Après neuf mois de compétition, la Celtiis Ligue Pro, saison 2024-2025 a connu son épilogue, ce mercredi 18 Juin 2025 au stade Omnisports de Grand Popo avec la consécration de Dadjè FC comme le nouveau roi du football béninois. Dans un entretien exclusif à nous accordé par Yaya Koné, capitaine du navire technique des champions du Bénin, Dadjè FC, nous faisons une incursion dans les coulisses ayant conduit le club d’Aplahoué à cette prouesse. Le technicien ivoirien n’a pas occulté de faire  des projections sur l’avenir. Lire l’intégralité de l’interview.

Matin Libre : Champion du Bénin au terme d’une saison longue et éprouvante, quel sentiment vous anime actuellement ?

Yaya Koné : «  Simplement je dirais un sentiment de joie, le sentiment d’avoir accompli la mission, parce qu’à notre arrivée, l’objectif qui nous était assigné par la SONEB Sport à travers sa directrice, Mme Eudia Koussihouèdé, c’était effectivement de décrocher le titre de champion et de ramener Dadjè FC sur la scène africaine. Et pour cela, tous, nous nous sommes mis sérieusement au travail. C’est un travail quotidien, un travail de chaque jour, un travail de chacun, un travail de chaque minute, un travail de chaque seconde, pour pouvoir donc bâtir une équipe, pour pouvoir relever le défi, parce que le défi n’était pas gagné d’avance. Quand on sait qu’on était logé dans la poule A, une poule très difficile, où on avait, nous, à chaque sortie, à parcourir plus de 500, 600, 700 kilomètres, pour aller chez l’adversaire, et croyez-moi, les équipes au nord sont difficiles à manipuler, à manœuvrer, et nous nous sommes frottés à cette adversité très dure dans le nord. Mais à chaque fois, mes garçons, mes joueurs ont pu trouver la source, l’énergie nécessaire pour pouvoir sortir avec un résultat positif et pour cette finale du mercredi dernier, encore, voilà, c’était pour nous le moment ultime, où il fallait tout donner, où il fallait se lâcher, où il fallait tout de suite prendre le taureau par les cornes, il fallait tout de suite chercher à devancer l’adversaire au score, et après, à pouvoir gérer et c’est ce que nous avons réussi à faire. Bravo également au PCA de la SONEB, bravo à la DGS Madame Eudia Koussihouèdé. Je n’oublie pas son bureau et à ses collaborateurs qui ont fait mains et pieds, malgré les difficultés, à pouvoir nous donner les moyens qu’il faut au plan sportif, pour que nous puissions atteindre cet objectif. Je les envoie mes félicitations. Donc, c’est un sentiment de joie qui nous anime fort souvent. »

Au poste depuis dix mois, qu’est-ce que Yaya Koné a apporté à Dadjè FC pour ce changement de cap du club ?

« La tradition du jeu de Dadjè FC repose essentiellement sur la possession de balle. Tout le monde le sait, Dadjè FC est réputée pour sa possession de balle. À notre arrivée, il nous a fallu apporter un peu plus de verticalité dans ce jeu de possession et arriver à mieux gérer les phases de transition défensive. Parce qu’à ce niveau-là, il y avait des insuffisances surtout, arriver à mettre en place une défense un peu plus solide. Mais pour nous, le chantier le plus important était véritablement de donner une arme offensive à cette équipe de Dadjè FC donc, nous avons dû passer le plus grand de nos temps à travailler les phases du progressé-déséquilibré et du déséquilibré-fini.  Essayer de travailler un peu dans l’orientation du jeu vers l’avant. Développer ce jeu vers l’avant, ce football vers l’avant. Voilà un peu tactiquement ce que nous avons pu apporter à cette équipe. Aussi, sur le plan mental, nous avons dû travailler à donner à nos joueurs un mental de concurrent, un mental de guerrier et à développer l’agressivité de l’équipe, une agressivité saine, bien entendue, autant de valeurs, et de qualités que le staff a travaillé pour pouvoir amener l’équipe à être beaucoup plus compétitive, à être beaucoup plus efficace dans ses différentes phases de jeu. D’ailleurs, cela se constate au niveau du nombre de buts que nous avons marqués. Nous avons la meilleure attaque. Donc c’est dit que nous avons mis véritablement un point d’honneur à travailler cette phase du jeu, cette phase de déséquilibré-fini, essayer de travailler sur certains principes d’action, sur certaines règles d’action, qui sont par exemple le jeu dans l’intervalle, les dernières passes, le jeu combiné et surtout la création du surnom dans les 30 derniers mètres. Je pense que les enfants ont été à l’écoute, ils ont été attentifs, ils ont accepté le plan de travail et évidemment, ils sont récompensés pour leurs efforts. »

