À l’occasion du 16 juin, Journée internationale des travailleurs domestiques, hommage à celles et ceux dont le travail fait tenir nos foyers, mais qui restent encore trop souvent à la marge.
haque matin à Cotonou, avant que la ville ne s’éveille, Mélanie Z., est déjà debout. Depuis 13 ans, elle veille sur les enfants d’autres personnes, cuisine, lave, nettoie. Elle connaît les goûts du petit dernier, les horaires du collège, les allergies de chacun. Et pourtant, on l’appelle juste “la bonne”, jamais par son vrai nom. « Le travail domestique est un vrai métier. On mérite d’avoir les mêmes droits que les autres. Une retraite, de la sécurité, du respect. », Mélanie Z., travailleuse domestique, 51 ans. Mélanie n’est pas seule. À ses côtés, Pierrette Videgla donne de la voix à des milliers d’autres. Présidente du Réseau national des travailleurs domestiques, elle porte une parole forte : celle des « piliers invisibles des foyers ». « Elles sont les mains, les jambes, la présence discrète qui fait tourner la maison. Et pourtant, elles restent effacées, comme si le travail qu’elles font n’avait pas de valeur. »
TRADOM : un projet pour faire bouger les lignes
C’est pour briser ce silence que l’OIT a lancé TRADOM. Travail domestique décent au Bénin, une initiative inédite, s’appuyant sur un constat clair : 98 % des travailleurs domestiques sont en emploi informel, sans contrat ni protection sociale. À Cotonou, ville pilote, l’initiative agit à plusieurs niveaux, notamment : écouter d’abord : des enquêtes, des récits, des diagnostics pour comprendre la situation, réformer ensuite : les lois, les règlements, les systèmes de suivi des travailleurs domestiques, sous le leadership du Gouvernement du Bénin, pour concrétiser les droits de ces travailleurs souvent oubliés, renforcer enfin : les compétences professionnelles, les capacités syndicales, les services d’inspection du travail et surtout, sensibiliser l’opinion publique, les employeurs, les travailleurs et redonner une voix : à Mélanie et à toutes celles qui sont invisibilisées.
Un enjeu de justice sociale
TRADOM ne fait pas que reconnaître un métier, mais plutôt des vies en défendant l’idée que prendre soin des autres est un travail digne, exigeant, et structurant pour l’économie. « Quand une travailleuse domestique nettoie une maison, elle ne fait pas que balayer le sol. Elle permet à une femme d’aller au travail, à un enfant d’aller à l’école, à une famille de respirer. » explique Pierrette.
Vers un changement durable
=« TRADOM est un signal. Un signal pour les employeurs, pour les décideurs, pour les citoyens : ratifier la Convention n°189 de l’OIT sur le travail domestique, c’est reconnaître enfin que celles et ceux qui prennent soin de nous, méritent que l’on prenne soin d’eux. Le 16 juin, ce n’est pas seulement une date. C’est un appel à changer de regard. À faire de chaque foyer un espace de respect, de justice, de dignité et de travail décent », souligne Dolores AMOUSSOUGA, Coordonnatrice nationale de TRADOM.