Dans le cadre des rencontres contemporaines de Cotonou qui suivent leur cours, Thierry Fouéméné du Cameroun a tenu une rencontre d’échange avec les artistes regroupés pour l’événement. Devant une foule réunie à l’espace Chill and Grille situé dans la Haie vive, l’expert s’est prononcé sur un sujet d’actualité à savoir  » la crise identitaire dans la création de l’art plastique en Afrique et au Bénin ». Un sujet d’intérêt qui a suscité passion et engouement lors de la séance.

Venu spécialement pour les rencontres contemporaines de Cotonou depuis le Cameroun, Thierry est un des nombreux partenaires des RCC au nom de Banjul Station, la structure dirigée de main de maître par Barthelemy Toguo. Il est cinéaste, il travaille sur des thématiques qui touchent l’Afrique. À ce titre, il est invité sur les rencontres contemporaine de Cotonou, la randonnée artistique qui a rassemblé autour des arts plastiques des gloires et des artistes de la nouvelle génération. En sa qualité de panéliste, le Camerounais Thierry Fouemene était appelé à partager un moment d’expérience au sujet de l’influence qu’on observe dans la création des œuvres contemporaines dans le rang des jeunes. « Cette année, nous avons la possibilité de parler un peu de l’art de façon globale en tant qu’espères associées. Vous savez, l’art et la société, c’est deux choses. Mais ils ne sont pas différents. L’un reflète l’autre et vice versa. Mais l’un donne plus de valeur à l’autre. C’est l’art. L’art sans la société serait une société morte. Et nous avons la chance de faire partie de cette corporation qui brille. Et c’est pour donner plus de lumière à l’art contemporain dans notre société que nous avons inventé les rencontres contemporaines. Et nous sommes très heureux ce soir de pouvoir nous identifier autrement avec Thierry, rentrer dans cette discussion en matière de crise identitaire, surtout dans notre milieu contemporain. Si on devait rester qu’au Bénin, ça aurait été dommage. Il a voulu l’ouvrir complètement à l’Afrique » mentionne Christelle Gbaguidi, le directeur de la galerie Art Vagabond et délégué général des rencontres, lors de la séance pour planter le décor. « Je suis Thierry Fournier, artiste. Par ailleurs, médiateur artistique et médiateur-conseil auprès de M. Barthélémy Toguo et de son centre d’art Bandung Station, qui est un centre d’art contemporain situé au Cameroun, dans la partie de l’ouest de Cameroun. Voilà. Avec cette casquette de médiateur et conseil auprès de ce centre d’art, où par ailleurs, avec lui, nous administrons des projets que nous recevons au centre d’art et des partenariats internationaux comme le point, comme les rencontres contemporaines, j’ai donc eu le privilège, comme ça, avec lui, et dans ce réseau-là, d’être jury sur plusieurs événements, sur plusieurs projets artistiques d’horizons divers, de plusieurs disciplines. Et je découvre avec peine que l’environnement de l’art, de manière générale, est gangrené par quelque chose, par, j’en dis, une forme de tendance, une forme d’influence accentuée par les réseaux sociaux et le reste. Et il se trouve que quand j’ai regardé ça de près, j’ai fait un flash-back sur mon parcours, et je me suis souvenu de ce qu’il y a plusieurs années, et pratiquement en 2008, j’ouvrais déjà à Douala pour pallier un problème d’espace culturel pour les jeunes artistes, un espace culturel que j’appelais le Café Théâtre du Nord. À l’époque, j’étais un peu choqué, comme tous les jeunes artistes, en me rendant à l’Institut français, qui était le seul espace qui faisait des programmations, de voir plein d’artistes ne pas pouvoir rester, ou bien être diffusés, ou tout au moins être reçus. Je m’étais alors décidé d’ouvrir un Café Théâtre, qui était une plateforme d’expression pour les artistes d’horizons divers. J’y faisais de la musique, j’y faisais du théâtre, j’y programmais de la danse, j’y programmais la contemporaine, parce que je faisais des expositions, là je parle de 2008 jusqu’en 2010. C’est une expérience, c’est une période où j’étais en contact avec des jeunes artistes et où je pouvais toucher du doigt la qualité de l’émulation qu’il y avait dans le milieu artistique. Mais à ce moment particulièrement, contrairement à aujourd’hui, je pouvais décider très clairement que des artistes qui arrivaient, avaient des projets, avaient des visions, et travaillaient sur des projets plutôt sérieux. De cette date à ce jour, pas mal d’artistes sont passés dans cet espace. Ce sont des artistes très connus sur la scène internationale. Mais quand je passe, cette génération et je reviens sur la génération actuelle, je découvre avec un peu d’orgueil, aussi bien dans la musique, le théâtre, la danse, le cinéma et le reste, que malheureusement il y a un problème. Je réalise qu’alors même que les réseaux sociaux sont censés aider à démocratiser les connaissances dans le milieu de l’art et tout ce qui va avec, je découvre que contrairement à ce qu’on serait attendu, la nouvelle génération est un peu influencée ou se laisse influencer très souvent.  Très talentueuse, mais sous le coup de la tendance du marché, se laisse très vite influencée. Et on voit un peu de carrières se déployer comme des événements qui se font et se défont tout de suite, au lieu de s’installer. Et donc c’est fort de cela que je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. Alors depuis bientôt 5 ans au Cameroun, avec l’Institut français, j’ai été missionnaire pour accompagner des résidences croisées à Banjoun Station entre artistes qui venaient d’ailleurs et les artistes camerounais » souligne le panéliste pour poser l’état des lieux au sujet du fonctionnement de l’univers artistique en Afrique. Ainsi retracé, le paneliste suggère que l’art contemporain africain soit réorienté vers nos valeurs et richesses culturelles. C’est le seul gage pour les artistes africains de s’imposer sur le marché artistique mondial. Un avis épousé par les participants de la soirée d’échange.

Teddy GANGDIGBE

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