« Les ressources financières comptent beaucoup au football. »

Séduire par le projet sportif, c’est le motif principal qui a pesé dans la balance pour votre choix sur Dadjè FC aviez-vous dit le 1er Août dernier lors de votre prise de fonction, Quel est le facteur X dans ce projet ?

« Oui, c’est dû par le projet sportif, mais aussi par le projet de jeu comme je l’ai dit tout à l’heure, c’est d’abord le projet sportif, parce que lorsque nous avons vu cette équipe jouer lors de la saison écoulée, nous avons vu que du point de vue du style de jeu, c’est d’abord le style de jeu qui nous a accrochés. Nous nous sommes dit que le style de jeu produit par Dadjè FC était très proche de ce que nous souhaitons c’est-à-dire voir une équipe jouer en matière de style de jeu. C’est aussi d’abord ce projet sportif qui nous a accrochés le premier et ensuite du projet sportif qui est intelligent, il a ce que la DGS, Mme Eudia Koussihouèdé a eu à développer à ma présence. C’était qu’elle voulait faire de SONEB Dadjè FC une équipe phare véritablement du Bénin, une équipe qui va jouer les premiers rôles chaque année. Ceci nous allait bien, parce que nous-mêmes étant des compétiteurs, étant très ambitieux dans ce que nous faisons. Alors ça nous collait de rejoindre cette équipe ambitieuse, de pouvoir travailler à pouvoir élever le niveau de football béninois.  C’est ce que nous avons essayé de faire durant toute cette saison. Le projet sportif, à court terme, que nous était demandé, c’était de déterminer Africain, voilà aujourd’hui, nous terminons non seulement comme Africains, mais nous décrochons le titre de champions. Et quand on sait que l’année passée, l’équipe a terminé vice-champion, donc c’est vraiment dans une suite logique des choses qu’aujourd’hui le club termine champion du Bénin. C’est tout un travail, c’est tout un processus qui a commencé depuis et aujourd’hui, c’est l’apothéose. On ne peut que saluer le courage et le travail de tout un chacun. Comme je l’ai dit, c’est un processus, c’est un travail qui aujourd’hui se voit payer. »

Après la coupe CAF, la saison dernière, c’est la League des Champions, un cran de plus, cette année, quel est le plan de préparation de Dadjè FC ?

 « Nous accédons à la Ligue des champions et pour tout dire, effectivement, c’est un cran au-dessus. Cela va demander beaucoup de travail de s’y prendre très tôt. Cela va demander beaucoup de rigueur, beaucoup de professionnalisme. Et si nous voulons faire une bonne représentation du Bénin, cela va demander qu’à tous les niveaux, tout le monde s’y mette à l’ouvrage et qu’on puisse donner moins de place à l’improvisation et qu’on puisse vraiment tout planifier. Parce que c’est ça le football de haut niveau.

