, indépendante le 7 août 1960. De fil en aiguille, j’ai fait plein de parallèles entre les dates-clé du foot et les dates-clé de l’Histoire de la Côte d’Ivoire », ajoute-t-elle.
Le visiteur suit un parcours chronologique et thématique qui retrace, en parallèle, l’histoire du football ivoirien et celle de la Côte d’Ivoire, depuis son indépendance jusqu’à la victoire des Eléphants, à la Coupe d’Afrique des nations, sur leur sol, l’an dernier, après avoir frôlé l’élimination… Ce fut un moment d’unité nationale auquel a rendu hommage l’artiste plasticien Guého, avec une série de portraits en liesse intitulée « L’Apothéose » et des portraits tissés à partir de chutes de sacs plastiques.
« Il y a eu la récupération avec les éléphants. Toute la nation était désespérée avec l’échec que nous avons connu avec la Guinée Équatoriale. Nous avons été recyclés, nous avons été réintégrés et ainsi de suite. Nous avons pris la Coupe. Du coup, j’ai utilisé cela aussi dans mes œuvres parce qu’il y a eu un recyclage. Pour le moment, je fais aussi du recyclage et récupère dans les décharges. »
« Là où le politique échoue, c’est le footballeur qui réussit »
Dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, le ballon rond a été à la fois un vecteur d’union politique, à l’intérieur, et de soft power, à l’extérieur. C’est ce qu’explique l’écrivain et journaliste Michel Alexandre Kipré, spécialisé dans l’histoire du football ivoirien, joint par RFI.
« Lorsqu’ils s’en vont, on propose aux joueurs ivoiriens de les naturaliser rapidement. Ils deviennent français pour la plupart. Ça devient des ambassadeurs et puis des diplomates. Souvent, les footballeurs sont utilisés pour faciliter les rapports. Là où le politique échoue, c’est le footballeur qui réussit, parce que lorsqu’il parle à la population, il est beaucoup plus efficace que le chef de l’État. Quelqu’un comme Drogba, il a plus d’impact que l’actuel président de la Côte d’Ivoire ou même que tous les présidents de la Côte d’Ivoire.», dit-il.
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