Le football de haut niveau, c’est la planification, c’est la programmation, il faut être méticuleux, il faut être réglé, il faut être dans les détails. Il ne faut rien négliger. À ces niveaux, ça ne pardonne pas. Oui, aujourd’hui, on est champions. C’est bien beau de le dire, on est tous contents, tout le monde est content. Mais voilà, le plus dur arrive et pour se faciliter les choses. Il va falloir vraiment mettre tous les moyens à la disposition du staff technique, à la disposition des joueurs, pour que le travail puisse se faire. Nous avons la foi, nous avons la confiance et la certitude que, voilà, si les moyens sont mis et que les conditions, les véritables sont mises en place et que nous baignons dans une atmosphère professionnelle, je peux vous rassurer que nous allons valablement représenter le Bénin. Quand on tire les expériences de la dernière campagne africaine en Coupe CAF, où notre déplacement au Maroc n’avait pas été bien agencé, on a vu tout de suite qu’on a payé cash parce que quitter la veille d’un match, si important pour aller jouer. Vraiment, ce n’était pas bien planifié. Mais il était dû à pas mal de contraintes financières, il faut le dire. Je pense qu’il aurait été mieux que le groupe puisse quitter très tôt, pour se rendre au Maroc, pour pouvoir s’adapter, s’acclimater, voilà, autant de choses qui sont des détails très importants. Bien récupérés avant la rencontre, ce qu’on n’a pas eu contre le Berkane. Il urge de tirer les leçons du passé, il faut qu’on soit un peu plus sérieux et plus professionnel que ça. Berkane qui nous a sortis également a décroché son premier titre de champion du Maroc et je dirais comme par réciprocité Dadjè FC aussi vient de décrocher son premier titre de champion. Peut-être que nous nous reverrons en champions League, qui sait? Mais au fait, il va falloir qu’on se mette sérieusement au travail, parce que là-bas, on va croiser des équipes qui ont de très gros budgets, et croyez-moi, les ressources financières, ça compte beaucoup au football. »

« Le public sportif Adja est très sacré pour nous et nous ferons tout pour qu’il soit satisfait. »

Vous seriez en fin de contrat en Juillet prochain, est-ce que votre employeur, Soneb-Dadjè FC vous a déjà proposé une prorogation de l’aventure ?

« Là-dessus, tout ce que je peux vous dire, pour le moment, je suis effectivement en fin de contrat, comme vous l’avez dit. C’est juste, je suis en fin de contrat. »

Un mot sur le public sportif béninois et en particulier celui de la communauté Adja

‘Oui, mon mot pour le public sportif béninois, c’est que je veux vraiment remercier ce magnifique public qui, une fois de plus, attache une importance au football local, ce qui n’est pas forcément le cas ailleurs. On peut voir à Aplahoué, le stade tout le week-end archi-comble, voir les supporters qui font le déplacement venir soutenir leur équipe. Cette faveur autour du sport, pour moi, est un très bon indicateur de la santé et de la croissance économique d’un pays. Je ne peux que féliciter le public sportif béninois et en particulier le public sportif Adja, nos fans, nos supporters, les supporters d’Adja, les courageux et valeureux supporters d’Adja, qui sont vraiment simplement des passionnés du football, qui sont prêts à braver tous les obstacles pour venir soutenir leur club de cœur. On les a récemment vus le samedi bravé la pluie, malgré la pluie, ils sont venus en nombre pour soutenir, pour nous soutenir. Vraiment, je voudrais aussi profiter de votre canal, une fois de plus, pour traduire toute ma reconnaissance et tout mon respect envers ce public Adja qui est vraiment un mordu du football puriste. Je voudrais leur dire que la lutte continue, la bataille continue. Nous allons essayer à chaque fois de leur faire plaisir, de donner le meilleur de nous-mêmes, afin de dignement représenter le Mono-Couffo. C’est pour nous un sacerdoce, c’est très important, c’est tout simplement sacré pour nous. Ce public est très sacré pour nous et nous ferons tout pour qu’il soit satisfait. »

Votre mot de fin pour conclure cet entretien

« C’est pour une fois de plus un mot de remerciement à tout le public sportif béninois. Merci pour tout ce qu’il ait fait pour le sport et en particulier le football. Tous les grands investissements dans les infrastructures pour amener le football béninois au haut niveau. Tous ces efforts ne doivent pas rester vains. Je pense que très bientôt, le Bénin va commencer à récolter les fruits de cet investissement dans le football. Nous, à Dadjè FC, on essaiera d’arriver à dignement représenter le football béninois, à faire respecter le football béninois encore un peu plus sur le continent. Cela va passer bien évidemment par l’investissement de tout un chacun. Je vous remercie. »

 Jeraud LANGANFIN GLELE

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